De nombreux adversaires politiques dénoncent les accointances de Marine Le Pen avec le pouvoir russe, dans un contexte international perturbé par la guerre en Ukraine.En campagne, la candidate du Rassemblement national tente de faire oublier une certaine proximité avec Vladimir Poutine, qui avait pourtant été autrefois mise en avant.
C'est un thème délicat pour la candidate du Rassemblement national. Alors qu'elle avait été plutôt épargnée par la question avant le premier tour de l'élection présidentielle, ses liens avec la Russie rattrapent désormais Marine Le Pen, dans la campagne de l'entre-deux-tours face à Emmanuel Macron. Certaines de ses positions passées sur le sujet ressurgissent dans le débat, à l'heure où la guerre en Ukraine continue de faire rage et à quelques jours d'un scrutin où elle pourrait accéder à la fonction présidentielle.
Une rencontre avec Vladimir Poutine en mars 2017
Car en 2017, lors de la précédente présidentielle, les relations entre Marine Le Pen et Vladimir Poutine étaient au beau fixe. En pleine campagne, celle qui était alors la candidate du Front national - l'ancien nom du Rassemblement national - avait été invitée par le dirigeant russe à Moscou pour une longue entrevue. Plutôt que de se contenter d'une poignée de main, le chef du Kremlin s'était alors dit "très heureux de voir" son interlocutrice et l'a adoubée comme une partenaire à part entière.
"Il sera intéressant d’échanger nos points de vue sur le développement de nos relations bilatérales et sur la situation qui se crée en Europe", avait déclaré le dirigeant, selon des propos rapportés par l'agence de presse russe TASS. Cette relation privilégiée avait même été mise en avant par la candidate. Elle avait alors la volonté de placer la France au centre d'un axe Moscou-Paris-Washington, aux côtés de Donald Trump et de Vladimir Poutine, qu'elle disait admirer dans un entretien au quotidien russe Kommersant, en octobre 2011.
Selon des informations de Libération, Marine Le Pen avait même prévu de faire de cette rencontre un argument de campagne et de mettre en avant la photo de cet échange sur un tract pour la présidentielle 2022. Marine Le Pen a cependant précisé, dans une interview à BFMTV, qu'elle n'avait "pas de raison" d'aller à Moscou, "tant que la guerre n'était pas terminée".
Un prêt de neuf millions d'euros à un créancier russe
Autre question récurrente, celui du financement de son parti par la Russie. En 2014, le Front national annonce effectivement avoir obtenu un prêt de la part de la First-Czech-Russian Bank (FCBR), une banque russe. Un prêt que le Rassemblement national est toujours en train de rembourser, la créance s'élevant à neuf millions d'euros. À l'époque, la révélation de cet emprunt avait suscité des suspicions sur les intentions de Moscou et certains avaient dénoncé une potentielle tentative de la part du Kremlin de soutenir le parti de Marine Le Pen.
"Je suis totalement indépendante de tout lien, de toute puissance", a déclaré Marine Le Pen lors d'une conférence de presse sur les questions internationales le 13 avril dernier, reportant la faute sur les banques françaises qui avaient refusé de lui accorder des financements. Elle s'est par ailleurs dit "à la disposition de toute banque américaine, d'Amérique du Sud qui voudrait reprendre ce prêt".
En 2020, le RN a trouvé un "accord à l'amiable" pour rembourser sa dette d'ici 2028. La banque initiale ayant fermé en 2016, cette créance a été cédée à Aviazaptchast, firme dirigée par d’anciens militaires russes et spécialisée dans les pièces détachées pour avions.
Une annexion en Crimée qui n'est "pas illégale"
La position du Rassemblement national concernant l'annexion de la Crimée par la Russie est un autre sujet à spéculation. En 2017, Marine Le Pen avait assuré que l'annexion de la péninsule ukrainienne par l'armée russe, survenue en 2014, n'était "pas illégale". "Je ne vois pas ce qui justifie de remettre en cause ce référendum", soulignait à l'époque la politicienne dans une interview à BFMTV. Sur la chaîne américaine CNN, elle a de même nié toute invasion de la Crimée par la Russie, assurant que les habitants de la région se "sentaient russes".
Le référendum organisé en Crimée en 2014 avait été dénoncé par Kiev et par une grande partie de la communauté internationale. Les propos de Marine Le Pen lui avaient valu un avertissement de la part du ministère ukrainien des Affaires étrangères, qui avait considéré qu'elle relayait "la propagande du Kremlin". On l'avait même menacé d'être interdite de séjour en Ukraine, une décision qui n'avait finalement pas été appliquée, comme le rapportait Libération.
Marine Le Pen a été de nouveau interrogé à ce propos dans une récente interview de BFMTV. Elle a alors maintenu sa position en expliquant ne pas regretter ce qu'elle avait dit auparavant. "Il y a eu un référendum en Crimée. La Crimée a été ukrainienne 26 ans, tout le reste du temps, elle était russe, les habitants de Crimée ont souhaité rejoindre la Russie, voilà", a fini la candidate du Rassemblement national, estimant que la situation n'avait rien à avoir avec l'actuelle guerre en Ukraine.
Depuis le du conflit le 24 février, et à l'approche du second tour, Marine Le Pen tente de faire oublier sa proximité avec la Russie. L'eurodéputé russophile Thierry Mariani n'a ainsi pas été convié pour la rédaction du communiqué condamnant l'invasion. Celui-ci, ainsi que d'autres proches de Marine Le Pen, comme Hervé Juvin, Jean-Lin Lacapelle ou Philippe Olivier s'étaient rendus entre 2020 et 2021 au Kazakhstan et en Crimée, alors que le Parlement n'y avait envoyé personne pour des raisons diplomatiques.
Durant cette campagne, l'équipe du Rassemblement national s'est montrée prudente sur la question. La candidate d'extrême droite a refusé de s'associer à un texte de ses alliés européens fin janvier qui exprimaient leur "solidarité" avec l'Ukraine contre les "menaces russes" mais elle a condamné l'agression russe et a proposé d'accueillir les réfugiés ukrainiens. Le 4 avril dernier, la candidate a malgré tout admis des "crimes de guerre" après la découverte de centaines de corps de civils à Boutcha, dans la banlieue de Kiev.
Alors qu'elle proposait dans son projet présidentiel initial une "entente" militaire avec la Russie, Marine Le Pen a décidé d'y renoncer face à la situation. Cependant, elle refuse toujours de qualifier Vladimir Poutine de "criminel de guerre". Elle maintient également l'idée d'un "rapprochement stratégique entre l'Otan et la Russie", dès que la guerre sera terminée, n'abandonnant pas complètement sa proximité passée avec Moscou.
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