L'ancien ministre François Rebsamen, rejoint par d'autres collègues du gouvernement François Hollande, a lancé un nouveau mouvement en soutien à Emmanuel Macron, "Fédération progressiste".Déçue du Parti Socialiste, cette nouvelle formation espère avoir une carte à jouer dans la majorité lors des législatives.
"Macron est de droite", "il ne vous calcule même pas" : lors de son dernier meeting de campagne au cirque d'Hiver, dimanche 3 avril, la candidate socialiste à la présidentielle, Anne Hidalgo, s'est adressée aux électeurs de gauche tentés par un vote en faveur du président sortant, les appelant à "revenir à leur famille d'origine". Pourtant, plusieurs anciens ministres issus du Parti socialiste (PS) ont décidé de rallier Emmanuel Macron, et souhaitent même peser dans une possible future majorité, si le chef de l'État était réélu.
À l'heure où le PS plafonne à 1,5% environ des intentions de vote dans nos sondages, le maire de Dijon François Rebsamen a initié la création d'un nouveau parti politique issu de la gauche, nommé "Fédération progressiste". "Il y a un vrai risque de victoire de l’extrême droite. Or de nombreux socialistes disent qu’ils ne voteront jamais pour Emmanuel Macron, ce qui revient à dire qu’ils ne feront pas barrage à Marine Le Pen", a déploré auprès du Parisien l'ancien ministre du Travail sous François Hollande. En cinq ans, "la direction du PS n’a rien fichu, elle a passé son temps à éliminer ceux qui avaient travaillé, qui incarnaient une gauche de gouvernement", a-t-il jugé.
"Il faut deux jambes pour avancer"
L'objectif de ce nouveau parti est de "durer" et "éventuellement présenter des candidats ici ou là aux législatives, en accord avec Emmanuel Macron", explique au journal l'élu, qui a été rejoint par les ex-ministres Thierry Repentin et Juliette Méadel, mais aussi l’ancien patron de la métropole lyonnaise David Kimelfeld, l’ex-député Pascal Terrasse et plusieurs maires.
La nouvelle formation, qui se veut "de gauche, universaliste, proeuropéenne, réformatrice", reconnaît quelques "réticences" avec le gouvernement, mais espère infléchir de futures possibles concertations, par exemple sur la prise en compte des métiers pénibles dans la réforme des retraites ou sur l’instauration de la proportionnelle à l'Assemblée nationale, deux mesures proposées par le président-candidat.
Après avoir rallié Emmanuel Macron début mars, François Rebsamen l'avait accueilli dans sa ville lundi 28 mars pour un de ses rares déplacements de campagne. "Je ne suis pas pour dire que c’est le vote utile à gauche, je suis pour reconnaître que c’est un président utile… ce n’est pas la même chose", avait-il déjà glissé, ajoutant qu'il y avait "de très belles mesures de gauche" dans le programme de l'actuel chef de l'État, "comme le CET (Compte épargne-temps, NDLR) universel et le versement des aides à la source". "Oui, il faut deux jambes pour avancer", avait-il poursuivi, en défendant le projet de porter la retraite à 65 ans.
Le candidat marcheur a pour sa part confirmé depuis Dijon que sa candidature "regroupe" les partisans "du rassemblement pour l'unité du pays derrière les valeurs de la République avec des femmes et des hommes qui viennent de la gauche, du centre, de la droite, de mouvements écologistes, de la société civile", face à "l'extrême droite qui est toujours là".
Mais Fédération progressiste n'est pas la seule formation de gauche soutenant la majorité à espérer peser dans les semaines qui suivent la présidentielle : elle s'ajoute au mouvement créé par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, Territoires de progrès, mais aussi le parti En commun mené par la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili. Il faut aussi compter les composantes du centre et de la droite qui entrent en jeu (LREM bien sûr, mais aussi le MoDem, Agir et Horizons, le parti créé par Édouard Philippe). La course aux investitures des législatives s'annonce ainsi tendue.
Par ailleurs, quelques autres figures de la gauche ont indiqué soutenir le président sortant, sans pour autant se rallier à un mouvement : l'ex-Premier ministre Manuel Valls ou l'ancienne ministre socialiste de la Santé Marisol Touraine ont déjà annoncé qu'ils voteraient Emmanuel Macron en 2022, comme ils l'avaient fait en 2017.