Invité sur LCI, le candidat anticapitaliste a dit ne pas vouloir "attaquer" son concurrent insoumis, mais sans pour autant se rallier à sa candidature."On a autre chose à dire que Jean-Luc Mélenchon, et on a le droit d'être là", a-t-il défendu.
Ces dernières semaines, Jean-Luc Mélenchon s'est imposé en troisième homme de la présidentielle dans les sondages et prône auprès des électeurs de la gauche, morcelée entre plusieurs candidats, un "vote efficace" en sa faveur. Une autre formule pour appeler au "vote utile", quand le candidat insoumis grimpe à 14,5% d'intentions de vote dans notre dernier sondage quotidien et distance ses concurrents de gauche, donnés au mieux à 5% pour Yannick Jadot. "Jean-Luc Mélenchon n'est pas un adversaire", a réagi sur LCI le candidat anticapitaliste Philippe Poutou, mais "on ne croit pas du tout au vote utile".
Invité de l'émission spéciale "Quinze jours pour convaincre", le porte-parole du NPA a affirmé ne pas vouloir "attaquer" son concurrent insoumis, mais il a refusé de se rallier à sa candidature et a fustigé le "vote utile", tout comme le font ses autres rivaux de gauche. "À l'époque, il fallait voter pour le PS contre la droite et l'extrême-droite, mais une fois arrivé au pouvoir, il a fait pareil que la droite. Cela s'avère piégeux, parce qu'au fil des élections, on recule", a-t-il affirmé.
"Un problème démocratique de fond"
Sans pour autant exprimer de craintes quant au programme de Jean-Luc Mélenchon s'il accédait au pouvoir, "quelles garanties aurait-on au niveau de la gauche ?", a-t-il plus largement demandé. La stratégie du vote utile, "c'est aussi considérer que les autres candidatures sont inutiles, or c'est un problème démocratique de fond", a-t-il fustigé par ailleurs. Tout en reconnaissant défendre un "petit parti", donné à 1% des voix dans notre dernier sondage, il a insisté : "On a autre chose à dire que Jean-Luc Mélenchon, et on a le droit d'être là".
Le candidat anticapitaliste, qui mène sa campagne de front malgré de faibles moyens, s'est montré particulièrement déçu par le mandat du socialiste François Hollande, défendant ainsi la nécessité de sa candidature selon lui. "La gauche est complètement fragilisée, éparpillée, impuissante. Mais on n'est pas nostalgique de la gauche d'hier qui nous a trompés, mais on a besoin d'une gauche radicale, liée aux luttes. (...) Le camp d'en bas doit faire la politique par lui-même, on en a vraiment marre de voir des gens qui ont la prétention de s'occuper de nos affaires mais qui le font vraiment mal", a-t-il fustigé.
Philippe Poutou s'est aussi opposé à Jean-Luc Mélenchon sur le plan de la mobilisation sociale : le chef de file du PCF avait promis aux électeurs de les dispenser de descendre dans la rue pour s'opposer au recul de l'âge du départ à la retraite, puisqu'il souhaite l'abaisser à 60 ans s'il parvient au pouvoir. "La révolution dans les urnes, on n'y croit pas, pour nous, c'est dans la rue. Changer les choses, ce sera par les luttes sociales", a répondu le candidat anticapitaliste. Un discours également partagé par la candidate de Force Ouvrière Nathalie Arthaud : "Jean-Luc Mélenchon véhicule des illusions graves sur la période qui va arriver, où au contraire, il va falloir se battre", avait-elle fustigé il y a quelques jours sur France 2.
Le porte-parole du NPA s'est aussi inquiété de la menace d'une abstention record, qui pèse sur l'élection. "Les gens en ont ras-le-bol, le sentiment de se faire avoir et tromper en permanence", a-t-il justifié. Face à un probable second tour opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen, "on essaye de se battre, parce qu'on est dans une logique de résignation, il y a un sentiment d'impuissance, beaucoup de gens ne vont pas voter, ils subissent", a-t-il commenté.