L'éolien en mer, 40 milliards d’euros pour seulement 2% de l’électricité ?

par Benjamin DARD
Publié le 16 mars 2022 à 17h33
JT Perso
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Source : JT 20h WE

Dans "La France face à la guerre", lundi sur TF1, Marine Le Pen a estimé que l'éolien en mer représente un coût de 40 milliards d'euros pour 2% d'électricité.
Ces chiffres ne correspondent pas aux évaluation actuelles de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).

Sur notre antenne, lundi 14 mars, Marine Le Pen s’est exprimée sur le sujet des éoliennes dont elle souhaite le démantèlement, mettant en cause leur cout rapporté à leur capacité à produire de l’électricité.

Lors de l'émission "La France face à la guerre", la candidate du Rassemblement national a voulu illustrer son propos en évoquant le prix du développement de l’éolien offshore, encore très peu présent aujourd’hui en France. "Je vous donne un exemple. L’éolien en Mer, tous les parcs éoliens en mer qui sont actuellement envisagés, c’est 40 milliards pour 2% de l’électricité. Je considère que c'est un gâchis épouvantable", a-t-elle expliqué. 

Qu'en est-il exactement ?

Marine Le Pen fait référence à un rapport de la Cour des Comptes de mars 2018. Voici ce qu'expliquait ce dernier : "La pleine réalisation des appels d’offres de 2011 et 2013 sur l’éolien offshore coûterait aux finances publiques 2 milliards d'euros par an pendant 20 ans (soit 40,7 milliards au total, NDLR) pour un volume équivalent à 2 % de la production électrique".

Toutefois, selon l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), qui fait autorité sur le sujet et que nous avons contactée, ce chiffre n’est plus à l’ordre du jour. Il date de 2018 et porte sur des appels d’offre de 2011 et 2013 qui ont pris énormément de retard en raison de nombreux contentieux, et qui commencent à peine à sortir de l’eau au large de Saint-Nazaire.

Depuis lors, l’État a renégocié les tarifs d’achat, et les a réduits d’un quart. Car à l’époque, c'était une technologie nouvelle comprenant de multiples risques, ce qui avait poussé les porteurs de projet a demander des tarifs très élevés. Ces projets ne devraient donc pas coûter ces sommes-là à l'arrivée. 

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Une évaluation très différente de Marine Le Pen

L’Ademe avance ainsi une évaluation aux antipodes de Marine Le Pen. Selon cette agence indépendante de l’État, 40 milliards d’euros dépensés dans l’éolien offshore assureraient 10% de l’électricité produite, et non 2% comme l’affirme la candidate.

Comment l'agence parvient-elle à ces calculs ? Les éoliennes offshores que l’on installe aujourd’hui - de type Alstom comme celle déployée par EDF - ont une puissance, nous dit cet opérateur, de 6 MW, "de quoi alimenter une ville de 5000 habitants". En outre, la fabrication et l’installation de chaque éolienne coûtent environ 18 millions d’euros.

Si l’on suit le raisonnement de l'Ademe, et en l’état actuel de la technologie et de ses performances, avec un budget de 40 milliards d’euros, on pourrait installer 2222 éoliennes dotées d’une puissance de 13,3 GW. Attention, toutefois : ces éoliennes ne tournent pas 100% du temps, ne produisant pas de l’électricité de façon continue, mais de façon "intermittente". Il faut donc bien distinguer la puissance, c’est-à-dire le potentiel de production électrique et la quantité d’énergie réellement produite sur une période donnée. C’est ce qu’on appelle le "facteur de charge".

"Il faut donc rapporter, nous explique l'Ademe, cette puissance au facteur de charge. Ce facteur représente le ratio suivant : énergie réellement produite par le parc/énergie produite si le parc produisait à pleine puissance toute l’année. Cette valeur moyenne de 0,4 est estimée à partir de simulations au niveau de la France, et de retours d’expérience sur des parcs existants, notamment à l’international."

En tenant compte de ce facteur de charge, ces 2222 éoliennes et leur puissance de 13,3 GW permettraient de produire environ 47 TWh ! Or, nous dit la CRE, la Commission de régulation de l'énergie, la France produit 500 TWh d’électricité chaque année. En conclusion, ces éoliennes pourraient assurer 10% de la production annuelle électrique, soit 5 fois plus que les estimations avancées par Marine Le Pen.  


Benjamin DARD

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