ANALYSE - Le 8 novembre prochain, les États-Unis voteront pour choisir leur nouveau président. Mais une autre élection se déroulera ce jour-là, celle du Sénat, où 34 sièges sont à prendre.
Hillary Clinton ou Donald Trump ? Depuis des mois, le monde retient son souffle à chacune de leur prise de parole. Car l’enjeu est de taille. Après avoir élu le premier afro-américain à la Maison Blanche en 2008, les États-Unis éliront-ils la première femme présidente du pays ou bien opteront-ils pour le candidat républicain au parcours bien éloigné de la sphère politique ? Si d’un point de vue médiatique, la campagne pour la présidentielle américaine a été scrutée de toutes parts, il convient de rappeler que le 8 novembre est aussi la date d’une autre élection, toute aussi importante pour les Américains : celle du Sénat. Quelque 34 sièges sur 100 sont à prendre.
Le maintien du contrôle de la majorité
Depuis les élections de mi-mandat en 2014, le Sénat est contrôlé par les Républicains, avec 54 sièges. Si les Démocrates veulent avoir une chance le 8 novembre prochain de regagner cette majorité, il leur faudrait conquérir au moins cinq des 34 sièges en jeu. La bataille pour le contrôle de la majorité sénatoriale est d’autant plus importante que le résultat du vote impactera fortement la politique intérieure et extérieure des États-Unis à compter de l’entrée en fonction du nouveau président, le 20 janvier 2017. Plusieurs cas de figure étant possibles.
Dans l’éventualité où Hillary Clinton arriverait à la Maison Blanche, sa capacité à mettre en œuvre les propositions contenues dans sa plateforme progressiste dépendront de la majorité au Sénat et à la Chambre des représentants. Cette dernière étant également tenue par les Républicains. Cependant, l’élection du 8 novembre a peu de chance de la faire basculer dans le camp des démocrates. Ses 435 sièges seront également à pourvoir mais traditionnellement, la Chambre est davantage affectée lors des élections de mi-mandat et non lors d’une élection présidentielle. Un changement de majorité au Sénat aura donc davantage d’importance. Idem dans le cas d’une victoire de Donald Trump. Si le Sénat reste républicain, le milliardaire pourra influer et mener une politique bien plus conservatrice que si la majorité change.
L'enjeu de la Cour suprême
L’enjeu principal de l’élection du Sénat reste cependant celui de la nomination d’un juge à la Cour Suprême, plus haute juridiction du pays. Le rôle de la Chambre haute du Congrès est déterminant puisqu’il doit valider ou invalider la proposition du président.
En février 2016, après la mort du juge Anthony Scalia (républicain), Barack Obama avait nommé Merrick Garland à sa place. Une nomination jamais confirmée puisqu’en pleine bataille électorale, le Sénat, par la voix du président de la majorité, Mitch McConnell, avait refusé la proposition présidentielle, jugeant que le président des États-Unis ne pouvait nommer un juge à la Cour Suprême lors de la dernière année de son mandat. Un refus à visée purement électoraliste puisque la section 2 de l'article 2 de la Constitution américaine énonce la prérogative présidentielle. Depuis, ce siège vide a été l’objet de nombreuses déclarations tant du côté de Donald Trump que d’Hillary Clinton. Le rôle de la Cour Suprême étant de rendre des décisions qui feront loi dans le pays et marque généralement de grandes avancées pour la société. Les deux exemples les plus célèbres restent sans doute la décision Brown v. Board of Education en 1954, qui a mis fin à la ségrégation dans les écoles publiques, et Roe v. Wade en 1973 qui autorise l’avortement.
La Cour Suprême est composée de neuf juges, nommés à vie. Outre le siège d’Anthony Scalia, deux autres seront potentiellement abandonnés au cours du prochain mandat présidentiel et sénatorial. Les juges Anthony M. Kennedy et Ruth Bader Ginsburg, particulièrement influents, sont âgés de plus de 80 ans. L’anticipation de leur retraite ou de leur décès est donc également à prendre en compte. Un sénat à majorité républicaine tendrait à favoriser des nominations plus conservatrices. À l’inverse, une majorité démocrate favoriserait la nomination de juges plus libéraux et progressistes. Redéfinissant ainsi une partie de la politique publique américaine. Le Sénat a donc, dans les faits, les pleins pouvoirs dans la nomination d’un juge à la Cour suprême. Dans le cas du remplacement du juge Scalia, les sénateurs républicains Ted Cruz et John McCain ont déjà annoncé leur intention de bloquer toute nomination de la part d’Hillary Clinton, si celle-ci est élue le 8 novembre. Un tel cas de figure pourrait bloquer le travail réalisé par la Cour puisque celle-ci se retrouverait alors avec une égalité complète: quatre juges républicains et quatre juges démocrates.
Les Sénateurs contre Donald Trump
Depuis plusieurs mois, plusieurs membres éminents du parti Républicain ont abandonné Donald Trump. Loin d’être une coïncidence ou même une prise de conscience idéologique, ces défections traduisent l’importance de la réélection du Sénat. Dans un pays plus polarisé que jamais, selon les chiffres donnés par le Pew Research Center, maintenir son électorat reste la priorité de bon nombre de sénateurs républicains. Le contrôle de la majorité étant en jeu. Et au cours de la campagne présidentielle, Donald Trump s’est fait beaucoup d’ennemis, y compris du côté des partisans et sympathisants de son parti. Ainsi, des Sénateurs comme Mike Crapo (Idaho), Kelly Ayotte (New Hampshire), ou encore John McCain (Arizona), candidats à leur propre succession, ont déclaré leur opposition à Donald Trump dans le but de ne pas voir leur électorat partir vers le camp démocrate. Quant aux anciens prétendants à l’investiture républicaine, plusieurs ont aussi pris leur distance avec Donald Trump, à l’instar de Ted Cruz (Texas), Marco Rubio (Floride) ou encore Rand Paul (Kentucky), afin d’avoir une chance de l’emporter dans leurs états respectifs.
L’élection du 8 novembre prochain va donc au-delà de l’arrivée d’un président démocrate ou républicain à la tête du pays. Car, la réélection des 34 sièges du Sénat comptera tout autant et permettra précisément de conforter ou d'affaiblir les décisions du nouveau chef de l'État. Marquant ainsi un tournant dans l'évolution de la société américaine.
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