Accord avec LFI : ces circonscriptions qui crispent socialistes et communistes

par Maëlane LOAËC
Publié le 10 mai 2022 à 11h51, mis à jour le 10 mai 2022 à 12h08

Source : TF1 Info

À Paris ou dans la périphérie de Lyon, certains candidats socialistes et communistes continuent de prétendre à l'investiture.
Les circonscriptions ont pourtant été réservées à La France Insoumise par l'accord de gauche.
Les leaders Olivier Faure et Fabien Roussel ont pris position en faveur de leurs candidats.

Tout juste signé, l'accord encore socialistes, Insoumis, communistes et écologistes suscite déjà quelques bras de fer locaux pour le partage des circonscriptions entre les différentes formations politiques en vue des législatives. Lors de la première convention de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), tenue samedi 7 mai à Aubervilliers, l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon a pourtant remercié "1750 hommes et femmes" qui se seraient désistés en vertu de la répartition des circonscriptions prévue par l'accord. 

"Ceux qui présentent des candidats contre ceux de l'Union Populaire sont des candidats macronistes parce qu'ils ne servent que Macron", a attaqué celui qui fut le troisième homme de la présidentielle, égratignant des "caprices égotiques". Mais alors que la France Insoumise a obtenu 326 des 577 circonscriptions, tous les candidats des autres partis de l'accord ne sont pas prêts à se mettre en retrait, et des duels sont déjà engagés pour certains sièges. 

À Paris, la socialiste Lamia El Aaraje soutenue par Lionel Jospin contre l'Insoumise Danielle Simonnet

Dans la 15e circonscription de Paris, la députée socialiste Lamia El Aaraje s'est dit "légitime", dimanche, à se présenter pour briguer un mandat, alors que c'est l'Insoumise Danielle Simonnet qui a été désignée pour être la candidate de la Nupes sur place. Le PS n'a pas eu gain de cause sur cette circonscription car LFI considérait que la parlementaire n'était pas réellement sortante puisque son élection, au cours de laquelle elle avait battu sa concurrente insoumise, avait été invalidée en janvier.

L'ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin est lui venu lui apporter son soutien dimanche, lorsqu'elle déambulait sur un marché dans les quartiers populaires du XXe arrondissement. Tombé nez-à-nez avec Danielle Simonnet, il a affirmé qu'il "sera au côté de Lamia", a-t-il lancé, affirmant qu'il ne s'agira "pas une candidature dissidente mais légitime". "Toute dissidence fait le jeu d'Emmanuel Macron !", s'est agacée l'Insoumise. 

Invité du Grand-Jury LCI-RTL-Le Figaro, dimanche, le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a concédé une "forme d'injustice à ce que Lamia El Aaraje ne soit pas dans l'accord" et a assuré "se battre pour ça", en saluant une "députée valeureuse". Il a toutefois assumé de ne pas avoir empêché l'accord "pour une seule circonscription"

À Villeurbanne, le gendre de Jean-Luc Mélenchon contre la maire PS

Les arbitrages de LFI ont aussi été remis en cause dans une autre circonscription. Cédric Van Styvendael, le maire PS de Villeurbanne, près de Lyon, a accusé de parachutage le candidat retenu, Gabriel Amard, conseiller régional La France insoumise et gendre de Jean-Luc Mélenchon. Ce que l'intéressé dément, assurant à BFMTV retourner "au bercail familial" : "ma famille maternelle vit ici depuis le 19e siècle, je vis à Villeurbanne, pas à Paris", a-t-il déclaré. 

Le bras de fer est pourtant engagé avec Cristina Martineau, adjointe à la mairie, qui aurait normalement dû candidater aux législatives sous la bannière PS. "À Villeurbanne, le message de Jean-Luc Mélenchon, c’est 'mon gendre avant les femmes'", a-t-elle attaqué dans les colonnes du Journal du Dimanche. "C’est un piétinement de tous nos combats politiques. Cela faisait vingt ans que le PS réservait cette circonscription à des femmes" en vertu de l'objectif de parité à l'Assemblée nationale, a-t-elle regretté, voyant dans cet "atterrissage" une démonstration de "népotisme et machisme".

Dans la 14e circonscription du Rhône, Taha Bouhafs abandonne

Le principal point de friction entre Insoumis et communiste résidait sûrement dans la 14e circonscription du Rhône. Réservée aux Insoumis, ils y avaient placé leur candidat, Taha Bouhafs. Mais le siège était également convoité par Michèle Picard, la maire communiste de l'une des villes du secteur, Vénissieux, située près de Lyon, qui avait décidé de maintenir sa candidature. Dans un communiqué, elle s'en était prise à un "candidat parachuté, surtout connu dans les réseaux sociaux, qui a été condamné en première instance pour propos racistes envers une jeune policière"

Taha Bouhafs a été condamné en septembre 2021 à 1500 euros d'amende, notamment pour injure publique, pour avoir traité la syndicaliste policière Linda Kebab d'"arabe de service". L'ancien candidat communiste à la présidentielle, Fabien Roussel, avait apporté lundi son soutien à l'élue de son parti et demandé aux Insoumis sur France 2 de "revoir cette candidature" pour ne pas mettre en avant "quelqu'un condamné en première instance pour injure raciale". "Il a fait appel, mais s'il est condamné en deuxième instance, il devra remettre son mandat, ce qui n'est pas acceptable", avait ajouté le secrétaire national du PCF. 

Ce mardi, LFI a confirmé que Taha Bouhafs souhaitait jeter l'éponge et ne serait pas candidat aux élections législatives. Dans un communiqué publié dans la nuit sur son compte Twitter, le journaliste militant âgé de 25 ans avait déploré "une tempête d'attaques sans précédent" le menant à renoncer. 

Toutefois, ce sont parfois les membres de La France insoumise qui se rebellent. Ainsi dans la 20e circonscription du Nord, le leader communiste Fabien Roussel devra affronter Eric Renaud, soutenu par les Insoumis locaux. "Les militants ne digèrent pas le non-ralliement de Fabien Roussel avant le premier tour de la présidentielle. C’est la raison pour laquelle, nous soutenons un candidat local comme Eric Renaud", a expliqué à L'observateur David Richer, qui avait représenté LFI aux législatives il y a cinq ans.


Maëlane LOAËC

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