Élections législatives : quels sont les grands enjeux du scrutin ?

Publié le 6 juin 2022 à 16h35

Source : TF1 Info

Les élections législatives auront lieu les 12 et 19 juin prochains pour renouveler l'Assemblée nationale.
Alors qu'Emmanuel Macron a été réélu et que la gauche se présente unie pour la première fois de son histoire, TF1info liste les principaux enjeux du scrutin.

Les 12 et 19 juin prochains, les Français sont de nouveau appelés aux urnes pour élire leurs représentants. 577 députés remettent leur mandat en jeu, sept semaines après la réélection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République. Ce dernier arrivera-t-il à confirmer son résultat et à obtenir la majorité ? Doit-il se méfier de la gauche, qui pour la première fois de son histoire se présente unie ? Marine Le Pen parviendra-t-elle à tirer profit d'un mode de scrutin défavorable qui ne lui a jamais permis de constituer un groupe à l'Assemblée nationale ? Voici quels sont les enjeux de ce scrutin. 

Objectif majorité absolue pour Emmanuel Macron

L’objectif de la majorité présidentielle est bien sûr de faire élire le plus de députés possibles pour obtenir la majorité, de préférence la majorité absolue fixée à 289 sièges. Or, deux sondages publiés la semaine dernière indiquent qu’Ensemble ! pourrait avoir des difficultés à y parvenir. 

Selon une enquête Ifop-Fiducial pour LCI, les candidats de la majorité (LaREM, Modem, Horizons et Agir) obtiendraient de 275 à 310 sièges contre 170 à 205 pour la Nupes, alliance électorale associant LFI, EELV, le PC et le PS. Une autre, publiée par Elabe, indique également que "LaREM et ses alliés auraient le plus grand nombre de sièges, mais sans certitude d’obtenir la majorité absolue". Ainsi, ils pourraient obtenir entre 275 et 315 sièges, contre entre 155 et 180 pour l'alliance de gauche. C'est entre 75 et 35 sièges de moins qu'en 2017, quand 308 députés LaREM avaient fait leur entrée au palais Bourbon.

Plus que jamais, Emmanuel Macron devrait avoir besoin de ses alliés pour gouverner et faire passer ses réformes, notamment les formations dirigées par François Bayrou et Édouard Philippe. Alors que toutes ont prévu de constituer leur propre groupe à l'Assemblée nationale pour conserver leur indépendance, La République en marche a tout de même fait signer aux candidats Ensemble ! une charte les engageant à voter les futures réformes proposées par l'exécutif pour éviter les mauvaises surprises.

La Nupes arrivera-t-elle à mettre Jean-Luc Mélenchon à Matignon ?

Si tous ne sont pas aussi enthousiastes que lui, les membres de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes) se sont engagés à faire campagne autour du slogan "Jean-Luc Mélenchon Premier ministre". Et ce dernier croit dur comme fer en ses chances d'y parvenir. Dimanche, il a de nouveau estimé qu’Emmanuel Macron devrait le nommer à Matignon si la coalition gagnait les élections. Dans "tous les pays du monde, le roi ou le président désigne le chef de la majorité qui est en place", a-t-il rappelé. Pourtant, le président de la République a déjà dit que rien ne l’y obligeait, ce que l’Insoumis a reconnu, proposant toutefois "qu’on en reste à des choses raisonnables" : "Ça ne sert à rien de se payer en plus une crise institutionnelle".

Mais avant d'être nommé à Matignon, il faudra remporter les élections législatives. Si les résultats obtenus dans les 11 circonscriptions des Français de l'étranger sont encourageants, l'alliance se qualifiant dans 10 d'entre elles, les sondages ne la croient pas en mesure de créer la surprise le 19 juin prochain. Selon la dernière enquête Ifop-Fiducial pour LCI, la Nupes ne parviendrait pas à dépasser la majorité présidentielle en nombre de sièges : elle en obtiendrait 170 à 205 (contre 275 à 310). 

Le Rassemblement national veut réussir à constituer un groupe

En 2017, le Rassemblement national n'avait obtenu que huit députés, pas assez pour constituer un groupe (il en faut 15). Mais après avoir reconnu qu’elle ne parviendrait pas à faire jeu égal avec la majorité présidentielle lors de ces élections législatives, Marine Le Pen espère toutefois pouvoir faire élire 150 députés Rassemblement national. "Il est encore temps d’empêcher Macron de disposer de tous les pouvoirs" et de "vaincre la malédiction d'un mode de scrutin injuste, qui maintient en place un système vermoulu", a déclaré Marine Le Pen dimanche depuis son fief de Hénin-Beaumont. 

"Non seulement allez voter, mais donnez-moi 100 à 150 députés. Aidez-moi à vous aider", a supplié celle qui a raillé le système électoral qui l'empêche de peser dans l'opposition malgré ses scores à l'élection présidentielle. Il y a cinq ans, la députée sortante avait obtenu huit députés après avoir recueilli 34% des voix au second tour de l'élection présidentielle. Le 24 avril, 41,5% des votants ont mis son nom dans les urnes, mais les sondages ne lui prédisent qu'entre 20 et 50 sièges à l'Assemblée nationale. 

LR veut éviter la déconvenue

35 à 55 sièges : c'est ce que prédit le dernier sondage Ifop-Fiducial pour LCI aux Républicains dans la prochaine Assemblée. C'est au moins deux fois moins que le nombre de députés LR et apparentés actuels (100). Après la lourde défaite de Valérie Pécresse à l'élection présidentielle et le départ du président du groupe parlementaire Damien Abad vers la majorité présidentielle, la campagne est difficile pour les candidats républicains.

Le parti compte sur l'ancrage local des candidats, souvent élus historiques de leurs circonscriptions, pour faire la différence face à d'autres concurrents plus jeunes et parfois novices. Aussi, samedi dernier, la présidente de la région Île-de-France est sortie de son silence dans une tribune publiée dans Le Figaro pour exhorter les électeurs à ne pas céder au vote Macron pour "éviter l’épouvantail des extrémistes". Pas sûr que cela suffise aux Républicains pour conserver leur statut de premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale, ainsi que la présidence de la commission des finances et un poste à la questure qui vont avec.

Les ministres doivent gagner pour conserver leurs postes

S'ils ne sont pas élus, les 15 ministres candidats devront démissionner. Cette règle s'appliquera également à la Première ministre Élisabeth Borne, candidate pour la première fois aux législatives dans la 6e circonscription du Calvados, a précisé la présidence de la République. Outre la cheffe du gouvernement, 14 ministres briguent un mandat de député : Gérald Darmanin, Amélie de Montchalin, Brigitte Bourguignon, Olivier Dussopt, Damien Abad, Marc Fesneau, Stanislas Guerini, Yaël Braun-Pivet, Olivier Véran, Gabriel Attal, Franck Riester, Clément Beaune, Justine Bénin et Olivia Grégoire.

Un remaniement pourrait donc intervenir selon les résultats de ces membres du gouvernement. La liste des ministres devrait de toute façon être complétée à l'issue du scrutin, notamment avec la nomination de secrétaires d'État. 


Justine FAURE

Sur le
même thème

Tout
TF1 Info