Le camp de Jean-Luc Mélenchon affirme que le gouvernement se préparerait à imposer une hausse de la TVA pour réaliser 80 milliards d'économie promis à Bruxelles.Un "délire" pour le ministre de l'Économie, qui attaque des méthodes de "complotisme".Il reconnaît prévoir 40 milliards d'économies, mais sans augmentation de taxes.
Dans la dernière ligne droite avant le scrutin, les attaques se multiplient entre le camp présidentiel et l'alliance de gauche, arrivés au coude-à-coude lors du premier tour. Les saillies fusent surtout sur les programmes économiques des deux forces politiques. Après avoir vu leur feuille de route pilonnée par les macronistes avant le premier tour, Jean-Luc Mélenchon et ses alliés accusent depuis dimanche le ministère de l'Économie de préparer une hausse "cachée" de la TVA, un sujet explosif à l'heure d'une inflation galopante.
Dès l'issue du premier tour dimanche soir, le leader de la Nupes a fustigé les "projets funestes" d'Emmanuel Macron, et notamment "la partie cachée de son programme" avec "80 milliards (d'euros) qu'il compte retirer du budget de l'État pour parvenir au retour des 3% de déficit promis imprudemment à la Commission européenne". Un seuil en effet fixé par Bruxelles, mais assoupli lors de la crise sanitaire. Emmanuel Macron s'était toutefois engagé à tenir cet objectif d'ici 2027, en présentant son programme en mars dernier.
Le chiffre de 80 milliards d'euros correspondrait à une division par deux du déficit public de 2021, chiffré à 160,9 milliards, soit 6,5% du PIB. "Il est impossible de retirer d'un budget une telle somme", qui correspondrait aux budgets des ministères de l'Intérieur et de l'Éducation nationale, a avancé l'Insoumis, qui aspire à être nommé Premier ministre. À moins d'instaurer "une TVA augmentée, qui permettrait de financer ce projet", a-t-il assuré.
Bruno Le Maire fustige "complotisme" et "délire"
C'est ce qu'explique l'entourage de Jean-Luc Mélenchon, contacté par TF1info, en affirmant que le gouvernement rejette toute autre solution, car il "refuse catégoriquement" d'augmenter les impôts sur les plus riches. Sur France Inter, le premier secrétaire du PS Olivier Faure a renchéri en évoquant mardi "des indiscrétions qui nous viennent d'un certain nombre de gens qui travaillent dans les bureaux à Bercy, et qui nous disent que cette hypothèse-là est posée".
La riposte ne s'est pas faite attendre : mardi matin, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire s'est engagé sur France 2 à ne pas augmenter la TVA, avant de taxer quelques heures plus tard la Nupes de "délire" sur BFMTV, se présentant comme "le ministre des Finances qui a le plus baissé les impôts depuis deux décennies en France". Il a aussi promis de "continuer à baisser les impôts", tout en accusant Jean-Luc Mélenchon de proposer de son côté "100 milliards d'augmentation d'impôts". Avant lui, les ministres en campagne Elisabeth Borne et Gabriel Attal avaient déjà démenti farouchement l'hypothèse.
"Où sont les preuves ?", a encore tonné sur LCI mercredi matin le patron de Bercy, accusant le leader de la Nupes d'utiliser "toujours la même méthode, celle de la manipulation et des complotistes", à savoir "lancer le soupçon, le lâcher, et corriger ensuite". La somme de 80 milliards avancée a été "inventée", a-t-il affirmé. Pour réaliser ces économies, Bercy compte miser sur un éventail d'options : "réformes de structures, attention aux dépenses publiques, croissance et création d'emploi", a-t-il insisté.
"De la croissance, il n'y en a pas", répond Jean-Luc Mélenchon
Invité quelques heures plus tard sur France Inter, le ministre a cette fois avancé l'objectif de "40 milliards d'euros d'économie", dont il a déclaré ne s'être "jamais caché". Un objectif atteint grâce à trois volets : "10 milliards par la réforme des retraites", un chantier de la macronie repoussé à l'été 2023, "20 milliards sur l'État, par la réduction des dépenses là où ce n'est pas indispensable", notamment par "la modernisation de l'action publique", et "10 milliards d'économies sur les collectivités locales". "On ne prend personne en traître, ça a été dit et redit pendant toute la campagne", a-t-il martelé, dénonçant des attaques "surréalistes" voire "totalement lunaires".