Législatives : en cas de duel RN/Nupes au second tour, le dilemme de LaREM

Publié le 13 juin 2022 à 11h15, mis à jour le 13 juin 2022 à 11h57

Source : TF1 Info

La République en marche a indiqué ne pas donner de consigne de vote nationale au second tour, mais "au cas par cas" dans les circonscriptions où s'affronteront des candidats du Rassemblement national et de la Nupes.
"Ce sera en fonction de la personnalité de la Nupes qui est qualifiée, notamment si c'est quelqu'un qui a les valeurs de la République", a précisé le parti.
La Première ministre a toutefois rappelé que la ligne était de ne pas donner "une voix à l'extrême droite".

"L’extrême gauche est un danger aussi important que l’extrême droite", a déclaré l'ancien ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer à l'issue de son élimination au premier tour des élections législatives. Est-ce pour cette raison que le camp de la majorité présidentielle a du mal à donner une consigne de vote claire pour le second tour, en cas de duels entre des candidats Nupes et Rassemblement national ? La République en marche a indiqué dimanche que les consignes seraient données "au cas par cas" dans les circonscriptions concernées.

"C'est le Front républicain, contre les extrêmes", a expliqué le parti présidentiel, en faisant valoir que "certains candidats de la Nupes sont extrêmes : ce sera en fonction de la personnalité de la Nupes qui est qualifiée, notamment si c'est quelqu'un qui a les valeurs de la République". "Mais nous ne soutiendrons aucun candidat RN", a indiqué LaREM auprès de l'AFP. Plus tard dans la soirée, la Première ministre Elisabeth Borne avait précisé que la ligne était de "ne jamais donner une voix à l’extrême-droite"

"Notre position est très claire : aucune voix pour le Front national, on se bat contre le RN", a-t-elle réaffirmé lundi matin depuis le Calvados. "Quand il y a un candidat Nupes, si nous avons affaire à un candidat qui ne respecte pas les valeurs républicaines, qui insulte nos policiers, qui demande de ne plus soutenir l'Ukraine, qui veut sortir de l'Europe, nous n'appelons pas à voter pour lui."

Pas une seule voix pour le RN... mais des décisions "prises localement"

Une consigne peu claire - comment définir un candidat républicain ? - et reprise avec des nuances et des différences par les membres de la majorité. Ainsi dimanche soir sur TF1, le ministre de l'Action et des Comptes publics Gabriel Attal déclarait qu'il faudrait attendre "de voir les cas de figure qui vont se présenter ou pas. (…) On a toujours été très clairs sur notre position aux extrêmes et notamment au Rassemblement national. On verra quelles sont les situations locales qui se présentent, quels sont les candidats qui sont en place, et il y aura des positions qui seront prises localement"

"Pas une seule voix pour le Rassemblement national", a-t-il rappelé ce lundi matin sur France Inter, "ensuite on renvoie à nos candidats au niveau local et aux militants de la majorité présidentielle, si le candidat de la Nupes se retrouve dans les valeurs de la République". Sinon, "on laisse les électeurs trancher", en rappelant que "c'est quand même moins de 10% des duels qui sont concernés"

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Sur France 2, la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire avait estimé dimanche qu'il s'agissait d'"une question qui concerne très peu de circonscriptions. Je veux bien qu’on tire des généralités sur 2, 3, peut-être une dizaine de circonscriptions. Je crois que ce sont des débats locaux et ce n’est pas, ce soir, un enjeu national". Ce lundi sur RTL elle dit sensiblement la même chose : "Quand on dit cas par cas c’est effectivement sur très peu de cas, ça se compte sur moins d’une main, nous nous en remettrons effectivement à la volonté des citoyens. Mais très clairement, pas une voix pour le Rassemblement national, on ne change pas"

Certains prennent leurs distances avec cette consigne

En revanche, d'autres ont rejeté cette consigne et ce principe du cas par cas, pour prendre position en faveur des candidats Nupes. C'est le cas du secrétaire d'État chargé des Affaires européennes Clément Beaune, en ballotage défavorable dans sa circonscription. "Je l’ai toujours dit, en tout cas pour moi, quand il y a un duel entre l’extrême gauche et l’extrême droite, même en me pinçant le nez, je préfère l’extrême gauche. (…) On a dit pas une voix pour le Rassemblement national, je crois que personne dans la majorité ne peut être suspect de la moindre complicité, connivence, complaisance avec l’extrême droite", a-t-il assuré sur LCI.

"Pas une seule voix ne doit aller au Rassemblement national et aux candidats d’extrême droite", "partout nous appelons à faire battre le RN", avait également assuré dimanche Maud Bregeon, candidate de la majorité présidentielle dans la 13e circonscription des Hauts-de-Seine et porte-parole de La République en marche (LaREM). "Il y aura évidemment des débats locaux, pour autant, la porte-parole de LaREM que je suis vous dit que partout nous appelons à faire battre les candidats d’extrême droite", avait-elle déclaré sur BFMTV.

Ecologistes et communistes regrettent la position de LaREM

Avant que le gouvernement ne clarifie sa position, la consigne du parti présidentiel a été très critiquée par les membres de l'alliance de gauche, notamment les communistes et les écologistes qui avaient clairement appelé à voter pour Emmanuel Macron face à Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle. "Les écologistes se sont massivement mobilisés pour faire battre Le Pen à la présidentielle. Entendre Olivia Grégoire et Gabriel Attal refuser de donner une indication de vote en cas de duel Nupes-RN est absolument scandaleux", a abondé dimanche soir Yannick Jadot (EELV). 

"J’entends dire qu'Elisabeth Borne refuserait d’appeler au barrage républicain face à l’extrême droite. Lorsque j’ai appelé à faire barrage au second tour de la présidentielle, je l’ai fait avec clarté. À vous d’avoir l’honneur d’en faire de même", a également estimé le chef du PCF Fabien Roussel. Avant que cette dernière ne le rassure personnellement dans un tweet.

Le cas de figure d'un duel entre un candidat RN et Nupes se présentera notamment dans une cinquantaine de circonscriptions, notamment dans la 4e circonscription du Loiret, celle où a été éliminé Jean-Michel Blanquer ; dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, où Marine Le Pen est largement arrivée en tête ; la 1ère de la Somme, où l'Insoumis François Ruffin est en ballotage favorable ; ou encore la 8e circonscription de Moselle où se présentait le porte-parole du RN Laurent Jacobelli.


Justine FAURE

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