ELECTIONS - Lors d'une convention organisée dimanche à Paris, Marine Le Pen a livré les grandes lignes de la stratégie du Rassemblement national (RN) pour renforcer ses positions lors des municipales, avec l'objectif de la présidentielle en vue. Avec des têtes de listes fortement renouvelées, elle veut cibler la politique d'Emmanuel Macron et ouvrir le champ aux électeurs de droite.
Des municipales stratégiques pour aborder en position de force la mère de toute les batailles : la présidentielle de 2022. Marine Le Pen a brossé dimanche, lors d'une convention du Rassemblement national à Paris, les grands traits de sa stratégie pour la longue séquence électorale qui s'ouvre, municipales en 2020, départementales et régionales en 2021, avant les échéances nationales qui suivront.
"Le combat municipal n'est pas une corvée mais une séquence territoriale qui va durer un an" et doit "conduire le peuple au pouvoir", a averti la présidente du RN devant les cadres de son mouvement. Malgré la mémoire de sa défaite à l'élection présidentielle de 2017, la patronne du RN ne part pas de rien. Son parti s'est relevé tant bien que mal, s'est offert un nouveau nom, un état-major renouvelé, et Marine Le Pen a conforté son leadership en interne avec le bon score de ce dernier aux élections européennes de 2019.
📹 « Ce combat, tout particulièrement le combat municipal, n’est pas une corvée mais une opportunité ; pour un patriote français, il n’est pas une option mais une obligation. » #Municipales2020 pic.twitter.com/T7nya3pCIU — Marine Le Pen (@MLP_officiel) January 12, 2020
Renforcer les bastions, rajeunir les têtes de listes
Après la conquête de 14 municipalités en 2014, le mouvement de Marine Le Pen ne s'est pas fixé officiellement d'objectifs chiffrés mais il pourrait envisager de gagner entre une cinquantaine et près de 200 communes, selon les estimations faites par France Inter et Le Monde sur la base des scores réalisés aux élections européennes. Avec 600 candidats, soit autant qu'en 2014, le RN compte s'appuyer sur ses bastions - et la défense de son bilan dans ces villes - pour irriguer dans d'autres secteurs où les électeurs l'ont placé en tête lors des dernières échéances électorales. Il pourrait également s'offrir des percées, comme en Occitanie, où il était jusqu'ici faiblement représenté.
"Nous souhaitons défendre notre bilan et montrer que notre gestion est bonne dans ces municipalités", indique à LCI le vice-président du RN Jordan Bardella, qui était tête de liste du parti lors des élections européennes. "Nous n'avons pas eu de voitures brûlées dans nos villes le soir du réveillon", ajoute-t-il à titre d'illustration, en référence aux 1457 véhicules incendiés dans toute la France au soir de Noël, un bilan cité dimanche par Marine Le Pen.
Confronté à un important "turn over" d'élus locaux - un tiers ont démissionné en cours de mandat, selon le JDD -, le mouvement mise en outre sur un fort rajeunissement de ses têtes de listes, à l'image d'Andréa Kotarac à Lyon, un trentenaire issu de La France insoumise. Un choix logique aux yeux de Jordan Bardella, puisque le mouvement a fait élire "le plus jeune député en 2012 et le plus jeune sénateur en 2014", et que ces nouvelles recrues "ont fait leurs preuves partout".
Tendre la main aux électeurs de droite
A la différence du scrutin des européennes, les élections municipales se jouent à deux tours. Le RN connaît l'importance des alliances qui pourraient, à l'issue du premier, lui ouvrir des portes afin de participer à des majorités municipales. Bloqué par l'absence de rapprochement entre les appareils politiques - la ligne des Républicains n'a pas changé à ce sujet -, le mouvement préfère poursuivre sa stratégie de main tendue en direction des électeurs et des nombreux élus locaux de droite susceptibles de traverser le Rubicon en dépit des consignes de leurs états-majors.
A ce titre, Marine Le Pen leur a lancé un message dimanche. "J'appelle les électeurs Les Républicains à ouvrir les yeux, c'est cruel mais nécessaire, sur les alliances nombreuses de leur mouvement avec le parti d'Emmanuel Macron [aux municipales]. Ils leur avaient fait croire qu'ils lutteraient contre sa politique alors qu'ils en sont les marchepieds, à défaut d'en être les paillassons", a déclaré la présidente du RN.
Jusqu'ici, les cas d'alliances entre élus LR de premier plan et RN restent rares. C'est le cas, notamment, de l'ancien patron des Républicains de l'Hérault Sébastien Pacull, à Sète. "Ces rapprochements ne viendront pas forcément de têtes de listes, mais souvent d'élus divers droite placé en 2e ou en 3e place sur la liste", estime Jordan Bardella. Pour cela, nous indique-t-il, le mouvement a réactivé la plateforme lancée avant les européennes par Thierry Mariani et Jean-Paul Garraud, deux transfuges de LR, afin d'établir des passerelles avec ces élus de droite déçus.
Emmanuel Macron en ligne de mire
Marine Le Pen a donné le ton de la campagne que le RN entend conduire jusqu'aux élections municipales. "Au fil des jours, le macronisme que nous combattons se dévoile tel qu'il est, tel que nous l'avions décrit : cynique, arrogant, souvent blessant et de plus en plus violent, tout en état inefficace", a déclaré dimanche l'ancienne candidate à la présidentielle.
"C'est à la condamnation de cette politique et de ses méthodes que j'appelle les électeurs et particulièrement ceux qui souffrent de la politique injuste d'Emmanuel Macron", a ajouté Marine Le Pen, confirmant ainsi que son mouvement ne modifiera pas une tactique qui lui a plutôt bien réussi jusqu'à présent, à savoir la bipolarisation du paysage politique entre "nationaux" et "mondialistes", c'est-à-dire entre le RN et LaREM, au détriment des autres forces politiques.
Immigration et sécurité au cœur du discours
En 2014, en pleine phase de "dédiabolisation" et en quête d'élargissement de son spectre électoral, l'ancien FN avait fait de l'immigration un thème parmi les autres, estimant que son image suffisait à le rendre crédible sur cette thématique. Le ton, en 2020, semble tout autre et marque un retour aux fondamentaux. Une tendance déjà amorcée durant la campagne des européennes. "Un nouveau quinquennat mondialiste nous ferait atteindre des points de non-retour, notamment en matière de submersion migratoire, en matière de désindustrialisation et de dilution de nos capacités économiques nationales", a ainsi lancé Marine Le Pen. La patronne du RN a également ciblé "l'insécurité" qui "pourrit la vie de nos concitoyens" et qui nécessite une "reprise en main". "On ne peut accepter que les agressions mortelles soient traitées comme des faits divers habituels", a-t-elle également affirmé.
Pour le reste, les candidats RN mèneront campagne sur la "fracture territoriale" entre les métropoles - où le parti reste d'ailleurs faible - et la ruralité, espérant ainsi tirer profit du mouvement des Gilets jaunes. L'ancienne candidate à la présidentielle a cité d'autres thématiques classiques comme la défense du "localisme", afin de "privilégier les entreprises et les produits locaux dans les commandes publiques" ou encore la baisse des impôts, sujet traditionnel au sein du parti de Marine Le Pen.
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