Elisabeth Borne nommée Première ministre : la presse pas surprise mais mitigée

M.L (avec AFP)
Publié le 17 mai 2022 à 7h49, mis à jour le 17 mai 2022 à 12h45

Source : JT 20h Semaine

Au lendemain de la passation de pouvoir entre Jean Castex et Elisabeth Borne, la quasi-totalité des journaux y voient un choix de la continuité.
Plusieurs titres se réjouissent toutefois de la nomination d'une femme Première ministre et soulignent le retard de la France vis-à-vis de ses voisins en la matière.

Un "choix de la raison", de l'efficacité et de la continuité : la nomination d'Elisabeth Borne, ancienne ministre du Travail sous le premier quinquennat d'Emmanuel Macron, au poste de Première ministre n'a pas suscité, mardi 17 mai, de remous dans la presse, qui salue cependant le choix d'une femme à Matignon. 

"La femme des défis" titre en Une le quotidien économique Les Echos, Daniel Fortin notant dans son éditorial la continuité dont a fait preuve le président en optant pour cette technocrate issue de l'aile gauche de la Macronie. "Son profil techno, qui la rapproche de son prédécesseur Jean Castex, laisse penser que l'articulation du pouvoir entre les deux têtes de l'exécutif restera très semblable à ce qui a été à l'œuvre depuis deux ans, à savoir une très forte concentration du pouvoir réel à l'Élysée", analyse le journal.

Une lecture partagée par la majorité des journaux, au lendemain d'une nomination qui aura demandé trois semaines. Le Parisien souligne "le choix de la sécurité" d'Emmanuel Macron, quand La Croix qualifie la nouvelle Première ministre de "choix de l'efficacité" à sa Une, accompagnée d'une photo de la ministre souriante, dossiers sous le bras. "Sa nomination à Matignon apparaît parfaitement logique", estime encore Jérôme Chapuis dans son éditorial. Pour le quotidien, il s'agit là "d'une confirmation : Emmanuel Macron n'a pas l'intention de changer sa manière d'exercer le pouvoir dans le quinquennat qui s'ouvre".

Des "réformes difficiles" au programme

"De Jean Castex à Elisabeth Borne, du pareil à la même", titre aussi dans l'un de ses articles Libération. Le quotidien tient à souligner que cette nomination reste "un non-événement politique", décrivant en Une "cette femme de dossiers sans poids politique" et estimant qu'"Emmanuel Macron choisit la continuité"

Le Figaro décrit pour sa part, dans un portrait, une femme "travailleuse mais discrète, de gauche mais capable de faire adopter des réformes chères à la droite", et a le regard tourné vers l'avenir, énumérant les "chantiers" qui attendent Elisabeth Borne si sa nomination est rendue effective. "Elle devra mener des réformes difficiles, dont celle des retraites, sans provoquer la colère du corps social", écrit le journal. 

Ce corps social, L'Humanité s'en fait l'écho. "La casse sociale à Matignon", assène sa Une. Pour le quotidien communiste, la pilule des réformes de l'assurance-chômage, et surtout des retraites n'est pas passée. "Le véritable chef du gouvernement se trouve à l’Élysée. La première ministre n’est là que pour exécuter sa volonté. La seule surprise ne peut désormais venir que des législatives, avec la perspective d’une victoire de la Nupes", la Nouvelle union populaire écologique et sociale de Jean-Luc Mélenchon, assure le quotidien.

Les journaux régionaux ont, eux, choisi la sobriété. La Dépêche titre : "Elisabeth Borne Première ministre" ; L'Ardennais : "Elisabeth Borne à Matignon" et le Télégramme : "Première ministre", avec une simple photo de la polytechnicienne. Ouest-France reste sur cette même ligne. 

Si les réactions sur son bilan en tant que ministre du Travail sont partagés, la presse s'accorde sur une chose : la nomination d'une femme est bienvenue. Le Midi Libre y voit un "choix de raison", et se réjouit de "l'installation d'une femme à Matignon". "Tout en regrettant, surtout, une attente de 31 ans depuis Édith Cresson qui en dit long sur les pratiques politiques dans ce pays".

Dans une interview au Journal du Dimanche le 15 mai, la première femme à occuper ce poste avait fustigé une classe politique machiste en France. L'inquiétude se lit aussi dans les pages de Libération : "Malheureusement, la question n'est (...) pas de savoir si Elisabeth Borne subira un jour un dérapage sexiste, mais quand…"

L'Opinion se montre également sévère et souligne le retard de la France en matière de promotion féminine "alors que cinq pays de l'Union européenne sont dirigés par des femmes, que Angela Merkel est restée plus de seize ans à la tête de l'Allemagne, que Margaret Thatcher a conduit d'une main de fer la Grande-Bretagne plus de onze ans". Même constat dans les colonnes du Parisien, dont l'éditorial voit dans cette nomination "la correction d'une anomalie" et "un symbole fort".


M.L (avec AFP)

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