À LA LOUPE – Invité sur LCI, le chef de file des députés LR Bruno Retailleau s'est ému d'une comparaison qu'aurait réalisé le président de la République entre guerre d'Algérie et Shoah. Une déformation des propos d'Emmanuel Macron, comme le lui a fait remarquer Élizabeth Martichoux.
Bruno Retailleau s'exprimait ce mercredi dans la matinale de LCI. Le président du groupe Les Républicains au Sénat a tenu à exprimer son opposition à des propos prêtés à Emmanuel Macron. Il lui reproche en effet "une comparaison hasardeuse" entre la Guerre d'Algérie et la Shoah. "Quelle est la phrase exacte ?", interroge Bruno Retailleau. "C'est : 'La guerre d'Algérie a à peu près le même statut [aux yeux du président de la République] que la Shoah pour Jacques Chirac.'"
Élizabeth Martichoux a immédiatement réagi, rétorquant à l'élu LR : "Non non, ce n'est pas la phrase exacte". "Il les a comparés", insiste Bruno Retailleau, avant que la journaliste précise que ce rapprochement a été effectué "dans le statut de travail mémoriel".
Quelle est la citation exacte ?
Le chef de file des sénateurs LR a-t-il raison d'évoquer une "comparaison", effectuée sur ces deux sujets sensibles par Emmanuel Macron ? Pour y voir plus clair, il faut se pencher sur le verbatim exact de ses déclarations. Les propos du président ont été tenus lors d'un trajet en avion il y a quelques jours, au retour d'Israël. Étaient présents trois journalistes, représentants du Figaro, de Radio J et du Monde.
Un article publié par le quotidien permet de découvrir les citations exactes attribuées au chef de l'État et sur le contexte de l'entretien, au cours duquel il est "longuement revenu sur son approche de l’histoire et sa traduction en discours et en gestes". "Les sujets mémoriels sont au cœur de la vie des nations. Qu’ils soient utilisés, refoulés ou assumés, ils disent quelque chose de ce que vous voulez faire de votre pays et de votre géopolitique", a notamment indiqué Emmanuel Macron, avant de poursuivre : "Je suis très lucide sur les défis que j’ai devant moi d’un point de vue mémoriel, et qui sont politiques. La guerre d’Algérie est sans doute le plus dramatique. Je le sais depuis ma campagne. Il est là, et je pense qu’il a à peu près le même statut que la Shoah pour Chirac en 1995."
"Jurisprudence mémorielle"
En résumé, le président n'établit pas de parallèle entre les faits qui se sont produits, mais estime qu'il est nécessaire aujourd'hui en France de procéder à un travail de mémoire digne de ce nom au sujet de la guerre d'Algérie. Cette mission, dont il s'investit, est selon lui proche de celle que s'était attribué Jacques Chirac en son temps lorsqu'il avait reconnu la responsabilité de l'État français dans la déportation des juifs de France.
"Il ne s'agit en aucun cas pour le président de la République de comparer la Shoah et la guerre d'Algérie", a réagi l'entourage d'Emmanuel Macron mercredi auprès de LCI. "Cela n'a évidemment aucun sens. Il ne conteste ni la spécificité ni l'unicité de la Shoah. La comparaison porte sur cette notion de jurisprudence mémorielle."
Après avoir été repris par Élizabeth Martichoux, Bruno Retailleau a d'ailleurs légèrement revu ses propos. "Vous ne pouvez pas, quand vous êtes président de la République, établir ce type de parallèles, y compris dans l'ordre mémoriel", a-t-il glissé.
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