Sa première prise de parole depuis l'utilisation du 49.3 pour la réforme des retraites était attendue.Interrogé au 13H de TF1, Emmanuel Macron ne semble pas avoir réussi à calmer les colères."Impuissance", "échec", "mensonge", "mépris"... Oppositions et syndicats ne mâchent pas leurs mots.
Il n'a pas lâché de lest sur la réforme des retraites, alors les oppositions sont toujours aussi remontées. Interrogé au 13H de TF1 ce mercredi pour la première fois depuis l'utilisation du 49.3, Emmanuel Macron a répété que le report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans était "nécessaire". Il n'a reconnu qu'une seule erreur - ne pas avoir réussi à convaincre plus largement - et assuré que le texte entrerait en vigueur d'ici à la fin de l'année. Des propos immédiatement dénoncés par l'ensemble des oppositions.
À droite, les Républicains se sont déchirés sur la réforme puis la motion de censure. Mais ils sont unanimes face à Emmanuel Macron. "En contournant le Parlement dont il a peur parce qu'il y est minoritaire, le président de la République avoue son impuissance politique", réagit sur Twitter le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau. Les solutions proposées par le chef de l'État ne sont "pas à la hauteur de la crise politique et économique que nous vivons", fustige de son côté Éric Ciotti, président des Républicains. "L'échec du gouvernement est en premier lieu celui du chef de l'État qui n'a pas su convaincre les Français de la nécessité d'une telle réforme."
"Un homme de plus en plus seul", affirme Marine Le Pen
À l'extrême droite de l'hémicycle de l'Assemblée nationale, les propos sont encore plus virulents. "Le rôle d'un président de la République est de s'adresser à tous, sans exclusion ni mépris, et de trouver les mots pour rassurer et rassembler", estime Marine Le Pen à l'occasion d'une conférence de presse. "Ce midi, nous avons entendu des propos mécaniques d'un homme apparemment de plus en plus seul, qui semble avoir perdu tout sens du réel, tout contact avec le monde extérieur", fustige l'ex-présidente du Rassemblement national, qui s'en prend également à la Première ministre. "Le gouvernement a gagné - ou n'a pas perdu de neuf voix -, mais Madame Borne sort pulvérisée de cette séquence."
De l'autre côté de l'échiquier politique, le ton n'est pas plus tendre. Le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, dénonce les "traditionnelles marques de mépris" d'Emmanuel Macron, estimant que le chef de l'État "vit en dehors de toute réalité". "Comment peut-on, alors que le pays s'enfonce dans une impasse, [...] mentir avec autant d'arrogance, comme à ces moments où il nous dit qu'il faut tenir compte de la pénibilité, de l'usure du corps au travail, alors même qu'il vient de retirer des critères de pénibilité l'exposition aux matières chimiques ?"
La CFDT dénonce "déni" et "mensonge"
"C'est hallucinant. Il est dans un déni absolu", martèle son allié de la Nupes, Olivier Faure, patron du PS. "Je crains qu'il n'ait mis plus d'explosif sur un brasier déjà bien allumé. Il n'a plus de jus, n'a plus rien à raconter. Il ressert 100 fois les mêmes recettes. Il cherche le pourrissement, y compris en disqualifiant les syndicats."
Les syndicats, justement, sont remontés, à la veille de leur neuvième journée de mobilisation. À l'occasion de son interview, Emmanuel Macron a affirmé que le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, "était allé devant son congrès en proposant d'augmenter les durées" et "avait cette volonté de faire travailler davantage". "Déni et mensonge", fustige le principal concerné. "La CFDT a un projet de réforme des retraites. Macron 2019 l'avait compris, il avait repris notre ambition d'un système universel. Macron 2023 refait l'histoire et ment pour masquer son incapacité à trouver une majorité pour voter sa réforme injuste."
Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, estime, lui, que les propos du chef de l'État sont "du foutage de gueule" et du "mépris" vis-à-vis des "millions de personnes qui manifestent". "C'est lunaire cette interview. C'est : 'Tout va bien, je fais tout bien, il ne se passe rien dans la rue'", dénonce-t-il. "C'est grave. Il n'y a aucune réponse."
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