Emmanuel Macron devant le Congrès, une promesse abandonnée depuis trois ans

Publié le 1 juillet 2021 à 18h55
Le 9 juillet 2018, Emmanuel Macron s'exprimait pour la deuxième et dernière fois devant le Congrès, à Versailles.
Le 9 juillet 2018, Emmanuel Macron s'exprimait pour la deuxième et dernière fois devant le Congrès, à Versailles. - Source : CHARLES PLATIAU / POOL / AFP

PARLEMENT - À son élection, Emmanuel Macron avait promis de se présenter chaque année devant les députés et sénateurs réunis en Congrès à Versailles. Une démarche pourtant abandonnée depuis 2019, dont on reparle aujourd'hui.

L'antique salle du Congrès, attenante au château de Versailles, pourrait-elle servir à nouveau d'ici à la fin du quinquennat ? Alors qu'Emmanuel Macron réfléchit à la façon dont il présentera les derniers chantiers de son mandat, d'ici au 14 juillet, des sources ont évoqué la possibilité d'une interview, ou alors, seconde option, d'un discours devant les 577 députés et les 348 sénateurs réunis en Congrès, une pratique républicaine rare, mais ancienne, qui se déroule traditionnellement à Versailles. 

Prévue par la Constitution, la convocation du Congrès peut être prononcée dans la perspective d'une révision de la Constitution, mais aussi, depuis 2008, lorsque le chef de l'État souhaite s'exprimer devant les parlementaires, dans le cadre d'un discours qui peut être suivi d'un débat sans vote. François Hollande y avait eu recours après les attentats de novembre 2015 et sa décision d'instaurer l'état d'urgence. 

Emmanuel Macron, quant à lui, avait semblé faire sienne cette pratique, en convoquant le 3 juillet 2017, sitôt après les élections, députés et sénateurs. "Tous les ans, je reviendrai devant vous pour rendre compte", avait-il alors promis aux parlementaires. Mais cette forme d'adaptation du "discours sur l'état de l'union" américain (et européen), réitérée le 9 juillet 2018, a été mise au placard par la suite. 

"Il s'était engagé à le faire chaque année, il a oublié pendant trois ans de le faire. Encore faut-il qu'il ait quelque chose à proposer et à dire", ironisait à ce titre le président du Sénat, Gérard Larcher, jeudi matin sur Europe 1.

Annoncer les grandes lignes d'un projet

En 2017, le nouveau président avait choisi de présenter les grands contours de son quinquennat devant le Congrès, principalement pour détailler son projet de révision constitutionnel, qui devait aboutir à la réduction du tiers des membres des deux assemblées, à la réforme du droit de pétition, à l'introduction d'une dose de proportionnelle aux élections législatives et à la suppression de la Cour de justice de la République. Une réforme constitutionnelle qui a été ajournée tout au long du quinquennat, faute d'accord avec le Sénat. 

Il avait aussi présenté les conditions de sortie de l'état d'urgence instauré sous François Hollande dans le contexte terroriste. La séance, organisée à la veille du discours de politique générale de l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, avait été boycottée par les députés insoumis et fortement critiquée par l'opposition. 

L'année suivante, Emmanuel Macron s'était à nouveau présenté devant les députés et sénateurs dans un contexte politique moins favorable au président de la République. Il avait alors détaillé, chapitre par chapitre, les étapes de son quinquennat, de la réduction des dépenses publiques à l'éducation en passant par l'immigration, la pauvreté, l'Europe et le terrorisme. Là encore, ses ambitions avaient été sérieusement bouleversées par les deux crises, celle des Gilets jaunes (automne 2018) puis la crise sanitaire (depuis mars 2020). 

À cette occasion, il s'était à nouveau engagé à se présenter chaque année devant le Congrès et souhaitait même renforcer ce cadre en demandant au gouvernement de déposer un amendement constitutionnel permettant au chef de l'État non seulement de pouvoir s'exprimer devant le Parlement, mais aussi de pouvoir répondre aux interpellations. 

Et puis plus rien. Ces ambitions ont été reléguées l'année suivante. Après la crise des Gilets jaunes et ses nombreuses interventions publiques lors du Grand débat national au printemps 2019, Emmanuel Macron avait laissé la main à Edouard Philippe, chargé de présenter "l'acte II" du quinquennat à l'occasion d'un discours de politique générale. L'exécutif avait alors expliqué que l'intervention présidentielle devant le Congrès était simplement "reportée". Elle n'a finalement jamais eu lieu. Idem en juillet 2020, année rythmée par de nombreuses allocutions au sujet de la crise sanitaire, et par le retour de l'interview du 14 juillet, tradition qu'Emmanuel Macron avait laissée de côté depuis son élection. 


Vincent MICHELON

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