Emmanuel Macron en Corse, un pas supplémentaire vers une autonomie de l'île ?

par J.F
Publié le 27 septembre 2023 à 18h08, mis à jour le 28 septembre 2023 à 8h29

Source : JT 20h Semaine

Emmanuel Macron entame mercredi soir une visite de deux jours en Corse.
Le président de la République pourrait faire des annonces sur une éventuelle autonomie de l'île.
À condition que toutes les forces politiques locales s'accordent sur une réforme institutionnelle.

La Corse, bientôt autonome ? Le président de la République s'était dit ouvert à cette possibilité en mars 2022, après la mort de l'indépendantiste Yvan Colonna suite à son agression en prison, et les manifestations qui avaient suivi dans l'île. Emmanuel Macron pourrait faire des annonces en ce sens au cours d'une visite de deux jours sur l'île de Beauté, qu'il a entamée mercredi soir. Après un dîner républicain avec des élus locaux, à Ajaccio, il effectue un discours très attendu ce jeudi matin à l'assemblée de Corse, qui viendra clore plusieurs mois d'échanges entre élus corses et représentants de l'État.

"Tout n'est pas encore stabilisé, mais le président dira certainement qu'il est prêt à envisager une évolution institutionnelle conforme au cadre républicain", a fait savoir l'Élysée. Il faudra pour cela trouver un accord entre les différentes forces politiques - nationalistes, gouvernement et droite corse. À l'heure actuelle, Emmanuel Macron et la droite n'accepteront pas de créer un statut d'autonomie tel que le souhaitent les nationalistes, fixant parmi leurs lignes rouges la demande d'un statut de résident pour les Corses et des accès prioritaires à l'emploi.

"Le président va se rendre en Corse à ce moment crucial où nous pensons qu'un accord peut être possible entre une majorité des groupes qui siègent à l'Assemblée de Corse pour engager les discussions institutionnelles conformes au cadre républicain", a indiqué l'Élysée, assurant que le "souhait" de l'exécutif était "de trouver un accord permettant de passer à des réponses plus concrètes".

De la difficulté d'une révision constitutionnelle

Les nationalistes ont adopté le 5 juillet dernier un projet d'autonomie plaidant pour un pouvoir législatif dans tous les domaines sauf le régalien, pouvoir qui serait confié à l'Assemblée de Corse, où ils occupent les trois quarts des sièges. Ils veulent également un statut de résident, la co-officialité de la langue corse et l'inscription de la notion de peuple corse dans la Constitution. Mais dans le même temps, un second texte de l'opposition minoritaire de droite, qui réclame un simple "pouvoir d'adaptation" des lois françaises aux spécificités corses, a par ailleurs été transmis au président.

Un compromis entre toutes les forces politiques, notamment la droite, est primordial. En effet, le chef de l'État aura besoin d'une majorité des trois-cinquièmes, et donc des Républicains, au Congrès (Assemblée nationale et Sénat réunis) pour réformer la Constitution. D'où sa demande, au préalable, d'un accord politique dans l’île entre nationalistes et opposition de droite.

"Il n'y aura pas d'accord", prévient la droite

À l'heure actuelle, la droite corse et les indépendantistes de Core in Fronte contredisent l'optimisme élyséen. Paul-Felix Benedetti, leader de Core in Fronte, a annoncé qu'il ne participerait pas au dîner avec le président Macron mercredi soir, jugeant ces déclarations de la présidence sur un possible accord "contraire aux attentes des Corses". "Il n'y aura pas d’accord" entre élus insulaires nationalistes et de droite, a renchéri auprès de l'AFP Jean-Martin Mondoloni, président du groupe de droite d'opposition. "Nous demandons à 'adapter' la loi, les nationalistes veulent l'adopter'. Les points de vue sont tellement distants qu'on ne peut pas nous faire injonction de nous entendre avant que le président n'arrive", a-t-il insisté.


J.F

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