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Emmanuel Macron est-il "le premier Président à ne pas souhaiter clairement que la Nouvelle-Calédonie reste française" ?

Publié le 12 décembre 2021 à 13h06
Emmanuel Macron est-il "le premier Président à ne pas souhaiter clairement que la Nouvelle-Calédonie reste française" ?

Source : Theo Rouby / AFP

RÉFÉRENDUM - Eric Ciotti a regretté ce dimanche qu'Emmanuel Macron n'ait pas "clairement souhaité" que la Nouvelle-Calédonie reste française, l'accusant d'être "le premier Président" à avoir cette position. C'est faux.

L’opposition ne cesse de clamer que la Nouvelle-Calédonie doit "rester française". En tête de gondole, Eric Ciotti. Alors que se clôturait le référendum sur l'autodétermination, avec une victoire très large du "non" à l'indépendance, celui qui est arrivé deuxième à la primaire de la droite a souhaité que le scrutin "confirme l'adhésion des Néocalédoniens à la France". Une opinion claire et tranchée. Soit, radicalement opposée à celle d'Emmanuel Macron, qui plaide pour la "neutralité" de l'État.

Une stratégie qui a "abasourdi" l'élu LR des Alpes-Maritimes. Sur Europe 1, il a accusé Emmanuel Macron d'être "le premier président de la République à ne pas souhaiter clairement, de façon explicite, que la Nouvelle-Calédonie reste française". Qu'en est-il réellement ? 

Concentré sur "le jour d'après"

Emmanuel Macron s'est exprimé sur le sujet pas plus tard que jeudi dernier. Interrogé sur la question ce 9 décembre après son discours sur la présidence française de l'Union européenne, le locataire de l'Élysée a rappelé qu'à ses yeux, son rôle "n'est pas d'être dans un camp". Car son "rôle à jouer" est tout d'abord celui d'organiser les différents scrutins "conformément à ce qui avait été écrit et prévu". Puis, "de bâtir le jour d'après", "quel que soit le choix fait lors de ce référendum". 

Un désir de neutralité qu'Emmanuel Macron porte depuis le premier jour de son mandat. Dès mai 2018, il avait annoncé à Nouméa qu'il ne prendrait "pas parti dans ce référendum". Non pas "pour [se] soustraire à une responsabilité, mais parce que ça n'est justement pas [sa] responsabilité". Une parole répétée en novembre 2018, lorsqu'il notait son désir de "stricte neutralité de l'État dans cette consultation"

Ne pas prendre parti... Mais ne pas non plus laisser planer le doute sur son opinion personnelle. Depuis son discours à Nouméa, Emmanuel Macron n'a cessé de marteler que "la France serait moins belle" sans ce territoire. Ainsi, quelques mois plus tard lors des assises des Outre-Mer, le chef de l'État avait tenu à dire "avec beaucoup d'émotion et une conviction renouvelée que, à coup sûr, la France serait moins grande et moins belle sans la Nouvelle-Calédonie". Des propos assumés à nouveau ce jeudi. Par ailleurs, après les résultats de la deuxième consultation en faveur d'un maintien dans la France, Emmanuel Macron avait signifié son "immense fierté (...) que la majorité des Calédoniens ait choisi la France".

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Des messages subliminaux qui ne sont pas une position "explicite", comme l'a noté Eric Ciotti. Mais qui ne sont pas non plus inédits. Cette impartialité est l'héritage direct de la politique de François Hollande sur le sujet. Le 16 novembre 2014, lors de sa première visite sur ce territoire du Pacifique sud, l'ancien locataire de l'Élysée avait refusé de prendre position, estimant qu'il appartenait aux Néocalédoniens de faire le choix de leur avenir. "La solution, personne ne la connait encore. C'est vous qui allez la formuler. Et la France sera à vos côtés", avait-il ainsi lancé lors de son discours, rappelant que l'accord de Nouméa avait fait "de l'État un arbitre", et non pas un sujet. 

Une attitude qui agaçait déjà à l'époque. Le Premier ministre de l'époque, Jean-Marc Ayrault, avait dû rappeler face à l'opposition que "l'État est impartial et neutre et respecte l'esprit et la lettre de l'accord de Nouméa". 

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Felicia SIDERIS

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