Le futur Premier ministre en sera chargé : qu'est-ce que la planification écologique souhaitée par Macron ?

par Emilie ROUSSEY
Publié le 5 mai 2022 à 17h27, mis à jour le 5 mai 2022 à 18h07

Source : JT 20h WE

Emmanuel Macron a annoncé le 17 avril vouloir charger son prochain Premier ministre de "la planification écologique".
À ses côtés, seront nommés deux ministres pour la planification énergétique et la planification territoriale de la transition écologique.
Interrogé par TF1info, le directeur général de l'Iddri explique cette planification en quatre piliers.

"La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas". Emmanuel Macron l'a promis le 17 avril dernier lors d'un discours organisé à Marseille entre les deux tours de l'élection présidentielle, il nommera un Premier ministre "directement chargé de la planification écologique". 

Fraîchement réélu, le chef de l'État a réuni mercredi plusieurs experts du climat pour réfléchir à la mise en œuvre de cette planification pour laquelle seront nommés, en plus du locataire de Matignon, un ministre en charge de la planification énergétique et un ministre de la planification territoriale. Mais que signifie cette planification écologique et que va-t-elle changer pour la politique climatique menée par le prochain gouvernement ? 

Interrogé par TF1info, Sébastien Treyer, directeur général de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), explique que cette planification écologique se décline en quatre points, à commencer par "des objectifs à long terme impératifs portés par une volonté politique forte". Le prochain gouvernement devra par exemple "réaffirmer sa volonté de souscrire aux objectifs définis par le Pacte Vert européen", selon lui, comme la neutralité climatique en 2050. 

"Si on ne résout pas la crise démocratique, on n'aura pas la planification écologique"

Le deuxième pilier de cette planification écologique sera "la mobilisation de financements publics, après laquelle viendront avec un effet de levier les financements privés", et le troisième, la "mobilisation des acteurs de la société civile". Ce point est "le plus difficile et essentiel" puisqu'il implique de faire participer les citoyens. "Si on ne résout pas la crise démocratique, on n'aura pas la planification écologique, les deux sont connectés", estime Sébastien Treyer. 

Cela pourra passer pas des dispositifs de jury citoyens ou l'organisation de grandes assemblées composées de personnes de la société civile, comme cela a été le cas avec la Convention citoyenne pour le climat. "Emmanuel Macron et son entourage ont été un peu échaudés par la convention citoyenne, mais il va falloir qu'il y retourne", ajoute le directeur de l'institut. 

Des sanctions pour plus de crédibilité

Sur la mobilisation des citoyens, le ministre en charge "de la planification écologique territoriale" pourrait avoir un rôle clé, car "derrière le mot planification, les gens peuvent voir ce qui semble être une organisation administrative faite depuis Paris, or il ne s'agit pas uniquement de cela", assure-t-il. Ce ministre devra gérer "l'agenda de décentralisation massive", et œuvrer pour "changer nos moyens de se déplacer au quotidien", "réinvestir sur le fluvial et le fret ferroviaire", "accélérer la rénovation des logements, au moins 700.000 par an sur les 5 ans qui viennent", ou encore "agir pour la qualité de l'eau, de l'air, de l'alimentation" avait précisé Emmanuel Macron le 17 avril. 

Enfin, le dernier point de la planification écologique doit être la mise en place d'un "suivi exigeant" des objectifs, assorti d'une "crédibilité", pour Sébastien Treyer. "Si on n'arrive pas à tenir l'objectif, il y aura une sanction, pas forcément au sens d'une pénalité juridique, mais que ce sera sanctionné, de cette façon on crédibilise l'objectif en fin de période", explique-t-il, avant de souligner qu'il "y a eu par le passé trop de plans qui ont fini par échouer, car on n'avait pas de crédibilité sur la sanction". "Le but n'est pas de faire payer dès demain, mais de dire 'vous devez vous mettre en mouvement dès maintenant car le non changement sera sanctionné d'ici à 5, 10, ou 15 ans.'"

"La priorité politique de l'écologie monte d'un cran"

Alors que lors de son premier mandat, Emmanuel Macron avait nommé des ministres en charge de la transition écologique, il a annoncé cette fois-ci vouloir en plus demander à son Premier ministre de gérer de la planification écologique. Un changement "important" pour le directeur général de l'Iddri. 

"Les ministres Pompili, Borne, ou de Rugy avaient le plus haut rang protocolaire dans l'ordre de l'État (...) mais la priorité de la transition écologique était vue comme quelque chose contre lequel on pouvait arbitrer pour favoriser un autre ministère. En mettant la mission de transition écologique auprès du Premier ministre, cela l'oblige à rendre des comptes lui-même sur l'atteinte des objectifs de transition écologique et les arbitrages interministériels qui sont pris, semaine après semaine" analyse Sébastien Treyer. Il ajoute que "cela fait monter d'un cran la priorité politique de l'écologie qui auparavant était finalement une parmi d'autres au sein du gouvernement."

Le nom du prochain Premier ministre sera connu après le 13 mai, date à laquelle le premier mandat d'Emmanuel Macron se terminera. 


Emilie ROUSSEY

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