Le chômage a-t-il augmenté de 30% quand Xavier Bertrand était ministre du Travail ?

Publié le 14 septembre 2021 à 18h28
En tant que ministre, Xavier Bertrand a dû faire face à la crise financière de 2009.

En tant que ministre, Xavier Bertrand a dû faire face à la crise financière de 2009.

Source : Pascal GUYOT / AFP

BILAN - Christophe Castaner a attaqué, mardi, le bilan de Xavier Bertrand en matière d'emploi lorsque ce dernier était membre du gouvernement Fillon. Le chiffre qu'il avance s'avère toutefois sujet à caution.

Désormais président du groupe La République En Marche à l'Assemblée Nationale, Christophe Castaner a critiqué le bilan de Xavier Bertrand en tant que ministre, lorsque Nicolas Sarkozy était au pouvoir. Le candidat déclaré à la prochaine présidentielle et figure des Républicains a été visé directement par le représentant de la majorité : "Qui a été ministre du Travail quand le chômage augmentait de 30% ?  Face à un tel bilan, il vaut mieux espérer l'amnésie collective !", a asséné Christophe Castaner, ce mardi 14 septembre sur France 2.

Lorsque l'on se penche sur ces affirmations, on observe que les chiffres du chômage ont encore davantage augmenté durant les 5 ans de Xavier Bertrand au gouvernement. Pour autant, il convient de rappeler dans quel contexte sont intervenues ces hausses, le monde ayant été en 2009 très largement secoué par la crise financière.

Figure centrale des gouvernements Fillon, Xavier Bertrand a tout d'abord été nommé ministre du Travail, des Relations sociales, de la Solidarité et de la Famille (de mai 2007 à janvier 2009), avant de retourner au gouvernement en tant que ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé de novembre 2010 à mai 2012. 

Lors de sa prise de fonctions, on comptait en France 1.956.450 chômeurs de catégorie A, parmi un total de 3.464.580 chômeurs toutes catégories. Lorsque le gouvernement Ayrault est arrivé aux responsabilités, ces chiffres avaient nettement augmenté : 2.780.440 personnes en catégorie A, pour 4.888.260 toutes catégories confondues. Durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, le nombre de chômeurs a donc augmenté de manière massive : respectivement de 42% et 41% selon l'indicateur retenu. Soit plus que les 30% de hausse évoqués par Christophe Castaner.

Pour autant, si l'on s'en tient au taux de chômage (tel que le définit le BIT, le Bureau international du travail), on remarque que l'on est passé de 8,1% de chômeurs au printemps 2007, à 9,7%  cinq ans plus tard. Soit une évolution de +19,7%. Dès lors, selon le référentiel choisi, le constat se révèle assez différent. Or Christophe Castaner évoque une hausse générale du chômage, sans préciser à quels indicateurs il se réfère. On peut donc tout autant observer qu'il minimise la hausse du nombre de chômeurs,  ou qu'il exagère celle du taux de chômage.

Xavier Bertrand n'était pas seul en charge de l'emploi

Seule certitude : les gouvernements Fillon n'ont pas réussi à atteindre l'objectif de 5% de chômeurs fixé initialement par Nicolas Sarkozy. Il faut néanmoins rappeler que Xavier Bertrand a quitté temporairement l'exécutif, de décembre 2008 à novembre 2010, occupant alors le poste de secrétaire général de l'UMP (devenue par la suite LR). Il n'a donc pas été aux manettes durant toute la durée du quinquennat. Par ailleurs, soulignons que d'autres ministres et secrétaires d'État étaient, eux aussi, en charge des problématiques liées à l'emploi. Un certain Laurent Wauquiez fut notamment secrétaire d'État chargé de l'Emploi de mars 2008 à novembre 2010.

En parallèle, lorsque l'on se replonge dans le contexte de l'époque, il est impossible de faire abstraction de la crise financière qui a touché le monde en 2009. Des événements que la majorité de l'époque n'avait pas manqué de brandir pour défendre son bilan et justifier son échec à résorber le chômage de masse. Difficile, dans une période de pareil trouble d'imputer aux uns ou aux autres des responsabilités, mais La Tribune rappelait en 2012 que "les chiffres du bureau européen de la statistique Eurostat", permettaient de mettre en lumière le manque d'efficacité des responsables politiques français en matière d'emploi. À cette époque, "à l'exception de l'Espagne, où le taux de chômage dépasse les 20%, la France enregistre la plus mauvaise performance des pays qui lui sont comparables dans la zone euro".

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Ludovic Subran, chef économiste de l'assureur-crédit Euler Hermes cité par le journal économique, se montrait d'ailleurs très critique, estimant que "le fait que le chômage soit revenu à ses niveaux d'il y a dix ans est à imputer pour moitié à la conjoncture et pour l'autre aux très mauvaises politiques publiques mises en œuvre pour replacer l'emploi au centre des préoccupations". À contrario, le directeur des statistiques de Pôle emploi, Bernard Ernst, estimait qu'observer de telles pertes d'emplois n'avait rien de surprenant au regard de la violence de la crise. "Le PIB a reculé de 2,2%, du jamais vu depuis l'après-guerre", indiquait-il en 2009.

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Thomas DESZPOT

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