Emmanuel Macron n'exclut pas de dissoudre l'Assemblée nationale en cas de blocages sur la réforme des retraites.Une manière d'appeler les oppositions à la responsabilité, en particulier Les Républicains.
"Ce qui se joue c'est l'autorité de votre serviteur et je ne vais pas la lâcher au bout de six mois", a indiqué Emmanuel Macron aux participants du dîner qui a réuni des leaders de la majorité mercredi soir et dont l'objet était la réforme des retraites. À l'issue, la Première ministre Elisabeth Borne a indiqué que le gouvernement rouvrait un cycle de concertations pour l'adoption d'un projet de loi "avant la fin de l'hiver" et une application à l'été 2023. Et si tout ne se passe pas bien, le chef de l'État pourrait aller jusqu'à une dissolution de l'Assemblée nationale.
Une telle décision interviendrait si l'exécutif est obligé d'utiliser le 49-3 sur ce texte et que l'opposition dépose et vote une motion de censure dont la conséquence serait la démission du gouvernement. "Si toutes les oppositions se coalisaient pour adopter une motion de censure et faire tomber le gouvernement, [le président de la République] s'en remettrait aux Français et les Français trancheraient et diraient quelle est la nouvelle majorité qu’ils veulent", a confirmé sur LCI le ministre du Travail Olivier Dussopt.
Pour éviter d'en arriver-là, le président de la République en appelle donc à la responsabilité des oppositions, en particulier des Républicains. Pourquoi eux ? Tout d'abord parce qu'ils sont les seuls à être favorables à une réforme des retraites, quand la Nupes et le Rassemblement national ne veulent pas en entendre parler. Aussi depuis le début du quinquennat, c'est de leur côté que le camp présidentiel, qui ne bénéficie pas de la majorité absolue à l'Assemblée nationale, va chercher du soutien pour faire adopter ses textes. "C’est à eux de choisir et c’est à eux de construire une majorité", a estimé Olivier Dussopt, mettant encore un peu plus de pression sur leurs épaules.
Emmanuel Macron sait aussi qu'en cas de nouvelles élections législatives, Les Républicains n'arriveraient pas à faire réélire autant de députés qu'en juin dernier, et qu'ils verraient les effectifs de leur groupe au palais Bourbon diminuer.
Des signes d'ouverture dans les rangs LR ?
Signe d'ouverture, le président LR du Sénat Gérard Larcher a considéré sur BFMTV cette réforme "indispensable", et estimé que "l'inspiration [de l'exécutif] n’est pas très éloignée de celle" du Sénat, dominé par la droite, qui chaque année dépose un amendement en faveur d'une réforme des retraites.
Olivier Marleix, président du groupe LR à l'Assemblée nationale, a jugé que relancer des concertations était "un progrès". Mais il n’a pas voulu dire si LR voterait un tel projet, préférant attendre le "terme" des discussions. "Il ne peut pas y avoir de réforme sans un minimum de confiance" et il est "hors de question de donner un chèque en blanc", a-t-il prévenu. Sur la menace d’une dissolution pour éviter la "chienlit", selon des propos rapportés d'Emmanuel Macron, Olivier Marleix a estimé que "celui qui met le feu aux poudres en disant 'on va faire la réforme en trois jours', c'est lui".
En revanche, Aurélien Pradié, candidat à la présidence du parti, a comparé Emmanuel Macron à un "prince capricieux" et "impuissant". "Il y a bien longtemps que les petits coups de menton ne nous impressionnent plus. Emmanuel Macron devra faire avec le débat démocratique. Qu’il le veuille ou non."
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