TEMOIGNAGE - Coriolan fait partie des 341 personnes qui ont été interpellées dimanche place de la République à Paris. Après 24 heures de garde à vue, ce professeur lillois est ressorti libre. Il raconte.
Il avait prévu de venir à Paris depuis longtemps pour manifester à l'occasion la COP21. Etat d'urgence oblige, Coriolan a su très vite qu'il ne pourrait pas le faire pour des raisons de sécurité. Pour autant, ce professeur de collège lillois âgé de 30 ans a maintenu son week-end dans la capitale et a participé dimanche dernier à la grande chaîne humaine qui s'est formée dans le 11e arrondissement à la veille du lancement de la conférence climat.
Arrivé en fin de matinée place de la République, Coriolan s'est d'abord retrouvé au cœur de ce rassemblement "calme" et "encadré par les forces de l'ordre". "Les policiers laissaient les gens entrer sur la place de la République et se regrouper. Puis en début d'après-midi, il y a eu une sorte de défilé improvisé autour de la place. C'est à ce moment-là que des groupes sont allés se frotter aux barrages policiers qui étaient mis en place."
Encerclé par les forces de l'ordre
Vers 14h, la place de la République est bloquée. "Apparemment, il y a eu des sommations de se disperser… Mais comme la place était bouclée, c'était compliqué d'obéir, raconte Coriolan. Je me suis finalement retrouvé au milieu d'un groupe de 200 personnes environ, au milieu des CRS. Nous avons demandé à ce qu'on nous laisse 'sortir', en vain. Ils ont commencé par saisir les gens un par un, et à les mettre dans des fourgons."
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A 15h30, Coriolan se voit signifier son placement en garde à vue. A 16h30, il est embarqué avec dix autres personnes au commissariat de la rue de l'Evangile (18e). "On ne va pas se mentir. Dimanche, plusieurs groupes avaient prévu de passer à l'action pour essayer de forcer les barrages de police y compris par la force, c'est leur technique habituelle. Je n'en faisais pas partie, comme la majorité des manifestants qui étaient pacifiques et dont le visage était découvert. Pourtant, je me suis retrouvé au commissariat, j'ai pas compris pourquoi !", s'indigne Coriolan.
"Je me suis fait traiter d'enc..."
Une fois rue de l'Evangile, Coriolan comme les autres se retrouvent dans des cellules pleines à craquer. "Dans la mienne, on était 23, précise le professeur. Les policiers étaient visiblement débordés par l'afflux de gens. Ils passaient régulièrement pour faire l'appel, ils ne savaient plus qui était où, qui était qui… Puis ils ont commencé à transférer les personnes interpellées vers d'autres commissariats pour pouvoir les entendre." A 1h du matin, le professeur du Nord se retrouve au poste de Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine.
"Nous avons été accueillis par des équipes de nuit particulièrement peu sympathiques. Je me suis fait insulter, traiter d'enc… On nous a fait croire qu'il n'y avait plus de repas, alors que pour certains nous n'avions rien mangé depuis le dimanche matin… Puis, on nous a fait dit qu'il y aurait un plat pour deux, avant que l'on entende un policier faire semblant de cracher dans nos portions avant de nous les apporter…"
Le risque de l'assignation à résidence
Après une nuit en cellule, Coriolan est enregistré dans les fichiers police : prise d'empreintes, photos… "J'avais demandé un avocat qui n'était toujours pas là. A 10h20, j'ai été entendu par un officier de police judiciaire, sans conseil. A chaque question, j'ai répondu que je n'avais 'rien à déclarer'. A 11h30, j'ai pu finalement m'entretenir avec l'avocate commise d'office qui m'a indiqué qu'elle avait été prévenue qu'à 10h de ma demande. Demande que j'avais formulée à 18h la veille."
Son conseil rédige par la suite une page et demie d'observations. Elle souligne notamment que les droits de son client n'ont pas été notifiés, comme il se doit, dès le début de la garde à vue. L'avocate relève en outre que Coriolan a été mis en cause pour "participation à un attroupement après sommation de se disperser", ce, alors que les sommations ne pouvaient être audibles à l'endroit où il se trouvait, du fait de la distance mais également du bruit, notamment des grenades lacrymogènes utilisées par les forces de l'ordre.
Vers midi, Coriolan retrouve sa cellule avant de quitter le commissariat après 24 heures de garde à vue. "On m'a dit qu'il n'y avait pas de suite. Que le procureur n'a pris aucune décision nous concernant. Et on nous a laissés partir. Mon avocate m'a toutefois mis en garde sur une éventuelle assignation à résidence qui pourrait être formulée. Pour l'instant, je n'en ai pas…"
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Le but de tout ça? "Intimider"
Rentré chez lui depuis, le professeur déclare avoir été surpris par toutes ces interpellations. "Quand ça a dégénéré, je pensais que les policiers prendraient les manifestants pacifistes, qu'ils les contrôleraient, et qu'ils les laisseraient partir. Je ne m'attendais pas du tout à cette garde à vue massive qui, à mon sens, a pour but de dissuader les gens de manifester, de les intimider", confie-t-il.
Comme la majorité des manifestants, il regrette que des individus aient été violents, et qu'ils aient dégradé les objets déposés en hommage aux victimes des attentats . "On dit que des manifestants ont pris des bougies et s'en sont servis comme projectiles. C'est peut-être le cas mais je ne l'ai pas vu. Toutefois, il suffit de regarder sur les réseaux sociaux pour voir que des policiers ont aussi piétiné les bouquets de fleurs. Sur Twitter ou Facebook , les clichés ne manquent pas."
Au total, 341 personnes ont été interpellées dimanche lors du rassemblement émaillé de violences en marge de la COP21. Sur les 317 personnes gardés à vue, seules neuf d'entre elles ont vu leurs gardes à vue prolongées ce lundi. Plusieurs d'entre elles devaient faire l'objet de comparutions immédiates.
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