Entre Emmanuel Macron et les chasseurs, une histoire qui remonte à 2017

J.F
Publié le 17 septembre 2021 à 18h41, mis à jour le 18 septembre 2021 à 11h37
Entre Emmanuel Macron et les chasseurs, une histoire qui remonte à 2017
Source : CréditLUDOVIC MARIN / AFP

LOBBY - Ce samedi, les chasseurs manifestent pour défendre des chasses traditionnelles d’oiseaux, jugées illégales par le Conseil d’État, mais que le gouvernement souhaite ré-autoriser. Un geste loin d’être anodin envers cet électorat courtisé, dont Emmanuel Macron a toujours pris soin.

Malgré le geste du gouvernement en leur faveur, des milliers de chasseurs manifesteront samedi. Ils protesteront contre des avis du Conseil d’État jugeant plusieurs techniques de chasse avec des filets ou des cages contraires à une directive européenne. Pourtant, mercredi le gouvernement a mis en consultation plusieurs arrêtés pour ré-autoriser certaines de ces chasses. Un geste de plus du chef de l’État envers cette population et cet électorat très courtisé qui avait déjà obtenu du Président une réforme de la chasse, avec une baisse du prix du permis de chasser national de 400 à 200 euros. 

Les chasseurs, Emmanuel Macron s'adresse à eux dès 2017, alors qu’il n’est encore qu’un candidat à l’élection présidentielle. "On a eu le sentiment d’un rural qui parlait à d’autres ruraux", s'est souvenu auprès de France Inter Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), qui assure qu'il a prononcé "des paroles fortes que nous n’avions jamais entendues nulle part". Et faire bonne impression devant la FNC, c'est s'assurer du soutien potentiel de ses 80.000 sociétés de chasse locales disséminées sur tout le territoire.

Une fois élu, en décembre 2017, le président de la République passe deux jours au château de Chambord où il participe à des tableaux de chasse. "Pour la première fois depuis près d'un demi-siècle, un président de la République participe à un tableau de chasse, où le sang coule dans la terre, où la viande gèle", a écrit Emilie Lanez dans Noël à Chambord, qui retrace ce séjour. Un "pacte secret" y aurait été conclu, les représentants des chasseurs enjoignant ces derniers à voter pour la majorité présidentielle aux élections européennes et calmant leurs velléités pendant le mouvement des Gilets jaunes.

Hulot usé par le lobby des chasseurs

Cette escapade est due en partie à Thierry Coste, puissant lobbyiste, qui aurait l'oreille d'Emmanuel Macron sur les thèmes de la chasse et de la ruralité. L'influence de ce dernier à l’Élysée avait d’ailleurs pesé dans la décision de Nicolas Hulot de démissionner du gouvernement. "Arrêtons les fantasmes, je ne suis qu’un beau prétexte, comme la chasse l’est aussi, pour expliquer la démission de Nicolas Hulot", s'était toutefois défendu auprès du Monde celui qui, d'ailleurs, conversait déjà avec Nicolas Sarkozy et François Hollande.

En 2019, le nombre de chasseurs en France était estimé à 5 millions, dont 1,2 million étaient en possession d’un permis de chasse valide.


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