Un rapport remis lundi à Elisabeth Borne propose d'instaurer temporairement un impôt sur les plus riches pour contribuer à financer la transition climatique.Du côté du gouvernement, cette idée est pour l'heure inconcevable.
Taxer les plus riches pour financer la transition écologique. Cette piste, avancée par Jean Pisani-Ferry, est désormais sur la table d'Elisabeth Borne. La première ministre a en effet reçu un rapport qu'elle avait commandé à l'économiste, lequel faisait partie des conseillers d'Emmanuel Macron en 2017. Malgré la confiance accordée par le chef de l'État, le gouvernement a d'ores et déjà affiché sa réticence à instaurer un "ISF vert". L'idée d'un nouvel impôt fait malgré tout son chemin dans le débat public.
Concrètement, Jean Pisani-Ferry prône un "prélèvement dédié" qui pourrait "être assis sur le patrimoine financier des ménages les plus aisés". Et ce, en raison de la dette colossale qui se profile à l'horizon : dans son rapport de 150 pages, l'économiste estime que l'adaptation aux objectifs environnementaux avoisine 250 à 300 milliards d’euros de dette en plus, en cumulé, en 2030. Et jusqu’à 34 milliards d’investissement public supplémentaire par an d'ici là.
Les 10% des plus aisés seraient concernés
D'où l'idée de solliciter les plus fortunés. Dans le détail, cet "ISF vert" serait un "impôt exceptionnel et temporaire" sur le patrimoine financier des 10% de Français les plus aisés. Et ce, à hauteur de 5 milliards d’euros chaque année. L'économiste en est convaincu : "tout miser sur l'endettement serait imprudent" et les plus riches doivent aussi participer à l'effort.
Comme "la transition est spontanément inégalitaire", son coût économique "ne sera politiquement et socialement accepté que s'il est équitablement réparti", selon le rapport. "Ça ne se fera pas si les ménages ne sont pas convaincus qu'il y a une égalité des efforts qui sont demandés aux différentes catégories", prévient Jean Pisani-Ferry. Pour les ménages modestes, le coût de la rénovation thermique du logement et de l'acquisition d'un véhicule électrique représente en effet plus de quatre années de revenus, et encore près de 2,5 années pour ceux qui sont au milieu de l'échelle des revenus, précise le rapport. Lequel a été accueilli froidement au sommet de l'État.
Depuis le début de la semaine, plusieurs caciques du pouvoir ont défendu la ligne de l'Élysée, à savoir celle d'une lutte contre le changement climatique qui ne doit pas se faire sur la base de la dette ou de l'impôt. "Je préfère une France qui soit championne des emplois, plutôt qu’une France qui soit championne des impôts", a encore assuré ce vendredi 26 mai Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique, sur Franceinfo. Olivier Véran estime pour sa part que la fiscalité n’est pas la solution et qu’on peut "y arriver sans."
"Ce n'est pas un sujet qui est tabou", a tempéré, sans s'avancer davantage, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, invité lundi soir de l'émission "Quotidien" sur TMC et interrogé sur la création d'une nouvelle taxe. "À un moment, il faut bien mesurer que cette transition, elle ne va pas se financer toute seule".
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