Éric Piolle, du laboratoire grenoblois à la présidentielle 2022

J.F.
Publié le 6 septembre 2021 à 11h50
Eric Piolle, maire EELV de Grenoble

Eric Piolle, maire EELV de Grenoble

Source : JEAN-PIERRE CLATOT / AFP

PORTRAIT - Premier maire écologiste d'une ville de plus de 100.000 habitants, Éric Piolle voit désormais plus grand. Chantre de l'union de la gauche, il est candidat à la présidentielle via la primaire EELV.

Sa déclaration de candidature à la primaire écologiste, la veille de la sortie d'un livre au titre sonnant comme un programme (De l’espoir ! Pour une république écologique), n'a surpris personne. Un an après sa réélection à la mairie de Grenoble, Eric Piolle a annoncé fin juin sa candidature à l'élection présidentielle.  

Mais les ambitions du natif de Pau faisaient peu de doutes. Depuis les dernières élections municipales, il a enchaîné les déplacements pour construire son réseau de soutiens politiques, intellectuels et militants, et soutenir les candidats EELV. Il a indiqué qu’il "continuerait de sillonner la France" pour "tisser ce travail collectif". Un "Tour de France" dont il a fait sa marque de fabrique, sa particularité. Tout comme l'union de la gauche.

Pour se démarquer de ses futurs adversaires, Eric Piolle mise sur l’exemple de la gauche unie et victorieuse réalisé à Grenoble. Dans sa ville, l’alliance inédite entre EELV, LFI, le PCF, Génération.s et certains socialistes "prend de l’ampleur" depuis le "succès pionnier de 2014", se réjouit-il. Fin août, il a même déambulé aux côtés de Jean-Luc Mélenchon aux université d'été de La France insoumise. Toutefois, se poser en leader de cet "arc humaniste" pourrait lui porter préjudice : au lendemain des élections régionales, des voix écologistes ont remis en cause les alliances passées avec la gauche et plus particulièrement le parti du député des Bouches-du-Rhône.

Un référendum constitutionnel parmi ses premières mesures

À 48 ans, l'ancien conseiller régional de Rhône-Alpes met en avant sa fibre sociale et ses promesses de démocratie participative. Celui qui s'est engagé pour un meilleur accueil des migrants et a remis en mai 2018 le médaille de la ville de Grenoble à Cédric Herrou pour son action en faveur de l'aide aux réfugiés à la frontière italienne, souhaite proposer aux Français un référendum constitutionnel pour "ne pas choisir des mesures partisanes mais vraiment des mesures qui permettent de déverrouiller l’avenir" en instaurant la proportionnelle et limitant les pouvoirs actuels du Président.

Excellent communicant, ce père de quatre enfants, est également un habitué des buzz médiatiques. À l'été 2020, il s'était opposé au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin après la diffusion d'images d'une intervention de police dans un quartier de la ville. Il y a quelques jours, il a écrit au Premier ministre pour lui demander de clarifier sa position sur le port du burkini dans les piscines municipales. Il a également déclaré que la 5G avait pour seule utilité de "regarder du porno sur votre téléphone, même si vous êtes dans l’ascenseur".

Sympa, arrogant, obsédé par sa communication

Le patron des Verts Julien Bayou dit de cet ancien cadre dirigeant de Hewlett Packard licencié en 2010 pour s’être opposé à un plan de délocalisation qu'il est "très collectif" et "sympa". "Il est sympa mais il aime être le chef", nuance auprès de l'AFP Elisa Martin, première adjointe LFI à Grenoble, qui loue la "grosse capacité de travail" du premier écologiste à être devenu maire d’une ville de plus de 100.000 habitants. "Il pense vite ; il saisit les enjeux", et "ça peut arriver qu’il change d’avis" en face d’arguments fondés, ajoute-t-elle.

Matthieu Chamussy, ancien leader du groupe d’opposition de droite, explique que "c’est quelqu’un de beaucoup plus politique qu’on ne croit de prime abord". "Eric Piolle a deux visages : l’homme sympathique dans la relation personnelle et la lame politique capable de dérouler des décisions avec la froideur et la dureté d’un tableau Excel". Pour l'ancien maire de droite de la capitale des Alpes Alain Carignon, "c’est un faussaire, prétentieux et arrogant" dont "l’unique préoccupation est sa candidature à la présidentielle"

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En février, un livre-enquête sur la gestion de Grenoble intitulé Le vide à moitié vert parle d’un maire renonçant à ses ambitions de démocratie participative par l’annulation d’un référendum local et décrit un homme sûr de lui, obsédé par sa communication. Au début du mois de juin, il a passé une journée en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour des soupçons de favoritisme dans l’attribution de marchés publics au début de sa première mandature. Dont il est ressorti libre le jour même. 


J.F.

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