"Est-ce que vous dites la vérité ?" Passe d'armes entre Gabriel Attal et Philippe Juvin sur la gestion du Covid

V.M
Publié le 8 janvier 2021 à 12h31
Philippe Juvin, maire LR de la Garenne-Colombes et chef du service des urgences à l'hôpital Pompidou, le 29 août 2020.
Philippe Juvin, maire LR de la Garenne-Colombes et chef du service des urgences à l'hôpital Pompidou, le 29 août 2020. - Source : LOIC VENANCE / AFP

CRISE SANITAIRE - Le débat sur la gestion de la crise sanitaire a suscité un vif échange jeudi entre le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal et le maire LR de la Garenne-Colombes et chef des urgences de Pompidou Philippe Juvin, très critique à l'égard du gouvernement.

Des accusations mutuelles de mensonge, mais sous la forme d'un échange courtois. Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal et le maire LR de la Garenne-Colombes Philippe Juvin, chef du service des urgences à l'hôpital Pompidou, se sont affrontés très directement jeudi soir, sur France 2, au sujet de la gestion du Covid-19 par l'exécutif. 

Philippe Juvin, figure médiatique depuis le début de cette crise sanitaire et potentiel candidat à droite pour l'élection présidentielle, vient de publier un livre intitulé Je ne tromperai jamais leur confiance (Gallimard), une sorte de journal de bord où il étrille l'action du gouvernement au début de la pandémie. 

Le livre, objet des discussions dans l'émission C à Vous, a suscité une réaction assez vive de Gabriel Attal, qui a accusé Philippe Juvin de réécrire l'histoire en se donnant le beau rôle. Le porte-parole du gouvernement a égrené des prises de positions publiques du médecin, au printemps dernier, en contradiction selon lui avec la version défendue dans l'ouvrage. 

"Vous déclariez l'inverse"

C'est un livre "très violent, vous accusez l'État de mensonge", a estimé Gabriel Attal, avant de citer plusieurs passages. "Dans votre livre, le 2 mars, vous écrivez 'ce n'est pas une grippette, je vois se dessiner de plus en plus clairement une épidémie mondiale d'ampleur exceptionnelle'. Sur LCI, le 6 mars, vous déclarez qu'on en fait trop, que c'est une peur irrationnelle [...] Le 3 mars, vous écrivez que le confinement est efficace. Six jours plus tard, vous dites qu'on ne peut pas confiner des villes entières", poursuit-il. 

"Vous dites dans votre livre que vous avez pris conscience très tôt, que vous avez proposé certaines choses... Mais dans vos déclarations publiques, sur les plateaux de télévision, vous déclariez l'inverse", a insisté Gabriel Attal. "Donc ma question est simple : est-ce que vous dites la vérité dans ce livre, donc cela veut dire que vous ne disiez pas la vérité sur les plateaux de télévision ? Ou bien vous disiez la vérité sur les plateaux, et dans ce cas cela veut dire que vous avez réécrit un peu l'histoire dans votre livre. On est tous capables de dire qu'on a gagné au loto une fois que le tirage a eu lieu..."

Juvin justifie son journal de bord

"Il y a deux descriptions de la bataille de Waterloo dans la littérature française", a répondu Philippe Juvin à son interlocuteur pour invoquer la subjectivité de son ouvrage. "Il y a celle de Victor Hugo, qui regarde de haut et comprend tout, parce qu’il est loin. Et puis il y a celle de Stendhal, son héros est sur le champ de bataille. Il va aller d’un bout à l’autre de la campagne. À la fin de la journée, il ne sait pas qui a gagné. Ce journal est celui d’un homme qui est à la fois médecin et maire, et qui a écrit un journal au jour le jour. Qui parfois a compris un truc, le lendemain ne comprenait plus. Nous avons été dans une difficulté de compréhension", a expliqué l'élu LR, reconnaissant que l'exécutif avait été dans la même situation. 

"Mais sur le mensonge sur les masques, c'est vrai", a-t-il insisté. "J'ai croisé Agnès Buzyn [l'ancienne ministre de la Santé, NDLR] sur un plateau, elle m'a dit qu'il n'y avait pas de problèmes sur les masques, qu'on en avait [...] Je pense qu'il y a eu des mensonges, je pense que c'était une affaire très difficile à gérer, et que c'est une expérience dont il faut tirer les leçons. Il faut cesser de penser que tout a été bien fait. On a eu l'exemple des vaccins il y a quelques jours. Non, les leçons n'ont pas toutes été tirées."

Vaccin : les préconisations du Pr Philippe JuvinSource : TF1 Info

Ce n'est pas la première fois que Philippe Juvin, outsider de plus en plus visible chez Les Républicains, suscite un certain agacement au sein de l'exécutif. Le maire-médecin n'hésitait pas à dénoncer la semaine dernière une "déroute" sur le début de la campagne vaccinale, et critiquait notamment le choix de gouvernement de réserver dans un premier temps les vaccins aux soignants de plus de 50 ans, et non à l'ensemble du personnel médical. Une pique qui a suscité une réaction d'Olivier Véran, mardi sur RTL. "Puisque le professeur Juvin est lui-même médecin et qu'il sait lire les recommandations, il sait qu'aujourd'hui nous savons que le vaccin Pfizer, de même que le vaccin Moderna, protègent à coup sûr des formes graves. Nous priorisons les personnes les plus fragiles, cela paraît logique et c'est d'ailleurs ce que font l'ensemble de nos voisins", a rétorqué le ministre de la Santé.


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