Évasion de Redoine Faïd : la polémique rattrape la ministre de la Justice Nicole Belloubet

Publié le 3 juillet 2018 à 19h21
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Source : Sujet JT LCI

RESPONSABILITÉS - La droite s'est emparée mardi de l'affaire de l'évasion de Redoine Faïd en mettant en cause la responsabilité de la garde des Sceaux dans le déroulement des faits. L'opposition demande à Nicole Belloubet de s'expliquer sur les dysfonctionnements qui ont conduit à l'évasion.

L'enquête sur l'évasion de l'un des détenus les plus surveillés de France rattrape la ministre de la Justice. Alors que Nicole Belloubet évoquait du bout des lèvres, lundi, la possibilité d'un "dysfonctionnement" dans la fuite de Redoine Faïd, la droite s'engouffre dans la brèche et demande des comptes à l'exécutif, bien décidée à en faire le talon d'Achille de la politique pénale d'Emmanuel Macron. 

Fer de lance de ces attaques, le député de l'Yonne Guillaume Larrivé, secrétaire général délégué LR, a réitéré mardi, sur LCI, sa demande faite à la garde des Sceaux de venir s'exprimer devant la commission des lois. "Je veux que les ministres comme les députés ne restent pas les bras ballants face à ce dysfonctionnement", a-t-il expliqué, rappelant que Redoine Faïd était "l'un des dix détenus les plus signalés" de France. 

Cheval de Troie

Depuis lundi, le gouvernement tente en vain d'éteindre la polémique. "L'évasion d'un détenu dangereux est évidemment un échec pour une mission essentielle de l'Etat", a reconnu le député LREM Richard Ferrand, proche d'Emmanuel Macron, rappelant qu'une enquête avait été ouverte par la garde des Sceaux pour "comprendre ce qu'il s'est passé et corriger cela". Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux s'est également porté au secours de la ministre, dont certains, comme Marine Le Pen, réclament déjà la tête, la jugeant "incompétence dans ses fonctions". "C'est le rôle de l'enquête" de permettre "d'établir les responsabilités dans la chaîne pénitentiaire", a jugé le secrétaire d'Etat, promettant que des sanctions seraient prises. "Moi, je ne suis pas enquêteur."

Pour la droite, pas question de laisser le sujet en suspens. "Il y a des responsabilités", a estimé sur LCI l'ancien ministre Eric Woerth. "On ne peut pas s’échapper d’une prison comme cela, surtout quelqu’un de cette dangerosité". Si le député de l'Oise ne souhaite pas "pointer du doigt" la ministre, il a jugé qu'un ministre est "responsable de son champ" et que l'enquête doit déterminer qui est responsable. 

Eric Woerth : "La ministre doit s'expliquer devant la représentation nationale"Source : Sujet JT LCI
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Beaucoup plus critique, Guillaume Larrivé a jugé qu'au-delà de l'évasion, "l'alternance n'a pas eu lieu place Vendôme, il y a une continuité avec [l'ancienne ministre de François Hollande] Christiane Taubira". Le député a même exprimé "le sentiment qu'Emmanuel Macron" était "enfermé dans une naïveté" en matière de politique pénale. 

La gauche pointe le manque de moyens

Refusant de mettre en cause directement la ministre, la gauche parlementaire a en revanche pointé le manque de moyens dévolus à l'administration pénitentiaire, source de dysfonctionnement selon ces élus. "Le gouvernement a décidé d'annuler 370 millions de crédits dans le cadre du projet de loi de finances 2017", a expliqué le député Nouvelle Gauche Luc Carvounas, demandant à l'exécutif de restituer ce budget. 

Luc Carvounas dénonce le "manque de moyens structurel pour la pénitentiaire"Source : Sujet JT LCI
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Pour le député PCF Sébastien Jumel, qui réclame aussi une "enquête interne" qui soit "rendue publique" devant la représentation nationale, le gouvernement doit entendre les revendications des syndicats de personnels en matière de "moyens humains" permettant d'assurer la sécurité en milieu carcéral. 

Face aux critiques, la garde des Sceaux a expliqué ce mardi après-midi devant l'Assemblée vouloir porter "un regard clinique" sur cette évasion et en tirer "toutes les conséquences", y compris pour mesurer les défaillances et prendre les éventuelles sanctions qui s'imposeraient, si cela est nécessaire.  Concernant les signaux d'alerte qui auraient pu être lancés avant l'évasion, la ministre a dit souhaiter "qu'il puisse être vérifié qu'ils aient bien été pris en compte".


Vincent MICHELON

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