Face aux maires de "Génération Terrain", Macron a reconnu "des maladresses, parfois des erreurs"

par Claire CAMBIER
Publié le 9 décembre 2018 à 15h40, mis à jour le 9 décembre 2018 à 16h08

Source : Sujet TF1 Info

ÉCHANGES - À la veille de l’acte IV de la mobilisation des Gilets jaunes, Emmanuel Macron a rencontré une quinzaine de maires issus de l’association Génération Terrain. Un moment voulu comme un échange "sans filtre" pour reconnecter avec la base et au cours duquel le Président aurait reconnu "des erreurs". Karl Olive, maire LR de Poissy, en était un des initiateurs. Il nous raconte.

Tout est parti d'un SMS. Un simple texto envoyé au président de la République dimanche dernier, après que de violents affrontements se sont tenus dans la capitale. "Quand est-ce que vous allez vous décider à venir sur le terrain vous adosser avec celles et ceux qui sont en prise avec la réalité du terrain, c'est-à-dire les maires ?", lui demande Karl Olive, le maire LR de Poissy.

Si l'élu se permet d'envoyer ce texto, c'est qu'il a fondé "Génération Terrain", une association regroupant 200 maires de tous bords politiques et qui a pour vocation d'échanger les bonnes pratiques du terrain. En tant que maire, "on passe notre temps à concerter et ça fonctionne", raconte-t-il sur le plateau de LCI, quand, à l'inverse, la méthode au sommet de l'Etat est, selon lui, "catastrophique". Alors pourquoi Emmanuel Macron ne s'en inspirerait-il pas pour concerter avec les Gilets jaunes et plus globalement les Français ?

Deux jours plus tard, le Président accepte de rencontrer l'association. Une délégation d'une quinzaine d'édiles se sont rendus ce vendredi à l'Elysée. "Nous n'étions que des élus locaux. C'était cash. On venait pour faire remonter ce qu'on ressent. Depuis septembre, ça se tend", explique un maire présent, Arnaud Péricard (LR), au micro d'Europe 1. Karl Olive évoque lui aussi des échanges "sans filtre, sans ambages" mais, il l'assure, respectueux. Il n'a donc pas "sorti la machine à baffes" comme l'ont rapporté certains médias. 

Nous avons "parlé de sa manière d'être et de sa communication. On lui a dit qu'il y avait certaines phrases parfois malheureuses et à ne pas prononcer. Il nous a dit en être conscient",  avance Arnaud Péricard. A sa manière d'être s'ajoutent des choix politiques mal reçus par la population. "Il a parlé parfois de maladresses, parfois d'erreurs, de trop d'impôts, de trop de taxes", détaille le maire de Poissy. Le président regrette-t-il de s'être obstiné à imposer l'abaissement à 80km/h sur les routes de France ? "Il a parlé des vitesses", reconnait simplement l'édile, et d'ajouter : "un des éléments qui a énervé les Français à juste titre".

Pour avancer, les maires lui conseillent de changer de méthode, d'organisation. "Comment ce candidat qui était empathique et proche des gens est devenu un président suffisant et indifférent ? Il y a un problème", avance Karl Olive. Ce problème est simple : "Les décisions viennent du sommet et ensuite - seulement - on vient voir la base". "Ça doit changer, tout doit partir du terrain", "les décisions doivent être validées par les administrés plutôt que d'être systématiquement imposées".

Ont-ils été entendus ? Emmanuel Macron a-t-il assimilé les critiques ? Les élus en ont le sentiment. La réunion devait initialement durer 2 heures, ils sortent finalement après "plus de 3h30". Selon eux, "un nouveau logiciel" sera annoncé lors de la prise de parole du président. Il reste à Emmanuel Macron de le confirmer. Il devrait s'adresser aux Français en début de semaine.


Claire CAMBIER

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