Grenelle contre les violences conjugales : un an après, quel bilan ?

Publié le 25 novembre 2020 à 13h22, mis à jour le 26 novembre 2020 à 15h08
La ministre déléguée Elisabeth Moreno le 7 juillet 2020 lors de la passation de pouvoir avec Marlène Schiappa
La ministre déléguée Elisabeth Moreno le 7 juillet 2020 lors de la passation de pouvoir avec Marlène Schiappa - Source : Anne-Christine POUJOULAT / AFP

DROITS DES FEMMES - Plus de 60% des mesures annoncées il y a un an en conclusion du Grenelle contre les violences conjugales sont effectives, s'est félicitée ce mercredi la ministre chargée de l'égalité femmes-hommes. Mais les associations pointent toujours un manque de moyens.

Le 25 novembre 2019, Edouard Philippe et Marlène Schiappa clôturaient le Grenelle des violences conjugales. Après trois mois de discussions et de travaux, une soixantaine de mesures avaient été présentées pour lutter contre ce fléau (46 + 10 mesures d’urgence). Ce vendredi 25 novembre 2020, un an après et à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, la ministre chargée de l’égalité femmes-hommes Elisabeth Moreno a dressé un premier bilan ce mercredi lors d'une conférence de presse.

"Mon objectif est de veiller rigoureusement à la bonne exécution des 46 mesures du Grenelle" a débuté la ministre, précisant que 28 étaient d'ores et déjà effectives et 18 sont en cours de réalisation (par exemple rendre accessible le 3919 aux personnes handicapées ou créer 80 postes d'intervenants sociaux dans les commissariats et gendarmeries). Les 10 mesures d’urgence ont toutes été mises en œuvre. 

Rappelant que le gouvernement avait déployé fin septembre 1000 bracelets électroniques dans 5 juridictions, Elisabeth Moreno a ajouté : "Nous passerons à 30 juridictions dans quelques jours et ces bracelets seront généralisés dans toute la France d’ici la fin de l’année." Elle a également fait allusion aux "17 centres de prise en charge et d’accompagnement des auteurs de violence qui vont voir le jour dès cette année sur tout le territoire national", soulignant qu'"il s’agit là d’une avancée significative et extrêmement concrète dans la prévention du passage à l’acte et de la récidive".

Parmi les mesures en cours de déploiement, la ministre a cité "les unités médico-judiciaires qui permettent aux femmes de porter plainte directement à l’hôpital. 30 d’entre elles sont déjà en place". "Par ailleurs, nous comptons également créer 1 000 places d’hébergement supplémentaires pour les victimes en 2021", a indiqué la successeure de Marlène Schiappa. 

Enfin, alors qu'elle s'exprime dans un contexte sanitaire difficile pour les victimes de violences intrafamiliales, Elisabeth Moreno a rappelé quels dispositifs avaient été mis en place par le gouvernement depuis le premier confinement (détaillés dans cet article). "Au total, 3 millions d’euros de financements supplémentaires qui ont été débloqués par l’État pour soutenir l’ensemble de ces dispositifs pendant cette période difficile", a-t-elle ajouté.

Les associations dénoncent "un manque criant de financements"

L'argent, c'est pourtant ce qu'il manque selon les associations. Dans un rapport publié ce mardi, la Fondation des femmes estime que la lutte contre les violences conjugales souffre d'un "manque criant de financements". "Pour héberger et accompagner les victimes, en particulier dans des structures spécialisées, il manque au minimum (...) 32 millions d'euros au budget de l'État pour 2021", indique-t-elle. Cette somme permettrait de créer 2000 places d'hébergement supplémentaires, en plus des 1000 annoncées en 2021.

Interrogée à ce sujet, la ministre s'est défendue. "Le budget du ministère a obtenu une augmentation de 40% pour l’année 2021. C’est une augmentation tout à fait historique", a-t-elle indiqué. "Je veux bien toutes les critiques, j’accepte qu’on peut toujours faire plus, qu’on pourrait continuer à investir des milliards, mais tant que les hommes n’auront pas compris qu’ils doivent arrêter ces violences, on n’y arrivera pas. Ce n’est pas à coups de milliards qu’on règle ce genre de problème, c’est à coup d’éducation, de sensibilisation et de sanctions que nous y parviendrons."

Pour la Fondation des femmes, "si certaines avancées ont été réalisées, une grande partie des mesures restent à mettre en œuvre". Elle demande par ailleurs la mise en place "d'un Observatoire national des féminicides" qui assurerait "un décompte national mais surtout une analyse fine de chaque dossier, afin d'en isoler les dysfonctionnements", et un "budget supplémentaire du ministère de la Justice" pour "financer la politique d'éviction des hommes violents".

Le centre Hubertine Auclert, un autre organisme de défense des droits des femmes rattaché au Conseil régional d'Île-de-France est arrivé à des conclusions similaires dans un rapport publié également cette semaine. Les auteurs de ce rapport préconisent de pratiquement tripler le budget public consacré à ce fléau. Ils demandent également que la France se dote de juges ou juridictions spécialisés sur ces questions, ainsi que d'un système de suivi des victimes et d'évaluation du danger encouru par chaque femme.

Ce mercredi, de nombreux rassemblements se sont tenus partout en France, notamment place de la République à Paris où les participants brandissaient des pancartes proclamant "Grenelle blabla" ou "Vous ne nous ferez plus taire".

125.840 femmes ont été victimes de violences conjugales en 2019. Et 146 ont été tuées par leur conjoint ou leur ex-compagnon selon l'Intérieur.

Après la sortie de son guide "Les droits des femmes face aux violences", écoutez Marlène Schiappa dans le podcast Expertes à la Une ...

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Engagée, féministe et autodidacte, Marlène Schiappa est entrée dans l’arène politique en mai 2017 aux côtés du Président Emmanuel Macron. Elle  ne connaissait pas les codes mais elle a vite appris, "on fait des erreurs au début, et après peut-être de moins en moins ou on choisit ses erreurs ! "et elle poursuit, "quand je suis arrivée , on m'a dit que je ne tiendrai pas trois semaines,  et trois ans après je vous reçois ici, place Beauvau ."


Justine FAURE

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