SEMPITERNEL - Le réacteur numéro 1 de la centrale nucléaire de Fessenheim doit être définitivement arrêté samedi 22 février. Un événement qui, s'il signe le début du démantèlement, représente aussi la fin d'un débat long de plusieurs années. Retour sur ce serpent de mer de la vie politique française.
Le 22 février sonnera la fin de la première unité de Fessenheim. Une fermeture qui arrive près d’une décennie après la promesse de François Hollande de sceller le sort de la doyenne des centrales nucléaires françaises, voulue par le général de Gaulle pour assurer l'indépendance énergétique du pays. Entre les promesses irréalisées et irréalisables et les contestations de syndicats et d’élus locaux, tout ça avec le souvenir de Fukushima en toile de fond, LCI revient sur ce feuilleton politique.
Les reproches ont, en soi, toujours existé. Mise en service en 1977, la centrale alsacienne inquiète alors aussi bien la France que l'Allemagne voisine et la Suisse, dont la frontière se trouve à une quarantaine de kilomètres seulement. Les responsables doivent à l'époque répondre aux mécontentements et aux craintes des anti-nucléaires des trois pays. D'innombrables manifestations d'opposants ont lieu, à travers les années, allant parfois jusqu'aux grèves de la faim.
Dès 2012, Hollande entend sceller son sort
Mais ce n'est réellement qu'en 2011 que les critiques se font de plus en plus fortes. Outre la dangerosité de l'atome, c'est la situation géographique de la centrale - en contrebas du grand canal d'Alsace et dans une région à la sismicité avérée - qui est pointée du doigt. Et pour cause, la catastrophe de Fukushima, au Japon, au mois de mars de cette même année, est ancrée dans les esprits.
Le sujet finit par arriver dans les hautes sphères politiques. À tel point qu'il devient l'enjeu principal de la négociation entre les Verts et le Parti Socialiste lors de la présidentielle de 2012. Afin de souder une alliance électorale, les écolos demandent l'arrêt "immédiat de Fessenheim" et la "fermeture progressive de 24 réacteurs". L'accord est scellé, et François Hollande - alors candidat - en fait une mesure phare de sa campagne. "Dans l'immédiat, je propose la fermeture de Fessenheim parce que c'est la plus ancienne de nos centrales, mais aussi pour des raisons de sûreté puisqu'elle est située sur une zone sismique", assurait-il à l'époque.
Sauf qu'une fois au pouvoir, le chef d'État socialiste et son gouvernement socialiste reviennent sur leurs pas. Notamment face à la gronde des élus locaux et des ouvriers de la doyenne des centrales. Des centaines de salariés d'EDF ont fait savoir leur mécontentement tout au long des discussions. Dès lors, les responsables politiques choisissent de couper la poire en deux.
En 2015, première date avancée par l'ex-président de la République pour un arrêt de la centrale, Ségolène Royal annonce une nouvelle échéance. Lors d'une visite à Strasbourg, l'ancienne ministre de l'Environnement conditionne le calendrier de Fessenheim à celui de l'EPR de Flammanville. De quoi gagner du temps : les travaux du nouveau réacteur du site manchois ont au moins six ans de retard.
La fermeture de Fessenheim n'est pas reportée, elle doit être organisée dans le cadre de la nouvelle loi. Il n'y a aucun sujet de polémique. — Ségolène Royal (@RoyalSegolene) September 8, 2015
Réalisant que la fermeture de la centrale ne sera pas décidée avant la fin du quinquennat Hollande, le gouvernement décide alors de sceller son sort autrement. Si le président ne fait pas fermer la centrale, il respecte néanmoins l'un de ses 60 engagements présidentiels, qui promettait de réduire de 75% à 50% la part du nucléaire dans la production hexagonale d'électricité d'ici à 2025.
Une initiative inscrite en août 2015 dans la loi de transition énergétique pour la croissance verte. Comme le rappelle la Société française de l'énergie nucléaire dans sa revue, cette loi prévoit notamment un plafonnement de la puissance nucléaire. "En conséquence, et pour respecter ce plafond légal, une capacité de production nucléaire devra fermer avec l'arrivée de l'EPR de Flamanville."
La "patate chaude" finalement renvoyée à Macron
Les responsables de l'époque comprennent qu'il reviendra au successeur du socialiste de signer l'arrêt de Fessenheim. À la veille de l'élection présidentielle de 2017, un décret est publié dans le Journal Officiel. Il "abroge l'autorisation d'exploiter la centrale nucléaire de Fessenheim dont EDF est titulaire". Problème : les autorités ne disposent pas du consentement de l'exploitant - à savoir EDF - pour décréter d'une telle décision...
L'ultime rebondissement aura lieu le 6 avril 2017. Lors d'une délibération, le Conseil d'administration d'EDF vote cette fermeture "de façon irréversible et inéluctable". Le feu vert est donné. C'est donc finalement à Emmanuel Macron que revient la lourde tâche d'annoncer l'arrêt définitif. Pour éviter de fâcher les différentes parties, est décidée la mise en place un "comité de pilotage" en janvier 2018. Voulu par le secrétaire d'État Sébastien Lecornu, celui-ci aura pour rôle de préparer la reconversion de la centrale et de lancer les négociations. Restera ensuite à sa successeure, Emmanuelle Wargon, de préciser quand aura lieu l'événement. Ce qu'elle fera au mois de septembre 2019 : les deux réacteurs nucléaires devront fermer en février et juin 2020. Deux dates officiellement entérinées ce mercredi à l'issue de près d'une décennie d'atermoiements. Fin du suspense.
Sur le
même thème
- Ce que contient le projet de loi prévoyant la construction de six nouveaux EPR d'ici 2027Publié le 2 novembre 2022 à 16h30
- "Inacceptable", "faux", "irresponsable" : Macron règle ses comptes avec le patron d'EDFPublié le 6 septembre 2022 à 13h23
- Marine Le Pen a-t-elle opéré un virage à 180 degrés en devenant pro-nucléaire ?Publié le 2 septembre 2022 à 17h35
- Crise de l'énergie : Emmanuel Macron a-t-il réellement fermé 14 réacteurs nucléaires ?Publié le 30 août 2022 à 17h17
- Nucléaire : ce que le plan de relance va changerPublié le 10 février 2022 à 20h14
- Hollande confirme : Fessenheim ne fermera pas en 2016Publié le 24 septembre 2015 à 16h44
- Stopper ou relancer le nucléaire : un sujet politiquement sensible pour l'après-2022Publié le 24 mars 2021 à 15h11
- Cafouillage au gouvernement : la fermeture de Fessenheim, c'est pour quand ?Publié le 9 mars 2016 à 3h13
- Quels sont les chantiers de François de Rugy, nouveau ministre de la Transition écologique ?Publié le 4 septembre 2018 à 13h15
Tout
TF1 Info
- 2Twitter Blue débarque en France : voici ce qui va changerPublié hier à 16h10
- 3VIDÉO - L'incroyable découverte d'un chasseur de trésor amateur britanniquePublié hier à 15h59
- 4Guadeloupe : une lycéenne de 17 ans meurt en plein cours d'EPSPublié hier à 11h41
- 5VIDÉO - Ne jetez pas votre vieux portable, il peut rapporter plusieurs centaines d'eurosPublié le 31 janvier 2023 à 16h44
- 6Risques d'érosion : quelles sont les villes menacées en France ?Publié hier à 17h28
- 7EN DIRECT - Guerre en Ukraine : "Personne n'abandonnera", la bataille de Bakhmout continuePublié aujourd'hui à 6h45
- 8Seine-Saint-Denis : un bébé retrouvé mort dans un sac, la mère identifiéePublié hier à 13h10
- 10La mort de Paco Rabanne, couturier autodidacte et pionnier de la modePublié hier à 14h59
- 1VIDÉO - Paco Rabanne : un couturier avant-gardiste et iconoclastePublié aujourd'hui à 13h20
- 2Seine-Saint-Denis : un bébé retrouvé mort dans un sac, la mère identifiéePublié aujourd'hui à 13h03
- 3Gestion du Covid-19 : Agnès Buzyn estime son honneur "lavé"Publié aujourd'hui à 12h55
- 4Météo du 4 février 2023 : Prévisions météo à 12h55Publié aujourd'hui à 12h53
- 5Mort d'une Gilet jaune écrasée par une voiture : quatre ans de prison avec sursis pour la conductricePublié aujourd'hui à 12h26
- 6VIDÉO - Une "fumée de mer arctique" provoquée par le froid au CanadaPublié aujourd'hui à 12h06
- 7CONSO - Achats en lots, formats familiaux : est-ce vraiment une bonne affaire ?Publié aujourd'hui à 12h00
- 8Olivier Dussopt poursuivi pour "favoritisme" : en quoi consiste cette infraction ?Publié aujourd'hui à 11h44
- 9VIDÉO - Ballons, satellites : ces espions qui viennent du ciel... en toute légalité ?Publié aujourd'hui à 11h41
- 10Il rêvait de représenter l'Irlande : le chanteur des Sex Pistols privé d'Eurovision 2023Publié aujourd'hui à 11h40
- 2Épinglé pour "favoritisme", Olivier Dussopt veut "aller au bout" de la réforme des retraitesPublié aujourd'hui à 9h40
- 3"C'est une histoire de poils, ça va, quoi !" : Edouard Philippe s'explique sur son changement d'apparencePublié le 2 février 2023 à 23h33
- 5EN DIRECT - Réforme des retraites : vers des sanctions financières pour favoriser l'emploi des seniorsPublié le 30 janvier 2023 à 6h24
- 6Que proposent les 20.000 amendements sur la réforme des retraitesPublié hier à 18h50
- 7Olivier Dussopt, un ministre du Travail très actif sur la réforme des retraitesPublié le 19 janvier 2023 à 17h21
- 8Vous êtes nés entre 1961 et 1973 : à quel âge partirez-vous à la retraite ?Publié le 11 janvier 2023 à 8h39
- 9Président, députés, sénateurs : à quels régimes des retraites sont-ils soumis ?Publié le 31 janvier 2023 à 16h32
- 10Édouard Philippe revient longuement sur son alopécie : de quoi s'agit-il ?Publié le 9 octobre 2022 à 10h57
- InternationalUn ballon espion chinois affole le Pentagone
- SportsSix Nations 2023 : dernier test majeur pour le XV de France avant le Mondial
- Police, justice et faits diversPortée disparue, Sihem, 18 ans, retrouvée morte dans le Gard
- InternationalMort de Tyre Nichols : la nouvelle affaire qui choque l'Amérique
- Sujets de société31 janvier, 2e round contre la réforme des retraites