Gérald Darmanin a été auditionné, aux côtés d'Amélie Oudéa-Castéra, par une commission du Sénat.Les deux ministres étaient chargés de s'expliquer sur le fiasco organisationnel du Stade de France, lors de la finale de la Ligue des champions.Le ministre de l'Intérieur a notamment reconnu des "gestes inappropriés" par des forces de l'ordre.
Gérald Darmanin sommé de s'expliquer. Dans la tourmente depuis le fiasco organisationnel du match au Stade de France samedi dernier et ses justifications, vivement critiquées par l'opposition, le ministre de l'Intérieur est revenu ce mercredi lors de son audition par une commission du Sénat sur le dispositif mis en place pour garantir la sécurité de la finale de Ligue des champions.
"Entre 57 et 70%" de faux billets côté britannique
Le ministre de l'Intérieur, reprenant le déroulé des événements, a de nouveau détaillé le principal problème qui a causé le chaos au Stade de France selon lui, soit la présence massive de faux billets. Évaluation de la préfecture de police à l'appui, Gérald Darmanin a expliqué qu'entre 34.800 et 42.800 supporters supplémentaires étaient présents sur le parvis du Stade de France, créant un bouchon à l'entrée de l'enceinte.
Répétant que les problèmes ont été principalement vus du côté de la tribune britannique, le locataire de la place Beauvau a regretté que le club de Liverpool ait demandé des billets papiers, plus facilement falsifiables. "Dans le premier pré-filtrage, seule l'entrée du RER D qui amenait le plus de supporters britanniques a posé des problèmes. D'après la FFF et le Stade de France, entre 57 et 70% des billets y étaient faux. Beaucoup n'avaient également pas de billets", a insisté le ministre.
"Après le pré-filtrage, les supporters de Liverpool se sont présentés dans les tourniquets (du stade)", a-t-il poursuivi. "2889 faux billets y ont été scannés", a-t-il assuré, soulignant qu'"un même billet a même été copié 744 fois".
"110.000 personnes se sont rendues au stade"
Malgré les contestations concernant ces chiffres, Gérald Darmanin a maintenu le fait que près de 40.000 personnes supplémentaires étaient allées au stade, le justifiant par la répartition des moyens de transport utilisés. "75.000 billets ont été édités", mais "110.000 personnes se sont rendues au stade", a-t-il affirmé : 79.200 en transports en commun, 21.000 en bus, 6000 en taxis et chauffeurs privés, et 4100 personnes avec leurs véhicules particuliers.
Le ministre de l'Intérieur a par ailleurs tenté d'expliquer ce qu'étaient devenues ces personnes n'ayant pas pu entrer dans l'enceinte. Citant toujours les chiffres de fréquentation des transports, il a indiqué que, "dès 22h45, les quais du RER D [étaient] pleins" pour revenir vers Paris, alors que le match n'en était qu'à la 58e minute de jeu.
Une forte mobilisation des forces de l'ordre
"C'est l'évènement qui a mobilisé le plus de policiers et de gendarmes depuis que je suis ministre de l'Intérieur", a encore noté Gérald Darmanin, rejetant toute critique sur le nombre de forces de l'ordre présentes. "Il y avait très largement assez d'effectifs de police." 6800 policiers et gendarmes étaient déployés pour assurer la sécurité de la finale, avec, parmi eux, 29 unités de force mobile dédiées au maintien de l'ordre.
Si le ministre a insisté sur la réactivité des forces de l'ordre, notamment pour éviter que les grilles ne lâchent alors que les supporters de Liverpool se massaient aux portes du stade, il a reconnu avoir "sous-estimé l'action de la police de sécurité publique à partir du moment où les barrages ont été levés". Il a préconisé la nécessité de penser à "un dispositif d'urgence particulier".
Le mea culpa du ministre
Après s'être plusieurs fois justifié ces derniers jours, le ministre a cette fois reconnu certaines erreurs. "Il est évident que les choses auraient pu être mieux organisées", a-t-il relevé. "Il est évident que cette fête du sport a été gâchée." Si les décisions prises par le préfet et les forces de l'ordre ont selon lui permis de "sauver des vies", Gérald Darmanin a également noté "des gestes inappropriés et disproportionnés de la part de policiers ou de gendarmes mobiles". Deux saisines de l'IGPN ont été effectuées après les incidents.
"Le gaz lacrymogène a permis de sauver un certain nombre de personnes de l'écrasement", a-t-il poursuivi. "Mais il a causé de grands dégâts, notamment sur des enfants. Je voudrais m'en excuser très sincèrement." Il a par ailleurs annoncé que les citoyens britanniques et espagnols agressés à l'issue du match "pourront déposer plainte dans leur pays à partir de lundi" et saisir l'Inspection générale de la police nationale française.
Gérald Darmanin a aussi indiqué avoir demandé au délégué interministériel aux JO, le préfet Michel Cadot, d'envisager "des règles différentes" que celle de la dispersion avec du gaz lacrymogène en cas "d'évènements sportifs exceptionnels", estimant que ces moyens n'étaient pas "adéquats".