IMPOTS - Le ministre des Comptes publics a indiqué, vendredi sur RMC, avoir proposé à Emmanuel Macron de supprimer la redevance télé, afin de rendre plus lisible la disparition de la taxe d'habitation, à laquelle elle est adossée.
Coup d'épée dans l'eau ou vraie piste fiscale pour la sortie du Grand débat national ? Gérald Darmanin a indiqué, vendredi sur RMC et BFMTV, avoir proposé à Emmanuel Macron la suppression pure et simple de la redevance télé, d'un montant actuel de 139 euros en métropole, et de 89 euros dans les territoires d'Outre-mer. Pour justifier une telle mesure, le ministre des Comptes publics a avancé un argument financier.
"La question se pose de cette redevance télé, d'autant que l'on ne saura plus comment l'adresser", a-t-il expliqué, la redevance étant actuellement adossée à la taxe d'habitation, qui est vouée à disparaître d'ici à 2021. "Cela coûte cher d'adresser un impôt seul qui rapporte à peu près 120 euros", a-t-il justifié, le jugeant également "injuste". En somme : le simple fait d'adresser cette redevance coûterait trop cher aux finances publiques pour être rentable.
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Comment financer l'audiovisuel public ?
Le ministre a indiqué avoir "proposé" cette mesure "au président de la République et au Premier ministre". "Nous aurons l'occasion de voir ce qu'ils décident." Il a reconnu toutefois qu'une telle suppression posait de lourdes questions de financement pour l'audiovisuel public. "On affecte cet argent à Radio France et à France Télévision, ce qui pose la question de la réforme de Radio France et de France Télévision. C'est donc facile à dire, et difficile à faire", a-t-il ajouté.
Invitée de LCI vendredi, la député LaREM Amélie de Montchalin a estimé elle aussi que la redevance télé "est un impôt cher pour les Français, et qui deviendra de plus en plus cher à collecter". "Si Gérald Darmanin le propose, c'est qu'il a réfléchi, travaillé", a-t-elle ajouté. "C'est à l'arbitrage du président et du Premier ministre, il faudra qu'on en discute". Un député LaREM, Damien Adam (Seine-Maritime), s'est même déclaré favorable, pour le permettre, à la fin de l'interdiction de la publicité après 20 heures sur les chaînes publiques, ainsi qu'à un "assouplissement de l'interdiction sur la publicité pour les films ou les livres".
Le ministre de la Culture Franck Riester n'a pas tardé à réagir pour défendre les moyens alloués à l'audiovisuel public. "Oui, nous avons besoin d'un service public de l'audiovisuel fort", a-t-il déclaré sur France Bleu, défendent un financement "pérenne", tout en reconnaissant qu'il faudrait "se pencher sur la question" soulevée par Gérald Darmanin.
Oui, nous avons besoin d’un service public de l’audiovisuel fort. Son financement est une question importante. Il doit être pérenne et garantir son indépendance. https://t.co/p0pB88QzLe — Franck Riester (@franckriester) 29 mars 2019
Sur France Info, le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand s'est montré circonspect sur une telle proposition, assurant qu'il fallait "préserver la singularité de l'audiovisuel public et de la création".
En 2017, la contribution à l'audiovisuel public a rapporté 3.2 milliards d'euros à l'Etat. Elle permet le financement, à 89%, du budget de Radio France, et à 82% de celui de France Télévisions. Près de 7 contribuables sur 10 déclarent un poste de télévision à leur domicile. Jusqu'ici, le débat portait sur une éventuelle adaptation de la redevance aux nouveaux supports, comme les tablettes et les PC, et non sur sa suppression.