Flambée des prix : les causes de l'inflation au cœur d'enquêtes de l'Assemblée nationale et du Sénat

Maëlane Loaëc (avec AFP)
Publié le 1 juillet 2022 à 18h38

Source : JT 20h Semaine

Michel-Édouard Leclerc a estimé jeudi que certaines augmentations des prix étaient "suspectes" et qu'une enquête était nécessaire.
En réponse, la France Insoumise a annoncé le lancement d'une commission d'enquête parlementaire à l'Assemblée nationale.
La commission des Affaires économiques du Sénat va aussi se pencher sur la question.

De mois en mois, la courbe ne cesse de grimper : l'inflation s'est encore accélérée en France au mois de juin. La hausse des prix à la consommation s'élève à 5,8%, soit 0,6 points de plus en un mois, d'après l'Insee. Une hausse tirée par la progression des prix de l'énergie et des produits alimentaires, qui ont respectivement augmenté de 33,1% et 5,7% par rapport à juin 2021. De quoi inquiéter les oppositions des chambres parlementaires, qui ouvrent des enquêtes sur les raisons de cette flambée, alors que le gouvernement prépare un projet de loi très attendu sur le pouvoir d'achat, examiné par le Parlement à compter du 18 juillet. 

C'est le président du comité stratégique des centres E. Leclerc, Michel-Édouard Leclerc, qui a lancé jeudi un appel aux parlementaires, estimant sur BFMTV et RMC que "la moitié des hausses de prix" demandées par les industriels de l'agro-alimentaire n'étaient "pas transparentes et suspectes". "Beaucoup des hausses demandées sont des hausses d'anticipation, voire de spéculation", a-t-il ainsi avancé, avant de demander que la lumière soit faite sur l'évolution des prix "depuis les transports jusqu'aux consommateurs".

Les grandes multinationales dans le viseur des Insoumis

La proposition a été bien accueillie dans les rangs de la Nupes, l'alliance de gauche. "Excellente suggestion", a réagi le député et premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure dans un tweet. Toujours sur Twitter, le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale Boris Vallaud a jugé qu'"il faut transparence et action", quand la parlementaire LFI Clémentine Autain a salué une "excellente idée", estimant que "l'augmentation de l'inflation est directement corrélée aux immenses sommes données aux grands groupes sans aucune contrepartie".

La France Insoumise a sauté le pas dès le lendemain : elle a indiqué vendredi que son groupe à l'Assemblée nationale, la Nupes, allait lancer une commission d'enquête parlementaire "sur l’ensemble des causes à l’origine de la hausse des prix", notamment celle qui touche le secteur alimentaire. Cette commission aura pour objectif de se pencher en particulier sur les "hausses de prix décidées par les acteurs économiques et commerciaux, à commencer par les grandes entreprises multinationales, afin de déterminer la part de la spéculation dans les hausses de prix constatées", annonce le parti.

Pour cause, cette inflation "est le signe d’une urgence vitale pour les classes populaires qui voient leur pouvoir d’achat se détériorer, sans hausse de salaire, depuis des années", jugent les Insoumis. Seront scrutées les augmentations des tarifs "des produits alimentaires mais aussi à ceux des loyers, du logement, de l’énergie, du carburant, des transports et du fret maritime". Une commission initiée par les députés LFI Alexis Corbière, Aurélie Trouvé et Jean-Hugues Ratenon. 

Le Sénat promet "un premier bilan" le 20 juillet

Au Sénat, les groupes d'opposition ont aussi décidé de se saisir de la question après l'appel lancé par Michel-Édouard Leclerc. "Chiche", ont réagi les sénateurs du groupe CRCE à majorité communiste. Leur présidente Éliane Assassi a adressé jeudi un courrier à la présidente de la commission des Affaires économiques du Sénat Sophie Primas (LR) pour proposer la création "d'une mission d'information flash (...) en urgence".

Pour répondre à cette demande, la commission en question a fait savoir vendredi qu'elle allait "établir un premier bilan des causes de cette inflation le 20 juillet". Sophie Primas souhaite que ces travaux "éclairent utilement les parlementaires en vue notamment de l'examen du projet de loi 'Pouvoir d’achat'", qui passera par le Sénat après l'Assemblée nationale. 

La commission a également annoncé qu'elle allait "accélérer les travaux de son groupe de suivi de la loi Egalim", consacrée à augmenter le revenu des agriculteurs et améliorer la qualité de leur production. Le groupe sénatorial de suivi, constitué depuis 2018, analyse l'impact de cette loi, puis de la loi Egalim 2 d'octobre 2021, sur la formation des prix des produits de consommation courante. Il a déjà alerté à plusieurs reprises sur "les manques et effets de bord de ces deux lois", et pour Sophie Primas, ces deux lois adoptées lors du précédent quinquennat "ne sont pas du tout adaptées à une période de forte inflation, qui plus est appelée à durer".


Maëlane Loaëc (avec AFP)

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