L'INTERVIEW POLITIQUE - Invité d'Elizabeth Martichoux mercredi dans la Matinale de LCI, François de Rugy est revenu sur l'affaire Griveaux en faisant un lien avec le scandale qui mené à sa propre démission l'été dernier.
"Quelque chose qui devient viral sur internet, c'est un virus, qui se répand et qui rend malade notre société, qui donne la fièvre médiatique", estime François de Rugy, député LaREM de Loire-Atlantique, invité politique de LCI ce mercredi matin. Même s'il convient que "ce sont deux situations différentes", l'ancien ministre de la Transition écologique a fait un long parallèle entre l'affaire Griveaux et la crise ayant mené à sa propre démission l'été dernier.
Des images privées rendues publiques à l'origine des deux affaires
Le point de rencontre entre les deux scandales : "C’est l’emballement médiatique, qui part d’images publiées sur internet", assure François de Rugy. Dans son cas, une photo d'un dîner onéreux - on se souvient des homards - accompagné de rumeurs de détournement d'argent public. Dans le cas de Benjamin Griveaux, les images d'une conversation privée, dans le cadre duquel il partage des photos de son anatomie. Si les circonstances sont bien différentes, dans les deux cas, selon M. de Rugy, "on ne parle pas de réalité, mais de morceaux extraits de la réalité".
Sur l'affaire #Griveaux et la sienne 🗣 @FdeRugy : "On peut voir des phénomènes communs, l'emballement médiatique qui part d'Internet, d'images, de photos, de vidéos, on ne part pas de réalité, on part de petits morceaux extraits" 📺 @EliMartichoux #LaMatinaleLCI pic.twitter.com/9aiAbcdwL6 — LCI (@LCI) February 19, 2020
"Ce qui est rendu public sur la base d’échanges privés est très grave, j’en ai été indirectement victime", continue-t-il. "On viole les communications privées. C'est comme si, autrefois, on ouvrait votre courrier qu’on y découvrait des images et qu’on les mettait sur la place publique", analyse le député. "Or, la différence entre un régime totalitaire et un régime démocratique, c’est de ne pas violer les conversations privées", même quand elle est électronique.
"C’est pour ça qu’il faut avoir une réflexion particulière sur la puissance d’internet, la moindre personne qui publie un tweet va avoir plusieurs centaines ou milliers de vues", avance encore François de Rugy, qui dénonce la tendance à minimiser ce qu'il se passe sur internet. "Au contraire, c'est d'autant plus dangereux car cela a beaucoup plus d'impact", a-t-il ajouté en rappelant l'affaire de la jeune Mila et de "l'embrasement sur les réseaux sociaux qui a failli mettre sa vie en danger".
Des "stratégies d'empêchement de politiques" à l'oeuvre
"Les leçons que j’en tire, c’est qu’on est face à des phénomènes qui se répètent : des stratégies d’empêchement de politiques. On ne cherche plus à demander des comptes, ce qui est normal, mais on cherche à empêcher le responsable politique de faire son travail", martèle François de Rugy. "C'est d’autant plus grave que ça balaye le débat démocratique". Elu en Loire-Atlantique, l'homme politique assure que des mois après l'affaire des homards, "beaucoup de gens" viennent le voir lorsqu'il est en déplacement pour lui dire ce scandale était "complètement délirant", illustrant selon lui que "l'emballement médiatique écrase la réalité".
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François de Rugy voit ainsi la démission de Benjamin Griveaux avec compassion, estimant qu'il est "difficile de se mettre à la place de celui qui vit cela", mais également que face à ces attaques, "il y a une nécessité de prendre du recul pour se défendre". Selon lui, les "valeurs républicaines" doivent rester la protection de l’intimité et des conservations privées. "Cela devrait être quelque chose que tout le monde défend", a-t-il déclaré. Il attend ainsi beaucoup de la justice française, et de voir si la loi de 2016 sur le revenge porn va être bien appliquée dans le cas de Benjamin Griveaux. "On ne va pas ralentir internet, donc pour la protection des citoyens, il faut accélérer les poursuites et réduire le décalage entre les attaques en ligne et les procès qui suivent".