Hollande fustige "l'arrogance" de Macron dans une réédition de son livre "Les leçons du pouvoir"

Publié le 31 mars 2019 à 19h05

Source : Sujet TF1 Info

CRITIQUE - A l'occasion de la publication en version poche de son ouvrage, "Les leçons du pouvoir", François Hollande égratigne à plusieurs reprises le bilan d'Emmanuel Macron, près de deux ans après son arrivée au pouvoir.

La republication, mercredi, de son ouvrage à succès Les leçons du pouvoir (Stock) en version poche méritait bien une petite rallonge. François Hollande s'y est donc employé. Et à travers les trois nouveaux chapitres venus enrichir la narration du bilan de son quinquennat, l'ancien président n'hésite pas à esquinter son successeur. 

Après avoir multiplié, lors de ses déplacements, les piques à l'égard d'Emmanuel Macron, François Hollande se livre ici à un bilan particulièrement sévère des deux premières années de ce quinquennat. Livrant sa propre analyse de la crise des Gilets jaunes, qu'il reconnait n'avoir pas vu venir, il en impute en partie la responsabilité à la politique menée par Emmanuel Macron. 

J'avais perçu le courroux provoqué par la suppression de l'ISF"
François Hollande dans la réédition des "Leçons du pouvoir"

"J'avais senti une colère sourde qui montait", raconte-t-il. "J'avais saisi sans peine l'exaspération des retraités face à un relèvement de la CSG [...] J'avais perçu le courroux provoqué par la suppression de l'ISF et compris que personne ne croyait que cette mesure unique allait irriguer le patrimoine commune même par un lent goutte-à-goutte. J'avais relevé l'indignation devant les injustices au moment même où la croissance revenait". 

A l'arrivée, estime Hollande, les choix "inégalitaires" d'Emmanuel Macron ont produit "l'inverse exact de ce qui était espéré : la confiance ne vint pas aux investisseurs et la défiance s'installa chez les consommateurs", limitant les perspectives de croissance. 

"Le résultat au bout de deux ans n'est bon ni pour la vitalité économique ni pour la cohésion sociale", a également dénoncé l'ancien chef de l'Etat dans une interview au Parisien parue dimanche. Tout en tempérant : "Mais un mandat dure cinq ans, évitons de porter des jugements définitifs".

Une pratique du pouvoir qui a "insupporté"

Dans son livre, François Hollande s'en prend surtout à la façon de gouverner d'Emmanuel Macron, y voyant là le terreau de la crise actuelle. "Il y avait les petites phrases qui avaient blessé, un arrogance qui avait choqué, une pratique du pouvoir qui avait intrigué puis insupporté", énumère-t-il, avec "l'impression que tout se décidait trop loin et qu'au plus près, tout disparaissait". 

Parmi les "leçons" qu'il affirme avoir tiré de son propre quinquennat, François Hollande en retient plusieurs à l'adresse de son successeur : "à vouloir se distinguer à tout prix de son prédécesseur, le plus probable est de rencontrer plus vite que prévu l'impopularité que l'on croyait éviter". L'ex-chef de l'Etat pointe un président "trop sûr de sa chance" qui, après avoir "entamé son quinquennat comme il avait déclenché sa campagne : pas une série d'attaques éclair, certain que les planètes dociles s'aligneraient à son avantage", a écarté "toute objection syndicale ou parlementaire, faisant fi des corps intermédiaires, persuadé que le discours martial et la démarche altière parlaient directement au cœur des Français". 

"Les multiples déclarations à l'emporte-pièce ont fait le reste", juge l'ancien président socialiste, "comme si les plus fragiles devaient être jugés responsables de leur propre sort et suspectés de coûter trop cher à la nation". "Ces fautes", dit-il, "furent pour beaucoup dans le mouvement de colère qui a pris des formes telles que la France n'en avait pas connu depuis des décennies". Ultime "leçon" de l'ancien chef de l'Etat à son successeur : "à vouloir gouverner seul, on finit seul". 


Vincent MICHELON

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