Gaz de schiste : "Il ne faut pas s'interdire la recherche"

Publié le 29 avril 2014 à 19h29
Gaz de schiste : "Il ne faut pas s'interdire la recherche"

ENVIRONNEMENT – Le député socialiste Frédéric Barbier présente mercredi en Commission des Affaires économiques à l'Assemblée nationale un rapport sur l'impact économique de l’exploitation des hydrocarbures de schiste aux Etats-Unis. Des conclusions qui ne manqueront pas d'alimenter le débat en cours concernant le projet de loi sur la transition énergétique en préparation. Frédéric Barbier dévoile pour "metronews" les grandes lignes de son rapport.

Peut-on parler de miracle économique au sujet de l’exploitation du gaz de schiste aux Etats-Unis ?
C'est indéniablement un renouveau économique pour les Etats-Unis, qui devrait durer plusieurs dizaines d'années. Depuis 2010, ils sont devenus le premier producteur de gaz mondial, devant les Russes. Les réserves exploitables ont d'ailleurs été revues à la hausse au mois de février.

Quels avantages retirent les Etats-Unis de cette exploitation ?
En premier lieu, le consommateur a vu sa facture de gaz baisser de 30%. Ensuite, les entreprises bénéficient aujourd'hui d'un prix de l’énergie très compétitif et stable. Les gains sont tout à fait conséquents, notamment en ce qui concerne l'industrie pétrochimique américaine. La France, qui possède la deuxième industrie pétrochimique d'Europe, sera confrontée dans les prochaines années à une concurrence particulièrement féroce. Il y a ensuite un avantage environnemental au niveau des émissions de CO2. Aux Etats-Unis, le gaz a progressivement remplacé le charbon, jugé deux fois plus polluant, dans la production d’électricité. Cela leur a permis de diminuer leurs émissions de CO2 de 3,8% entre 2011 et 2012.

Et en termes d'emplois ?
On estime que cette industrie a créé 150.000 emplois directs. Ce qui n'est pas considérable, rapporté à la population américaine. Concernant les emplois induits, l'évaluation est très difficile à faire. On parle de 600.000 emplois aujourd’hui.

En France, l'exploitation du gaz de schiste, pour l'instant interdite, pourrait-elle avoir les mêmes retombées ?
La question qu'il faut se poser c'est : à quel prix serions-nous capables de l'exploiter ? Les experts s’entendent sur un coût de production de l’ordre de 8 à 9$/Mbtu (unité d'énergie anglo-saxonne retenue en France, ndlr), contre un prix de marché du gaz actuel en Europe de 10 à 12$. Loin donc des 4,5 $ aux Etats-Unis. Ce gain justifie-t-il l’exploitation des gaz de schiste ?

Dans le cadre du projet de loi sur la transition énergétique , cette interdiction peut-elle être levée, selon vous ?
Il y aura forcément un débat, comme sur le nucléaire. Mais je sens l’opinion plutôt réticente à l’exploitation des gaz de schiste.

Le ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, a pourtant récemment lui-même poussé l'argument économique...
À titre personnel, je pense qu’il ne faut pas s'interdire la recherche car l'intérêt ou non de cette exploitation dépend des réserves dont nous disposons, et de leur nature. Or, pour les connaître, il faut autoriser cette recherche.


La rédaction de TF1info

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