Gilets jaunes : 3 Français sur 4 vont profiter du plan de 10 milliards pour le pouvoir d'achat

par Matthieu JUBLIN
Publié le 30 janvier 2019 à 15h56, mis à jour le 30 janvier 2019 à 19h31

Source : Sujet JT LCI

ÉTUDE - Selon une note de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) publiée mardi, la redistribution directe de plus de 10 milliards d'euros aux ménages pendant la crise des Gilets jaunes va profiter surtout aux classes moyennes.

Trois ménages sur quatre devraient bénéficier d'un gain de pouvoir d'achat cette année, selon une note de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) publiée mardi. Cette étude estime qu'en 2019, "un rééquilibrage rapide et massif en faveur des ménages moins aisés sera opéré, sous l'effet notamment des mesures pour répondre à la crise des 'gilets jaunes'".

Qui sont les gagnants (en moyenne) ?

Pour connaître le détail des "gagnants" et des "perdants" des mesures du budget 2019, l'étude de l'OFCE a divisé la population française en 20 groupes de même nombre - des "vingtiles" - classés par niveau de vie. Dans les graphiques qui suivent, la colonne de gauche correspond donc aux 5% de Français les moins aisés, et la colonne de droite aux 5% les plus aisés.

Selon l'OFCE, les mesures budgétaires "soutiendraient le pouvoir d'achat des ménages à hauteur de 11,7 milliards d'euros en 2019", dont "plus de 88 % du montant global, soit 10,3 milliards, provient des décisions prises en décembre". Cela correspond à "un gain moyen de 440 euros par ménage", mais celui-ci n'est pas distribué de manière égale.

Les principaux bénéficiaires de ces mesures sont les classes moyennes, qui profitent "de la baisse de la taxe d'habitation, des cotisations salariées, de la défiscalisation des heures supplémentaires et de la baisse de CSG pour certains retraités", indique l'OFCE. Les ménages plus modestes voient quant à eux leur niveau de vie "soutenu par la forte revalorisation de la prime d'activité, la mise en place du zéro reste à charge et l'augmentation du chèque énergie", avec un effet moindre que chez les classes moyennes. Enfin, "les ménages parmi les 5 % les plus aisés, grands gagnants de la réforme de la fiscalité du capital de 2018, verront également leur revenu soutenu par certaines mesures socio-fiscales".

Où sont les "perdants" ?

En lisant ce premier graphique, on pourrait croire que le pouvoir d'achat a augmenté pour toutes les catégories de population. Mais ce n'est pas exactement le cas, car dans chaque "vingtile" se trouvent des ménages dans des situations différentes, notamment chez les plus modestes et les plus aisés. L'étude de l'OFCE montre donc également quelle est la part de "gagnants" et de "perdants" dans chaque vingtile. 

Au total, "près d'un quart des ménages subirait tout de même un impact négatif sur leur revenu disponible en lien avec les nouvelles mesures, explique l'OFCE. Si les "perdants" sont moins nombreux parmi la classe moyenne, ils le sont beaucoup plus parmi les 25% des ménages les plus modestes, ainsi que chez les 25% les plus aisés. Premiers concernés : les inactifs, qui ne bénéficient pas de la prime d'activité, par exemple. Autre catégorie "perdante" : la moitié des retraités la plus aisée, qui voient leur taux de CSG augmenter.

Un budget de "relance" qui redistribue de manière plus homogène que le précédent

Autre enseignement de cette note de l'OFCE : la comparaison des effets du budget 2018 et du budget 2019. Comme le montrent les deux graphiques ci-dessous, le budget 2018 (en rouge) n'avait que très peu d'effet sur le niveau de vie des classes modestes et moyennes (à gauche et au milieu). Il avait en revanche un effet négatif sur les classes très modestes (tout à gauche) à cause du "renforcement de la fiscalité écologique", et sur les classes aisées (à droite) "sous l'effet notamment de la bascule cotisation/CSG". Les 5% plus aisés bénéficiaient, eux, de l'allègement de la fiscalité du capital. À l'inverse, le budget 2019 (en bleu) tend à augmenter le niveau de vie moyen de chaque vingtile, du plus modeste au plus riche.

"Pour la première fois depuis 2007 et la loi TEPA [en faveur du travail, de l'emploi et du pouvoir d'achat] de Nicolas Sarkozy, le taux de prélèvements obligatoires sur les ménages baissera significativement", indique enfin l'étude. Ce taux de prélèvement avait notamment augmenté après l'année 2010. Le budget 2019 devrait également augmenter de 0,5 point la croissance du produit intérieur brut (PIB), estime l'OFCE. Pour Mathieu Plane, le directeur adjoint du département analyse et prévision de l'observatoire, il s'agit d'une "relance modérée, mais une relance quand même", rapporte Le Monde.


Matthieu JUBLIN

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