RÉPONSE - Après avoir écarté tout changement de cap face au mouvement des Gilets jaunes, le gouvernement relance les négociations à partir de mardi autour de la transition énergétique et du pouvoir d'achat.
Rester inflexible ou discuter... Comment réagir face à ce mouvement inédit des Gilets jaunes qui a "sidéré" l'élite politique, selon les termes employés sur LCI par le géographe Christophe Guilluy ? Après une semaine de mobilisation, même faiblissante, et à la veille d'une nouvelle manifestation à Paris, Emmanuel Macron a amorcé un changement de cap radical dans la ligne de son gouvernement.
Face à ce mouvement soutenu désormais par près de 8 Français sur 10, dont une large majorité estime que l'exécutif doit revenir sur la hausse des taxes sur le carburant prévue au 1er janvier 2019, le président de la République a donné le ton de cette nouvelle méthode dès mercredi devant les maires. Il est question désormais "d'élargir la concertation" autour de la transition énergétique, avec "une réflexion sur le financement" des mesures pour l'accompagner.
Vendredi, une source gouvernementale a précisé à LCI les contours de la concertation annoncée pour mardi, dans le cadre du Conseil national de la transition énergétique. L'Elysée travaillerait ainsi à une rencontre "avec les forces vives, syndicats, partis politique" (l'entourage du chef de l'Etat excluait toutefois la présence de Gilets jaunes, contrairement à ce que d'autres évoquaient plus tôt). Ce serait, nous précise-t-on, "le début d'un cycle de rencontres régulières". Emmanuel Macron tiendra le même jour un discours sur "les grandes orientations sur l'énergie et l'acceptabilité sociale de la transition écologique", avant que le ministre de la Transition énergétique, François de Rugy, ne donne le détail des nouvelles mesures compensatoires pour les Français, pas seulement sur le carburant, mais aussi sur l'aide à la conversion des anciennes chaudières, ou encore sur l'isolation des logements.
"Des questions légitimes"
Pour un gouvernement qui s'était montré particulièrement ferme vis-à-vis des mouvements sociaux depuis le début du quinquennat, de la réforme du Code du travail à celle de la SNCF, on mesure l'ampleur de l'inflexion. Alors qu'Emmanuel Macron affichait sa méfiance à l'égard du mouvement des Gilets jaunes, jugé sans revendication précise, François de Rugy s'est dit prêt au dialogue, vendredi.
"C'est un mouvement populaire et citoyen, sorti du cadre normal de la représentation", reconnaissait également vendredi, sur LCI, la secrétaire d'Etat à la Transition énergétique Emmanuel Wargon. "Les questions posées sont légitimes, il faut des réponses concrètes."
"La crise que nous vivons est plus profonde que le seul sujet des carburants", a également reconnu, sur LCI, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. "Personne n'est aveugle et tout le monde est bien conscient de la situation."
Quasiment rien n'a percé pour l'heure de ce qui pourrait être présenté mardi. Il y a une semaine, le gouvernement avait déjà annoncé un élargissement des primes à la conversion des voitures anciennes, des indemnités kilométriques, ainsi qu'une hausse du "chèque énergie", sans parvenir à atténuer la colère des Gilets jaunes. Certaines pistes évoquées ces dernières heures semblent témoigner d'une grande fébrilité au sein du gouvernement et de sa majorité face au succès médiatique du mouvement. L'exécutif s'est dit prêt à reporter la mise en oeuvre de la vignette poids lourds, afin d'éviter que la profession de rejoigne à son tour les Gilets jaunes. Vendredi, la députée LaREM Brigitte Bourguignon a même brisé le tabou de la hausse des taxes sur le carburant - une ligne défendue depuis le début par le pouvoir - en proposant un "moratoire" d'un trimestre sur cette hausse...
"Il faut reprendre le débat global", a concédé vendredi Emmanuelle Wargon. Tout en fixant une ligne rouge. "Il faut être constant. L'objectif est la baisse de la consommation des énergies fossiles et le cap ne change pas." Pour autant, a-t-elle ajouté, il faut "trouver la manière de ne pas le faire contre, mais avec les citoyens". De quoi laisser la porte ouverte à quelques aménagements. De façade ou de fond ?
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