REVENDICATIONS - Allant de la baisse de la précarité à la réduction du budget des comptes publics, les Gilets jaunes ont listé leurs revendications, qui vont plus loin que la baisse générale des taxes initialement revendiquée. Dans un document que s'est procuré LCI, une liste "synthétique" fait état de multiples demandes.
"Au fil des jours, via les réseaux sociaux, nous avons reçu des propositions visant à améliorer le pouvoir d’achat du citoyen français". Après près de trois semaines de mobilisation, les Gilets jaunes partagent leurs revendications. LCI a pu se procurer, jeudi 29 novembre, auprès de l'un des huit "communicants" du mouvement, une liste de celles-ci.
Deux listes ont été réalisées après qu'un sondage, mis en ligne sur les réseaux sociaux et ouverts à tous, demandait à chaque "citoyen français manifestant" de donner son avis. Désormais, c'est donc un document "synthèse" qu'a partagé un des porte-parole à LCI. "Nous avons collecté les propositions des citoyens manifestants en les réunissant pas thèmes et avons constitué cette liste", explique ainsi le communiqué.
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Dans ce document, se dégagent deux propositions principales déjà partagées lundi 26 novembre, au moment de la nomination des "huit communicants officiels" : revoir à la baisse toutes les taxes et créer une "Assemblée citoyenne". Celle-ci aura pour rôle d’aborder les sujets proposés par les personnes ayant participé au sondage afin de "trancher par voie de référendum". Le signe d'une défiance absolue envers les organes de représentation que sont le Sénat (dont la suppression est d'ailleurs proposée) et l'Assemblée nationale.
En tout, ce sont donc une trentaine de requêtes qui ont émergé des consultations en ligne. Elles sont classées en six points : le transport, les élections, l’emploi et les entreprises, la précarité, les comptes publics et les sujets de société "divers".
Une trentaine de revendications
Outre des demandes très larges, telles que "la fin de l’assistanat", l'inclusion des personnes à mobilité réduite, la "création d’un vrai Postbac", figurent des mesures qui ont déjà été portées par plusieurs groupes politiques. Ainsi, plusieurs demandes rappellent des idées mises en avant par des partis de gauche dans le passé. La hausse du Smic, la revalorisation des retraites, l'incitation a La "suppression du Sénat", par exemple, avait été évoquée par le candidat insoumis Jean-Luc Mélenchon, dans le cadre de son changement de République, proposé lors de la campagne présidentielle 2017, tout comme le fait de reconnaître le vote blanc. Repris ici par les Gilets jaunes qui désirent "reconnaître et comptabiliser le vote blanc aux différents scrutins". Une façon de parer au manque de représentativité des candidats et à l'abstention galopante constatée lors des derniers scrutins d'envergure nationale., à laquelle s'ajoute une volonté d'impliquer les citoyens dans le processus législatif ("promulgation des lois par les citoyens eux-mêmes).
L'écologie n'est pas mise de côté : si on veut supprimer le TICPE et la taxe carbone, l'interdiction du glyphosate figure en bonne place dans le volet "transport-écologie", et la transition vers la voiture électrique, tant vantée par le gouvernement mais dont la propreté fait débat, est sérieusement mise en doute, au profit des biocarburants. Rien, en revanche, sur les transports en commun, le ferroviaire dans les régions rurales, principalement touchées par la hausse des carburants.
Mais se trouvent également des mesures qui vont dans le sens du gouvernement. Notamment les pistes pour améliorer l’emploi et l’entreprise. Par exemple, "l’exonération des heures supplémentaires pour encore plus de pouvoir d’achat" a d’ores et déjà été annoncée par le gouvernement , qui compte les "désocialiser" en septembre 2019, et qui rappelle également la politique de Nicolas Sarkozy. La suppression des "charges patronales" rappelle la baisse des cotisations salariales engagées par le gouvernement depuis sa prise de fonction. Il en va de même pour la volonté d'une "retraite au calcul identique pour tous" ainsi que le respect de "la parité homme/femme", fer de lance de la campagne électorale d’Emmanuel Macron.
Évidemment, plusieurs revendications sont, bien au contraire, directement en opposition avec la politique du gouvernement actuel. Ainsi, la "réévaluation de l’Allocation pour le Logement" est une proposition qui intervient alors que la baisse des APL en 2017 avait provoqué une levée de boucliers. Enfin, le "rétablissement de l’ISF" vise à rétablir un impôt supprimé par Emmanuel Macron en octobre et qui lui aura valu le surnom de "président des riches". Une mesure à propos de laquelle, d'ailleurs, quelques députés de la majorité se demandent si elle n'est pas un péché originel de leur quinquennat, et qui songent désormais aujourd'hui à enquêter sur ses véritables effets vers l'économie réelle, comme cela avait été mis en avant par Emmanuel Macron.