Gilets jaunes, étudiants, banlieues, CGT... Une improbable "convergence des luttes" samedi à Paris

Publié le 29 novembre 2018 à 17h46, mis à jour le 29 novembre 2018 à 18h36
Gilets jaunes, étudiants, banlieues, CGT... Une improbable "convergence des luttes" samedi à Paris

MOUVEMENT SOCIAL - Les Gilets jaunes ont appelé à une nouvelle manifestation, samedi 1er décembre dans la capitale. Cette mobilisation sera ralliée par un collectif issu des quartiers défavorisés, et coïncidera avec d'autres rassemblements, dont celui de la CGT. Convergence ou contingence ?

Le jaune et le rouge vont-ils se mêler, samedi 1er décembre,  place de la République ? Alors que les Gilets jaunes entendent poursuivent leur mobilisation avec une troisième manifestation ce week-end dans la capitale, le mouvement va cohabiter pour la première fois avec d'autres rassemblements prévus, parfois au même endroit.

Pour l'heure, certains Gilets jaunes ont déclaré à la préfecture de police vouloir manifester sur la place de la République, et entre la Madeleine et République. Toutefois, aucune déclaration n'avait été faite, jeudi 29 novembre, pour un rassemblement sur les Champs-Elysées, comme lors de la manifestation sauvage du 24 novembre qui a tourné à l'affrontement avec les forces de l'ordre. 

La CGT au même endroit

La place de la République est d'ores et déjà le cœur d'une autre mobilisation, prévue depuis le 20 novembre par la CGT. Le syndicat appelle en effet à une mobilisation dès midi pour défendre les "privés d'emploi" et infléchir la politique du gouvernement, avant que le cortège ne se déplace vers le siège de l'Unedic, dans le 12e arrondissement. 

L'appel du syndicat est singulièrement large. Il s'adresse à "tous les citoyens, salariés actifs ou retraités", et vise notamment à exiger une augmentation du Smic, une revendication qui converge avec une partie des Gilets jaunes. Trop large pour Force ouvrière, qui ne souhaite pas participer au mouvement car cet appel "aux citoyens et non aux seuls travailleurs" "sort du cadre syndical". 

De quoi laisser envisager une convergence entre les deux mouvements ? Cela n'aurait rien d'automatique. Certes, une mobilisation organisée le 29 novembre sur un échangeur autoroutier à Créteil (Val-de-Marne) a vu se mélanger des Gilets jaunes et les "gilets rouges" du syndicat. Mais la liste des revendications des Gilets jaunes n'est pas forcément compatible avec celle de la CGT. "C'est un mouvement protéiforme, il y a des revendications qui ne résonnent pas avec les nôtres", reconnaissait Benjamin Amar, responsable CGT du Val-de-Marne auprès de LCI. "Mais il y en a qui résonnent, sur la nécessité d'augmenter les salaires, sur la lutte contre l'évasion fiscale. Il est de notre responsabilité de construire la mobilisation."

Défiance chez les Gilets jaunes

Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a également estimé, dans la perspective de samedi, que "rien ne s'oppose à ce qu'il y ait des gilets rouges à côté des gilets jaunes", malgré des divergences évidentes sur plusieurs sujets - dont la baisse générale des taxes, des charges patronales ou encore la fin des régimes spéciaux revendiqués par certains Gilets jaunes. 

Du reste, les syndicats, comme les politiques - Jean-Luc Mélenchon et le PCF devraient participer à la manifestation des Gilets jaunes samedi - se montrent malgré tout très prudents. Ils savent que la perspective d'une récupération en bonne et due forme reste particulièrement mal vue au sein de ce mouvement. L'un des coordinateurs du mouvement, Eric Drouet, expliquait ainsi que les Gilets jaunes s'étaient empressés de se trouver des porte-paroles "dans l'urgence, pour que ça ne soit pas récupéré par un parti ou un syndicat". 

Coagulation des luttes

Il n'empêche. En province, certains syndicats professionnels - notamment chez les pompiers (SPP-PATS) ou encore les transporteurs routiers en Normandie -, ont d'ores et déjà annoncé leur intention d'accompagner certains manifestants. A Nice, des étudiants tentent de mobiliser via les réseaux sociaux sous le nom de "Gilets jeunes", afin de rallier les manifestants autour des questions sur leur avenir professionnel.

A Paris, un mouvement totalement extérieur à celui des Gilets jaunes, le collectif Adama (créé par les proches d'Adama Traoré, décédé lors d'une interpellation en juillet 2016), a annoncé qu'il rejoindrait la manifestation car, dit-il, "les quartiers populaires sont confrontés aux mêmes problématiques sociales que les territoires ruraux ou périurbain".

D'autres manifestations coïncideront avec ces mouvements, samedi, dans la capitale, mais a priori sans relation directe : les étudiants, à l'appel de la Fage, le syndicat  majoritaire, mobilisés notamment contre la hausse des frais d'inscription pour les étrangers et les suppressions de postes dans l'Education nationale, sur la place du Panthéon ; et le collectif antiraciste Rosa Parks, qui envisage de se rendre, samedi après-midi, de la Nation à la place de la République. Quels qu'en soient les motifs, il y aura du monde dans les rues de Paris ce week-end. 


La rédaction de TF1info

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