Les discriminations sur les accents bientôt sanctionnées par la loi ?

Publié le 19 novembre 2020 à 6h03
Une proposition de loi contre la glottophobie sera bientôt examinée par l'Assemblée nationale.

Photo prise le 29 octobre 2020
Une proposition de loi contre la glottophobie sera bientôt examinée par l'Assemblée nationale. Photo prise le 29 octobre 2020 - Source : Bertrand GUAY / AFP

POLITIQUE - Une proposition de loi a été déposée ce mercredi à l'Assemblée nationale. Le texte, qui sera examiné en première lecture le 26 novembre prochain, défend des sanctions contre la glottophobie.

Une nouvelle discrimination bientôt sanctionnée en France ? La loi réprime déjà de nombreuses discriminations et notamment celles fondées sur l'origine, le sexe ou le handicap. Une proposition de loi, déposée ce mercredi à l'Assemblée nationale, pourrait bien ajouter un autre motif : l'accent. Cette inflexion de voix, généralement liée au terroir régional, serait susceptible de constituer un obstacle dans certains aspects de la vie quotidienne et notamment dans le milieu professionnel. 

Après avoir reçu le feu vert de la commission des Lois de l'Assemblée nationale ce mercredi, la proposition de loi défendant la répression de la glottophobie sera examinée en première lecture dans l'hémicycle le 26 novembre prochain. Cette mesure est notamment défendue par le groupe Agir, allié de la majorité. "À l'heure où les minorités 'visibles' bénéficient de la préoccupation légitime des pouvoirs publics, les minorités 'audibles' sont les grandes oubliées du contrat social fondé sur l’égalité", explique le député de l'Hérault Christophe Euzet, l'un des plus fervents défenseurs de ce texte. Il ajoute qu'une telle réglementation constituerait une nouvelle avancée dans la promotion de "la diversité de prononciation de la langue française", en "prohibant les 'discriminations par l'accent' que l'on constate factuellement dans les fonctions impliquant, tout particulièrement, une expression publique"

"Un signe de reconnaissance fort"

Alors que certains détracteurs pointent déjà la superfluité de cette proposition dans un contexte de crise, l'élu souligne qu'elle est "indispensable". Selon lui, il faut "adresser un signe de reconnaissance fort, en favorisant la revalorisation des prononciations 'atypiques" dans cette "période de doute quant à la cohésion des territoires" de l'Hexagone. "Notre Nation, qui se félicite souvent de la grande diversité de ses terroirs, désole donc, paradoxalement, par l'uniformité lissée de son expression publique", martèle-t-il assurant que l'accent n'a "aucun droit de cité" dans la politique, les médias ou dans les entreprises publiques en France. 

Si ce texte est adopté par le parlement, le terme "accent" sera ajouté à longue liste des causes de discriminations sanctionnées par le Code pénal et le Code du travail (origine, sexe, orientation sexuelle, situation de famille, handicap, grossesse, patronyme, opinion politique, appartenance syndicale, croyance religieuse, etc...). 


Maxence GEVIN

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