Goasguen-Valls : c'était quoi, le mouvement Occident ?

Publié le 26 février 2014 à 13h24
Goasguen-Valls : c'était quoi, le mouvement Occident ?

EXTREME DROITE - Claude Goasguen, maire UMP du 16e arrondissement de Paris, a farouchement nié mardi avoir appartenu à Occident comme l'affirme Manuel Valls. Zoom sur ce groupuscule d'extrême droite violent des années 1960, dont plusieurs personnalités majeures de la droite ont fait partie. Et avec lequel les relations de Claude Goasguen sont ambiguës.

Un groupuscule d'étudiants nationalistes
Occident est un mouvement regroupant des lycéens et des étudiants fondé en 1964. Il est issu de la Fédération des étudiants nationalistes (FEN), qui a dissous sa section parisienne pour "indiscipline". Des militants, pour la plupart âgés de moins de 20 ans, fondent alors le mouvement Occident. Il comptera entre 500 et 1500 membres, selon les estimations. Plusieurs deviendront des figures de premier plan de la droite française, comme Alain Madelin, Patrick Devedjian, Gérard Longuet et Hervé Novelli. Occident sera dissous le 31 octobre 1968 par un décret du ministère de l'Intérieur sur les "groupes de combat et milices privées".

Une idéologie d'extrême droite très dure
Parfois considéré comme néofasciste, le mouvement est, selon des archives de la Bibliothèque nationale française (BNF) "anticommuniste, anti franc-maçon, anti libéralisme politique, ouvertement raciste, ultranationaliste et dénonçant le concept de démocratie". Dans le numéro 5 de sa publication Occident université, le groupuscule estime ainsi que "tout fascisme est l'expression d'un nationalisme, qui seul peut cristalliser la volonté de la jeunesse en un immense élan révolutionnaire; le nationalisme, c'est la jeunesse au pouvoir."

Des actions violentes
Occident est connu pour ses opérations coup-de-poing, que relate notamment le journaliste Frédéric Charpier dans son ouvrage Génération Occident . Ce dernier décrit ainsi une bagarre lors d'un gala de l'UNEF et de la CGT, le 2 juin 1964, auxquels 15 militants d'Occident se rendent "équipés de barres de fer, de chaînes de vélo et même de crochets de boucher". Il rappelle également l'attaque, le 12 janvier 1967, des Comités Viet Nam d'extrême gauche à Rouen. Plusieurs étudiants sont grièvement blessés, l'un étant laissé dans le coma. Treize membres d'Occident seront condamnés pour "violence et voies de fait avec armes et préméditation".

Claude Goasguen en a-t-il fait partie ?
Une certaine ambiguïté persiste sur les relations qu'a entretenues Claude Goasguen avec le groupe Occident. L'intéressé a fermement démenti mardi en avoir été membre. Une affirmation confirmée par Gérard Longuet sur i>Télé : "Claude Goasguen n'a jamais fait parti du mouvement Occident". Goasguen ne figure pas nom plus parmi les cadres du mouvement recensés par le journaliste politique Laurent de Boissieu.

Un autre ancien membre, William Abitbol, confiait pourtant en 2002 à Libération  : "Mes amis d'Occident, c'était Patrick Devedjian, Claude Goasguen, Gérard Longuet et Alain Madelin." Et la fiche de la BNF consacrée au mouvement le classe parmi ceux qui ont "dirigé" le groupuscule, aux côtés de Gérard Longuet et d'Alain Madelin.

Dans son livre, sorti en 2005, Frédéric Charpier le cite par ailleurs "parmi les hommes qui comptent à Occident" . "Claude Goasguen s'est contenté de nier mollement, mais il n'a pas porté plainte", explique-t-il à FranceTVInfo . "Il n'y a pas de certitude absolue sur son statut précis" mais "différents documents" attestent que "ses liens avec Occident sont manifestes". Par ailleurs, une note des Renseignement généraux citée par Les Inrocks le mentionne parmi "le groupe de direction d'Ordre nouveau". Un autre "mouvement d'extrême droite" de ceux auxquels Claude Goasguen dit "n'avoir jamais appartenu" .

Le maire UMP du 16e arrondissement de Paris a seulement reconnu, mardi, avoir présidé la corpo d'Assas. Ce qui, jugeait-il en 2007 sur LCP , "n’était guère mieux, je dois bien le reconnaître."


Tristan MICHEL

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