Les syndicats se préparent à "mettre la France à l'arrêt" ce mardi 7 mars pour protester contre la réforme des retraites.Invité de LCI ce lundi, le politologue Jérôme Jaffré estime toutefois que leur victoire - un retrait de la réforme - est "peu probable"."Même les acteurs qui mènent la lutte pensent que ce sera très difficile", indique-t-il.
Le bras de fer monte d'un cran. Après plusieurs journées de mobilisation ces dernières semaines, les principaux syndicats du pays appellent à "mettre la France à l'arrêt" ce mardi 7 mars pour demander le retrait de la réforme du gouvernement, qui prévoit notamment de repousser l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Cette hypothèse est toutefois jugée "peu probable" par le politologue Jérôme Jaffré, invité de LCI ce lundi.
"Retirer un tel projet est extrêmement difficile", estime le chercheur associé au Cevipof (voir vidéo en tête de cet article). D'après lui, plusieurs conditions doivent être remplies pour que les syndicats gagnent le combat. La première ? "Que l'exécutif se divise", poursuit Jérôme Jaffré. Il faudrait alors que le président de la République "lâche sa Première ministre et le gouvernement". Une hypothèse "exclue" à ce jour, "car Emmanuel Macron porte lui-même la réforme".
La deuxième ? "Un embrasement général du pays." Il faudrait pour cela une mobilisation encore plus large, avec la participation de nombreux salariés du secteur privé ou des jeunes. "Si, au bout de la semaine, les jeunes ne sont pas sortis massivement pour bloquer les universités, ce sera le signe que la jeunesse ne bougera pas", insiste-t-il. "Or, sur les retraites, il est difficile de faire entrer les jeunes dans la lutte."
"Une très forte majorité des Français pense que le texte sera adopté"
Pour l'heure, malgré un durcissement et un élargissement du mouvement, aucune de ces conditions n'est en passe d'être remplie. "Même les acteurs qui mènent la lutte pensent que ce sera très difficile", assure Jérôme Jaffré. "L'opinion ne bouge pas et ne bougera pas sur la réforme elle-même : deux tiers des Français sont vent debout, et un tiers soutient assez mollement (le projet). Mais il y a toujours une très forte majorité pour penser que le texte sera adopté et entrera en vigueur", continue le politologue. Chez les opposants, "l'espoir de la victoire n'est pas là. On estime que cela se fera. C'est un point intéressant pour l'exécutif."
Le gouvernement compte aussi sur la lassitude de la population, notamment face au mouvement social qui "entre dans le dur". "Si nous entrons dans une période de blocage assez longue, les instituts de sondage demanderont si les Français estiment que les mouvements doivent continuer ou s'arrêter", explique Jérôme Jaffré. "Actuellement, le soutien est là. Mais dans l'histoire des mouvements, sa durée est limitée : 15 jours à trois semaines. Au-delà de cette période, l'idée que l'on ne peut pas continuer éternellement à bloquer le pays, et donc à gêner beaucoup de gens", prend le dessus.
En ce sens, "l'expression 'La France à l'arrêt' ou 'mettre l’économie à genoux' sont des non-sens du point de vue syndical", conclut-il. "La 'France à l'arrêt' n'est pas un mot d'ordre : quand on mène la lutte, c'est la France en mouvement. Et mettre 'l'économie à genoux', tous les Français en pâtiraient. Au contraire, le principe de la grève est de préserver les outils de travail, gêner au minimum la population, tout en menant une lutte."
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