L'invasion militaire de l'Ukraine par la Russie bouleverse la campagne présidentielle française, et ce jeudi tous les candidats ont condamné les faits.Mais quand certains souhaitent la livraison d'armes ou de nouvelles négociations avec l'ensemble des Occidentaux, d'autres appellent la France à n'intervenir d'aucune manière et à discuter sans l'Otan ni les États-Unis.
L'invasion russe de l'Ukraine vient mettre un coup d'arrêt à la campagne présidentielle. À six semaines du premier tour, la guerre qui a débuté ce jeudi bouleverse les agendas des candidats. Dans la foulée du président de la République qui a "condamné fermement la décision de la Russie de faire la guerre à l'Ukraine" et appelé à "mettre immédiatement fin à ses opérations militaires", tous ont condamné le conflit qui se joue désormais sur le continent européen.
Dans un communiqué, l'écologiste Yannick Jadot a condamné "avec la plus grande force" l'attaque militaire russe, dont Vladimir Poutine "porte la pleine et entière responsabilité". Il a appelé "la France et l'Europe unie" à exprimer leur "fermeté" et leur "solidarité" en livrant des "armes pour que les Ukrainiens puissent se défendre" et en prenant "des sanctions d'une ampleur exceptionnelle contre Poutine et ses complices, en les bannissant de la communauté internationale".
Dans l'avion le menant jusqu'à La Réunion, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé "une initiative de pure violence manifestant une volonté de puissance sans mesure". Dans un communiqué, l'Insoumis souvent pointé du doigt pour ses positions pro-russes, estime que la France "doit prendre l’initiative d’une démarche de règlement pacifique et diplomatique de la situation. Son objectif doit être d’obtenir un cessez-le-feu immédiat et un retrait de toutes les troupes étrangères d’Ukraine". Le groupe LFI à l'Assemblée nationale a demandé la tenue d'un débat dans l'hémicycle ce jeudi.
Roussel veut négocier sans l'Otan ni les États-Unis
Fabien Roussel a lui aussi condamné une "grave décision dont les conséquences peuvent être incontrôlables" et estimé que "le président russe (...) porte la responsabilité militaire de cette guerre". "La responsabilité collective revient aussi à tous ceux qui ont nourri le feu de la confrontation aux portes de la Russie en laissant entendre que l’Ukraine pouvait intégrer l’Otan", ajoute le candidat communiste. Il estime que "la France ne peut pas prendre part à ce conflit, ni directement, ni indirectement par l'intermédiaire de livraisons d'armes". Il propose de relancer les négociations "sous l'égide de l'ONU", "en toute indépendance de l'Otan et des États-Unis".
Toujours à gauche, sur Twitter Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) a dénoncé "l’intervention russe en Ukraine, tout comme je dénonce l’Otan, fauteuse de guerre et principale force militaire à l’est de l’Europe. Ma solidarité va aux populations, prises dans un conflit qui les dépasse. À bas la guerre, des grandes puissances sur le dos des peuples".
"En ces moments sombres pour la paix et pour l’Europe", la socialiste Anne Hidalgo a appelé à "réagir fermement devant cet acte injustifié et criminel". Dans un communiqué, Christiane Taubira s'est désolée de voir "presque 80 ans d'efforts" pour maintenir la paix sur le continent européen "anéantis". "Le temps n'est plus aux sanctions limitées, mais à des mesures de rétorsion lourdes contre la Russie qui doit immédiatement cesser toute opération militaire. Nous devons soutenir l'Ukraine, clairement et avec efficacité. Son gouvernement doit recevoir notre assistance. Son peuple doit savoir que notre solidarité n'est pas que proclamation", a-t-elle ajouté.
Pécresse réclame "les sanctions les plus fermes"
La candidate des Républicains Valérie Pécresse "souhaite que les pays européens, l’Union européenne, en coordination avec les États-Unis, le Royaume-Uni et les autres membres de la communauté internationale, se mettent d’accord dans les plus brefs délais sur les sanctions les plus fermes, qui ciblent personnellement les responsables de cette guerre". Elle demande également la mise en place d'un "plan d’aide répondant aux attentes de l’Ukraine, qu’il s’agisse d’aide humanitaire, ou de ses demandes spécifiques en matière d’équipements de défense". Elle souhaite la convocation "sans délai" du Parlement pour "débattre de cette situation".
À l'extrême droite, les candidats considérés comme proches de la Russie se sont également montrés solidaires de l'Ukraine. "Le choix de l'intervention militaire de cette nuit est injustifiable : la Russie n'était ni attaquée, ni menacée directement par l'Ukraine", a réagi Eric Zemmour. Il appelle Emmanuel Macron "à se rendre sans délai à Moscou puis à Kiev pour négocier un cessez-le-feu immédiat".
Marine Le Pen "appelle à l'arrêt des opérations militaires", qu'"aucune raison ne peut justifier". "La France devrait prendre l’initiative d’une réunion diplomatique, sous l’égide de l’ONU, associant les Etats-Unis, la Russie, l’Ukraine, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni ainsi que la Pologne, la Roumanie, la Hongrie et la Slovaquie, états frontaliers de l’Ukraine, afin de mettre ainsi fin à ce conflit", a ajouté la candidate du Rassemblement national, dont l'émission politique à laquelle elle était invitée ce jeudi soir sur France 2 a été annulée.