REACTION - Alexandre Benalla a affirmé dimanche à Mediapart avoir continué à échanger régulièrement avec Emmanuel Macron, depuis son licenciement de l'Elysée. L'Elysée dénonce un "faisceau de contre-vérités et d'approximations".
"Nous ne souhaitons pas poursuivre un dialogue par presse interposée avec Monsieur Benalla qui se venge de son licenciement pour faute grave en entretenant tout un faisceau de contre-vérités et d'approximations." Après plusieurs heures de silence, l'Elysée a lancé la contre-offensive lundi après les déclarations d'Alexandre Benalla dans Mediapart.
L’ancien chargé de mission avait affirmé que, malgré son licenciement de l’Elysée, il a continué d’échanger régulièrement avec Emmanuel Macron. "C’est souvent sur le mode ‘comment tu vois les choses ?’", raconte l’ancien garde du corps au site d'investigation. "Cela peut aussi bien concerner les gilets jaunes, des considérations sur untel ou sur untel ou sur des questions de sécurité." Ces échanges auraient eu lieu selon lui jusqu’aux récentes révélations de Mediapart sur son utilisation d’un passeport diplomatique pour des voyages d'affaires en Afrique. Des révélations à la suite desquelles, le ministère des Affaires étrangères a saisi le procureur de la République qui a ouvert samedi une enquête pour "usage sans droit" de passeports diplomatiques.
Alexandre Benalla affirmait également avoir toujours rendu compte au président ou à son entourage de ses faits et gestes. Il raconte aussi que début octobre, une personne de l'Elysée lui a rendu des effets personnels et ses passeports diplomatiques dans une rue près du Palais avec pour seule consigne : "tu ne fais pas de bêtises avec".
"Jamais le président n'a sollicité AB..."
Dans sa réponse envoyée ce lundi à LCI et plusieurs médias en milieu de journée, l’Elysée a indiqué vouloir "revenir aux faits". "Alexandre Benalla n'a tenu l'Elysée au courant d'une partie de ses déplacements que le 20 décembre, c'est-à-dire après que des journalistes aient appris l'existence de son déplacement au Tchad", écrivent les services élyséens. Sur la question de la restitution ou non de ces fameux passeport, l’Elysée indique avoir procédé "depuis son licenciement à toutes les diligences pour récupérer les passeports et autres titres de l'intéressé. Il revient à la justice de donner suite à l'éventuelle utilisation de ces passeports diplomatiques par Alexandre Benalla depuis son départ de l'Elysée, utilisation dont l'Elysée n'avait pas connaissance avant que la presse ne la révèle."
"Lorsqu'il a été licencié, l'Elysée n'était pas en possession des passeports, précise encore l'Elysée à LCI. Un inventaire de ses effets personnels après la perquisition a été fait. Et son carton est toujours à l'élysée, personne à l’élysée ne lui a remis quoique soit !"
Quant aux échanges de Benalla avec le président de la République ? "Rien n'interdit à AB (Alexandre Benalla, ndlr) d'écrire au PR (président, ndlr)", a indiqué Sylvain Fort - le directeur de la communication de l'Elysée dans un échange rendu public par Mediapart ce dimanche. Et d'ajouter que "celui-ci a pu accuser une ou deux fois réception. Mais jamais le PR n'a sollicité d'AB ni confié à celui-ci de tâche particulière comme AB l'indique dans son interview". "Nous ne confirmons rien", a ensuite affirmé l'Elysée à l'AFP, en réponse à la question de savoir si des échanges avaient eu lieu.
Ces révélations, lundi matin, ont en tout cas fait réagir de nombreuses personnalités. Gaspard Gantzer, ancien conseiller de François Hollande et proche d'Emmanuel Macron, a estimé que "l'affaire Benalla, c'est la triste chronique d'un mauvais 'OSS 117' (...) On aimerait bien que l'Elysée dise la vérité, une fois pour toute", a-t-il dit sur France Inter, "estimant que l'Elysée a voulu "cacher des choses sous le tapis". Membre de la commission d'enquête du Sénat sur l'affaire Benalla, la sénatrice PS Marie-Pierre de la Gontrie a souhaité sur BFMTV qu'Alexandre Benalla soit "ré-entendu au minimum sur l'affaire des passeports diplomatiques" par la commission. Les Républicains ont aussi demandé la vérité sur cette affaire. "Depuis le départ c'est une succession de mensonges, de dissimulation, au sommet de l’État", a accusé la porte-parole de LR Laurence Sailliet sur LCI.
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