La présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a soumis au gouvernement l'idée d'instaurer un Smic régional."Le Smic devrait être à 9% ou 8,8% de plus en Ile-de-France" en raison du coût de la vie, estime-t-elle.Un Smic différent selon les régions a déjà existé, entre 1950 et 1968.
"La réalité est claire : le niveau des prix à la consommation en Ile-de-France est supérieur de 9% au reste de l'Hexagone." Face à ce constat, la présidente de la région Ile-de-France réclame l'instauration d'un Smic régional, plus élevé en région parisienne qu'ailleurs. "Un salarié rémunéré au Smic qui loue un studio à Créteil ça lui coûte 51% de son revenu alors que ça lui coûterait 25% à Limoges. Nous avons un Smic qui n'offre pas le même reste à vivre. (...) Le Smic devrait être à 9% ou 8,8% de plus en Ile-de-France", a-t-elle déclaré dans un entretien accordé à 20 Minutes.
Un Smic au montant différent selon les régions, cela a déjà existé. En 1950, à la création du salaire minimum national interprofessionnel garanti (SMIG), ce dernier était plus élevé en Ile-de-France qu'ailleurs (78 francs de l'heure à Paris contre 64 francs ailleurs). "Son niveau est modulé selon les zones géographiques avec un écart d’un peu plus de 20% entre la région parisienne et la zone la plus basse", lit-on dans un document de l’institut de recherches économiques et sociales (IRES) retraçant son histoire. Ces différences avaient disparu en 1968, deux ans avant l'instauration du Salaire minimum de croissance (Smic).
Le ministre du Travail est contre
Aujourd'hui, revenir à une régionalisation du Smic ne fait pas l'unanimité. Ce jeudi, le ministre du Travail Olivier Dussopt a jugé sur Sud Radio qu'il s'agissait d'une "mauvaise idée". "Dans Le Parisien ce matin, l'économiste Gilbert Cette, président du groupe d'experts sur le Smic, explique qu'en 2017 ce groupe d'experts a travaillé avec un œil plutôt positif sur l'idée et qu'à la fin ils étaient tous contre", a-t-il argumenté.
"Alors que nous avions étudié l'hypothèse de la régionalisation avec bienveillance au départ, nos travaux nous ont conduits à la rejeter complètement", explique l'économiste dans les colonnes du journal. "D'abord parce que la comparaison entre régions du coût de la vie est moins facile qu'il n'y paraît. Des prix plus bas peuvent être liés à une qualité des services plus basse, ce qui incite à chercher ces services ailleurs, même s'ils sont plus coûteux, par exemple dans le cas de la santé." Il constate également que les écarts de loyer ne doivent pas être regardés à l'échelle d'un département ou d'une région, mais d'une commune voire d'un quartier.
Les partisans d'une telle mesure avancent les mêmes arguments que l'ancienne candidate LR à l'élection présidentielle sur le prix des loyers, et rappellent que plusieurs pays proposent des salaires différents selon les régions ou les métiers (Portugal, Mexique, Etats-Unis).