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"40 millions de migrants" chaque année en Europe ? La grosse erreur de Valérie Pécresse

Publié le 7 février 2022 à 12h28, mis à jour le 7 février 2022 à 17h02
Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France et candidate LR en 2022
Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France et candidate LR en 2022 - Source : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Valérie Pécresse a appelé à "protéger" les frontières extérieures de l'Europe ce dimanche
Selon la candidate LR à l'élection présidentielle, il y aurait environ "40 millions de migrants" qui entrent chaque année.
La candidate s'est largement trompée, c'est au moins quinze fois moins.

Mise à jour :

Après la publication de cet article, TF1 info a été contacté par l'équipe de campagne de Valérie Pécresse. Nous avons ajouté leurs explications.

L'idée d'un mur à l'échelle continentale n'est pas pour lui déplaire. En réponse à une question d'un téléspectateur de "C dans l'air", Valérie Pécresse a répondu ce dimanche 6 février qu'il ne fallait pas "exclure" l'idée d'un mur érigé au niveau européen. Aux yeux de la candidate du parti Les Républicains, la priorité est de "protéger les frontières extérieures de l'Europe" afin de permettre la "libre circulation au sein de l'Union européenne". Car selon celle qui fait de l'immigration l'un de ses sujets de campagne, "chaque année (...) c'est de l'ordre de 40 millions de migrants" qui entrent en Europe. Un chiffre largement surestimé.

23 millions de ressortissants étrangers dans l'UE

Les données à ce sujet sont enregistrées et consolidées par Eurostat, l'organe de la Commission européenne chargé de la statistique. Or, les derniers chiffres annuels – qui remontent à 2019 – font état de ... 2,7 millions de migrants entrés dans l'Union européenne ! On est très loin du chiffre avancé par la candidate de la droite.

Dans son rapport sur le sujet, Eurostat précise en plus que ces chiffres sont légèrement surestimés "puisqu'ils incluent également les mouvements entre les différents États membres de l'Union". C'est-à-dire qu'une personne issue d'un pays extra-européen qui entre en Europe par la France, avant d'aller en Allemagne et s'installer au Royaume-Uni, comptera pour trois entrées aux yeux d'Eurostat. Par ailleurs, il est important de noter que 1,2 million de personnes ont émigré du continent vers un pays hors de l'Union européenne

Un chiffre ahurissant qui a fait bondir le gouvernement. Sur les réseaux sociaux, Clément Beaune, secrétaire d'État aux Affaires européennes, a décrit une erreur "grave". De fait, l'argument de Valérie Pécresse est d'autant plus étonnant quand on sait qu'il est supérieur au nombre total de migrants présents sur le territoire européen. Ainsi, au 1er janvier 2020, 23 millions de ressortissants de pays hors de la communauté vivaient sur son territoire. C'est deux fois moins que les prétendues "entrées" annuelles. 

Une "imprécision de langage"

Alors de quoi parlait Valérie Pécresse ? Auprès de TF1 info, son équipe de campagne reconnaît une "imprécision de langage". La candidate désignée par la droite faisait en réalité référence à l'ensemble des personnes arrivées sur le continent, et non aux seuls migrants. De fait, dans une interview accordée au Figaro le 2 février, Ylva Johansson, la Commissaire européenne aux Affaires intérieures, confiait que "39 millions de personnes sont arrivées dans l'espace Schengen sans avoir été contrôlées dans la base de données SIS", le système d'information de l'espace Schengen, qui recense notamment les personnes recherchées. Un chiffre stupéfiant pour l'entourage de Valérie Pécresse, qui demande au gouvernement de préciser, parmi ces 39 millions de personnes non contrôlées, "combien étaient concernées aux frontières de la France".

Ceci dit, la Commissaire européenne n'estime pas qu'il s'agit d'un problème aux frontières extérieures. Elle relève plutôt que chaque État membre "ne respecte pas" les engagements de l'espace de libre circulation en matière de contrôles. C'est par ailleurs dans ce même entretien que celle qui est membre de l'aile gauche des sociaux-démocrates en Suède estimait que les "murs et barbelés ne sont pas une solution" pour répondre au défi migratoire.

REPORTAGE - Migrants : des réseaux de passeurs très organisésSource : JT 20h WE

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Felicia SIDERIS

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