MISE AU POINT - Un an après l'élection d'Emmanuel Macron, LCI a diffusé jeudi soir "Macron le Dynamiteur", enquête du journaliste David Doukhan. L'occasion de faire témoigner des acteurs du grand chambardement qui a fait exploser la droite à la présidentielle.
Un an après l'élection d'Emmanuel Macron, la droite n'a pas fini de régler ses comptes avec ses "traîtres". C'est ce qui ressort de "Macron le dynamiteur", l'enquête de David Doukhan diffusée jeudi soir sur LCI.
Plus témoins interrogés sur l'ascension, puis la victoire d'Emmanuel Macron à la présidentielle de 2017, ne manquent l'occasion d'adresser quelques piques à ceux qui ont osé rejoindre le jeune chef de l'Etat après la chute de François Fillon et la crise interne chez Les Républicains. "J'ai été très surpris de la liberté de ton des interviews", nous confie David Doukhan. "Ils se sont servis de la caméras pour solder les comptes de l'année 2017."
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"Il faut supporter l'impôt Bayrou"
A ce petit jeu du règlement de compte à retardement, le plus caustique est sans aucun doute Jean-François Copé. Ce dernier, resté plutôt en retrait de la campagne de François Fillon après son désastreux échec à la primaire de la droite, évoque le cas de François Bayrou, rallié à Emmanuel Macron après de longues tractations orchestrées par Gérard Collomb dès septembre 2016.
Le fondateur du Modem a-t-il décidé de soutenir Emmanuel Macron sans rien demander en échange, comme il le laisse penser dans l'enquête diffusée sur LCI ? "Vous parlez de Bayrou ?" fait mine de s'étonner Jean-François Copé. "Ah non, il n'y a jamais rien de désintéressé... Evidemment, puisqu'il s'est retrouvé ministre de la Justice ! Il pensait d'ailleurs profiter de ce moment pour régler ses comptes avec trente ans de rancœur à l'égard de ses anciens amis", grince Copé. Qui en rajoute une couche : "On sait tous quand on est responsables de forces politiques importantes qu'il faut, à un moment ou à un autre, supporter l'impôt Bayrou. C'est ce qui vous permet de prendre des circonscriptions en plus ou en moins. Il faut supporter le truc, quoi... C'est pas très 'nouveau monde', c'est carrément 'ringard monde'. M'enfin, il faut faire avec."
Copé, qui compare l'ascension de Macron à l'ouverture miraculeuse de la Mer Rouge qui a permis à Moïse de passer, félicite d'ailleurs le chef de l'Etat qui a fait "un calcul très juste" durant sa campagne : "La France a besoin pour se réformer d'une politique de droite".
"Une addition de trahisons et de recyclage"
"Macron le Dynamiteur" fait également témoigner le très sarkozyste Brice Hortefeux, au sujet des personnalités de droite qui ont rejoint le gouvernement en mai 2017, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire et bien sûr le Premier ministre Edouard Philippe. Un an après, le lieutenant de Nicolas Sarkozy n'y voit qu'une "addition de trahisons, de recyclage". "Qu'ont-ils négocié ?" en échange de leur ralliement, questionne-t-il. "Je pense qu'en réalité ils n'ont rien obtenu sauf des fonctions ministérielles", tance l'ancien ministre de l'Intérieur.
"Ça m'en touche une sans faire bouger l'autre", rétorque, en référence à la formule de Jacques Chirac, Gérald Darmanin, l'actuel ministre de Comptes publics. Ce dernier assure qu'après la proposition d'Emmanuel Macron d'entrer dans son gouvernement, son premier coup de fil a été pour Edouard Philippe. Puis il a appelé son ancien mentor, Nicolas Sarkozy. "Je n'ai pas trouvé d'argument qui m'encourageait à ne pas y aller", assure le jeune ministre.
"Un choix génial : faire exploser la droite"
Attaqué par la droite, François Bayrou, éphémère garde des Sceaux d'Emmanuel Macron, n'est pas en reste. Interrogé dans l'enquête diffusée sur LCI, il se plaît à rappeler l'effet qu'a eu la nomination de personnalités de droite au gouvernement. "Un choix génial sur le plan politique car cela faisait exploser la droite", s'enthousiasme le maire de Pau, persuadé que son alliance avec Macron "a fait sauter la banque".
Faire "exploser la droite" ? Christophe Castaner, le patron de La République en marche, résume ainsi : "Quelquefois, il faut mettre un petit coup de piolet", théorise le secrétaire d'Etat. "Moi, j'appelle ça la fracturation". Une formule moins brutale mais probablement plus vache.