Interdiction de la manifestation pro-palestinienne à Paris : la classe politique divisée

C.A. avec AFP
Publié le 14 mai 2021 à 19h11, mis à jour le 17 mai 2021 à 10h47
En 2018, des manifestations de soutien à la Palestine avaient déjà eu lieu à Paris suite à des violences entre Israéliens et Palestiniens.
En 2018, des manifestations de soutien à la Palestine avaient déjà eu lieu à Paris suite à des violences entre Israéliens et Palestiniens. - Source : Thomas SAMSON / AFP

DISCORDE - La décision de Gérald Darmanin d'interdire la manifestation pro-palestinienne prévue samedi à Paris divise la classe politique. Quand certains y voient une "sage" résolution, d'autres dénoncent une "atteinte à la démocratie".

"Le conflit israélo-palestinien est extrêmement touchant. Nous avons tous des opinions face aux images. Mais ce conflit ne doit pas s'exporter sur le territoire national", a insisté ce vendredi Gérald Darmanin lors d'un déplacement à Lille. Depuis l'interdiction, à sa demande, de la manifestation pro-palestinienne prévue samedi à Paris, la classe politique se déchire au sujet de cette décision, confirmée vendredi soir par le tribunal administratif après un référé des organisateurs. 

Quand le ministre de l'Intérieur avance des "risques de troubles à l'ordre public", certains dénoncent une décision injustifiée, voire une "provocation" et une "atteinte à la démocratie".

Divergences au PS

Pour la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, il s'agit d'une "décision sage". "Je crains des violences puisqu'en 2014, nous avons tous gardé le souvenir d'une manifestation extrêmement difficile où des propos terribles comme 'mort aux Juifs' ont été proférés", a-t-elle déclaré à l'AFP en marge de la commémoration à Paris de la "rafle du billet vert", première arrestation massive de Juifs en mai 1941. 

"Paris et la France ne peuvent pas être le terrain d'affrontements qui importeraient ce conflit sur notre territoire", a encore déclaré Anne Hidalgo, qui a "toujours défendu, à l'instar de la classe politique française, la solution à deux États".

Le point de vue de la maire de la capitale n'est en revanche pas partagé par le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, pour qui "un précédent vieux de sept ans ne peut justifier de contrevenir à la liberté de manifester". Dans un tweet, il dit estimer qu'il "appartient au gouvernement de veiller avec les organisateurs au bon déroulement".

Les Insoumis vent debout

"La France, seul pays au monde où sont interdites toutes les manifestations de soutien aux Palestiniens et de protestation contre le gouvernement d'extrême droite israélien ! C'est évidemment dans le seul but de provoquer des incidents et pouvoir stigmatiser cette cause", s'agace de son côté le président de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon.

"Tout ça sent la provoc de Darmanin", renchérit le député LFI de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel. "Pourquoi des troubles en 2014 ? Car justement la manif était interdite. Depuis il y en a eu d’autres en solidarité avec la Palestine sans heurts", fait-il remarquer. 

Invité ce vendredi sur France 2, il a estimé que "monsieur Darmanin suscite des risques de violences". "C'est un conflit géopolitique, le problème, c'est un peuple colonisé qui a sa capitale occupée contre toutes les résolutions de l'ONU".

"Samedi nous ne tomberons pas dans le piège que nous tend l’interdiction de manifester par Darmanin. Nous ne serons donc pas à la manifestation prévue à Barbes suivant en cela, au nom des mêmes raisons, la décision du collectif pour une paix juste et durable et l’AFPS (l'Association France Palestine Solidarité)", indique dans un communiqué publié ce vendredi le parti de Jean-Luc Mélenchon.

La droite et l'extrême-droite en accord

L'ancien Premier ministre Manuel Valls, qui a apporté cette semaine son soutien à Israël, a, lui, approuvé sur LCI une "décision grave, mais justifiée". Le député LaREM de Paris Sylvain Maillard, l'a jugée "dure", "mais nécessaire pour préserver l'ordre public"

L'interview politique du vendredi 14 mai 2021 : Manuel VallsSource : TF1 Info

"Il est hors de question d'importer sur notre sol" le conflit israélo-palestinien, a abondé vendredi sur BFMTV le numéro deux de LR, Guillaume Peltier. "Il vaut mieux qu'il n'y ait pas de manifestations", notamment pour éviter des "provocations antisémites", a abondé sur CNews le porte-parole du RN, Sébastien Chenu.

L'interdiction de la manifestation parisienne a également reçu le soutien à droite du député LR des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, et du maire de Nice, Christian Estrosi, qui a demandé au préfet des Alpes-Maritimes de faire de même dans son département.

Un recours déposé par les organisateurs de la manifestation

De leur côté, les organisateurs de la manifestation avaient espéré obtenir l'annulation de son interdiction, mais le tribunal administratif a rejeté le référé-liberté des avocats de l'Association des Palestiniens en Île-de-France. 

"La France est la seule démocratie à interdire une telle manifestation !", avait souligné auparavant l'un des avocats, Me Sefen  Guez Guez, en dénonçant une atteinte à la liberté d'expression "totalement disproportionnée". Il déplorait également le caractère "politique" de cette décision.

Pour motiver son arrêté d'interdiction, le préfet Lallement a pointé "un risque sérieux" de "troubles graves à l'ordre public", ainsi que d'"exactions contre des synagogues et intérêts israéliens", et mis en avant, comme Gérald Darmanin, le précédent du 19 juillet 2014, lorsqu'une manifestation pro palestinienne à Paris avait dégénéré en violences urbaines. Des milliers de manifestants avaient bravé l'interdiction de manifester à Barbès. 

Le rassemblement avait dégénéré rapidement, laissant place à des heures d'émeutes urbaines. "Depuis 2014, il y a eu plein de manifestations de défense de la cause palestinienne qui se sont déroulées sans aucun problème", a fait valoir Me Guez Guez.

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