Selon le candidat écologiste à la présidentielle, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon a fait preuve de "complaisance vis-à-vis de Vladimir Poutine" et de son intervention en Syrie.Ce dernier a entretenu par le passé une ambiguïté concernant les bombardements russes perpétrés avec l’armée syrienne.
Depuis un mois, les condamnations de l’invasion russe sont quasi unanimes, mais Jean-Luc Mélenchon est rattrapé par son passé : après Anne Hidalgo, Yannick Jadot reproche régulièrement au candidat La France Insoumise (LFI) à la présidentielle sa position jugée trop floue et ses accointances avec le régime russe : "Je demande aux Français de s’interroger sur ce qu’est un vote utile. Est-ce que c’est un vote qui, on le sait, pendant longtemps a été une complaisance vis-à-vis de Vladimir Poutine ? Jean-Luc Mélenchon a validé les bombardements de Vladimir Poutine sur les populations civiles en Syrie".
Si aujourd’hui, le candidat Insoumis appelle à "un cessez-le-feu immédiat" et au "retrait de toutes les troupes étrangères d’Ukraine", nos recherches montrent qu'il a pu, par le passé, entretenir le doute sur ce qu'il pensait de l’intervention russe en Syrie. En février 2016, cinq mois après l’arrivée des forces russes en appui de l’armée de Bachar al-Assad, Jean-Luc Mélenchon est invité à se prononcer sur cette intervention sur le plateau de France 2. "Est-ce que vous êtes pour ce que Poutine est en train de faire en Syrie ? Il fait quoi en Syrie ?", lui demande Léa Salamé, chroniqueuse de l’émission "On n’est pas couché". Réponse limpide du chef de files des Insoumis :"Oui. Je pense qu’il va régler le problème. (…) Je suis pour que Daesh soit vaincu, écrabouillé et pour que les Kurdes gagnent."
Une "propagande nord-américaine"
Aux côtés de l’armée syrienne dans le pays, officiellement pour venir à bout de l’État islamique, Moscou s’est targué d’avoir réalisé, de 2015 à 2017, "19.160 missions et 71.000 frappes contre les ‘infrastructures des terroristes’". Mais les ONG ont rapidement alerté sur les pertes civiles causées par les bombardements russes, commis depuis les airs. Comme Amnesty International, qui dénonce le 23 décembre 2015 des "centaines de civils" tués par des frappes aériennes russes, ainsi que "des destructions massives dans des zones d’habitation".
Lors de son intervention sur France 2 deux mois plus tard, Jean-Luc Mélenchon dit ne pas y croire. Quand Yann Moix et Léa Salamé lui opposent que la grande majorité des frappes aériennes russes (80% selon l’écrivain chroniqueur) touchent des rebelles et des civils syriens, et non pas les combattants terroristes de Daesh, le candidat répond que "ce n’est pas vrai". Puis est relancé par Yann Moix : "Poutine est bien en train d’éliminer la rébellion en ce moment et d’écraser des populations civiles, vous êtes d’accord avec ça ?" "Non. Ce que vous dites ne correspond pas aux faits", répond le candidat, renvoyant à une "propagande nord-américaine".
Ce dernier apporte cependant une précision sur les frappes commises : "Tout est de la propagande et tous les bombardements massacrent tout le monde. Je ne suis pas pour les bombardements. Cette pauvre population est prise dans une guerre qui ne la concerne même pas. Mais je viens à ce que vous dites : quand vous me parlez de rebelles en Syrie, figurez-vous que les rebelles civilisés sont une ultra minorité. (…) Il faut rétablir l’ordre et l’ordre passe par le fait que l’on élimine Daesh de là". Cet extrait suivra d’ailleurs le candidat LFI pendant de longs mois, le conflit s’intensifiant en Syrie, et les victimes civiles étant de plus en plus nombreuses.
Il sera amené à expliciter sa pensée des mois plus tard, sur Public Sénat. Jean-Luc Mélenchon continue alors de nier la réalité dénoncée par les associations et certains États, comme la France. D’après lui, les Russes ne visaient pas, en février 2016, des populations civiles. "Il y avait des bombardements. Que bombardaient les Russes à ce moment-là ? (…) On bombardait à l’époque les convois de pétrole clandestin qui allaient de Syrie en Turquie et les Russes bombardaient ça. Et c’est dans ce cadre que j’ai dit : 'Je pense qu’ils vont faire le travail'". Sollicitée sur ces déclarations, l’équipe de campagne du candidat n’était pas revenue vers nous dans l’immédiat.
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