L'ancien député n'a plus aucun mandat et ne dirige pas le mouvement La France insoumise, son aura médiatique n'en demeure pas moins intacte.Pourquoi sa voix est-elle toujours si forte ?
Ce jeudi soir, Jean-Luc Mélenchon sera la tête d'affiche de "L'événement", l'émission politique de France 2. Il est le deuxième invité de Caroline Roux après Emmanuel Macron il y a quelques mois, et s'exprime depuis la Guyane où il est en visite depuis le 5 janvier. En quelle qualité, puisqu'il n'a plus aucun mandat ? Quelles sont aujourd'hui les fonctions de Jean-Luc Mélenchon et son poids dans la vie politique française ?
Co-président d'un think-tank
La biographie de son compte Twitter n'indique plus aucun mandat électif, il a en effet laissé sa circonscription des Bouches-du-Rhône en juin dernier. Elle mentionne que l'ancien candidat à l'élection présidentielle est co-président de l'Institut La Boétie, "fondation insoumise", "espace de lien entre combats politiques, production intellectuelle et artistique". Il partage ce poste avec la députée insoumise Clémence Guetté et Bernard Pignerol. À première vue, ce "travail intellectuel" qui l'a poussé à formuler une "théorie de l'ère du peuple et de la révolution citoyenne" est sa seule fonction.
Est-ce dans ce cadre qu'il est en Guyane ? Non. Jean-Luc Mélenchon explique qu'il honore des engagements pris pendant la campagne présidentielle : retourner sur les terres ultra-marines qui l'ont plébiscité. "J'avais promis un retour politique partout où je suis passé en Outre-mer pendant ces mois de campagne. Me voici, quand bien même le calendrier de la réforme des retraites a basculé en janvier", explique-t-il au Parisien. "Je serai de retour avant la marche du 21 janvier à Paris pour aider à la mobilisation des jeunes puis à celle de syndicats unis contre la réforme Macron", ajoute-t-il, confirmant que même sans mandat, il compte peser dans le débat politique et mener la fronde contre l'exécutif.
Un avis qui compte
Pour cela, il continue d'écrire des billets toujours scrutés et commentés sur son blog personnel. Les derniers parlent de la réforme des retraites, bien sûr, du soutien à la communauté kurde lourdement attaquée et endeuillée le 24 décembre dernier à Paris, ou encore dénoncent la violence des groupuscules d'extrême droite. Chacun de ses silences est questionné, par exemple concernant le retour d'Adrien Quatennens à l'Assemblée nationale alors qu'il avait soutenu son poulain lorsque sa compagne l'avait accusé de violences conjugales. Et chacune de ses sorties médiatiques est reprise. Justement parce que son avis importe, et que même sans être élu ni occuper un poste à responsabilité au sein de La France insoumise, son influence est réelle.
La preuve : la nomination il y a quelques jours de Manuel Bompard, son fidèle lieutenant, à la tête de la coordination du mouvement en remplacement d'Adrien Quatennens. Il a été désginé à l'unanimité des 21 membres de la "coordination des espaces", tous des proches du député et de Jean-Luc Mélenchon. Ce que n'ont pas manqué de souligner et reprocher des poids lourds de LFI comme Alexis Corbière, Clémentine Autain, François Ruffin ou Raquel Garrido, appelant à plus de démocratie interne.
Ces critiques de plus en plus récurrentes et frontales à un système mis en place par Jean-Luc Mélenchon lui-même, et à des prises de position jugées archaïques sur certains sujets comme les violences faites aux femmes, signent-elles le début de la fin de l'influence de l'ancien socialiste ? Les quatre prochaines années donneront toutes les réponses, alors que l'ancien député n'est pas sûr de vouloir repartir au combat pour la présidentielle. D'ici là, arrivera-t-il à conserver son influence pour lancer l'un des siens ?
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