Un responsable RN quitte le parti, symbole des désaccords autour de la stratégie de Marine Le Pen

Publié le 4 novembre 2020 à 16h01
Un responsable RN quitte le parti, symbole des désaccords autour de la stratégie de Marine Le Pen

Source : PHILIPPE DESMAZES / AFP

FRACTURES - Jean Messiha, délégué national aux Études et aux argumentaires du Rassemblement national a décidé de quitter le parti. Une décision qui intervient alors qu'en interne beaucoup critiquent la stratégie de Marine Le Pen.

Les dissensions au sein du Rassemblement national (RN) sont apparues au grand jour après l'assassinat de Samuel Paty le 16 octobre à Conflans-Sainte-Honorine. Invités à commenter cette attaque, les élus et membres du parti se divisent en deux groupes : ceux qui font la différence entre musulmans et islamistes et les autres. Jean Messiha appartient à cette deuxième catégorie, rappelée à l'ordre par Marine Le Pen, notamment le 25 octobre dernier sur LCI. 

"Elle m'a reproché d'avoir dit que Samuel Paty avait été décapité par un musulman en colère. Apparemment il eut fallu que je disse que c'était un islamiste. De fait, je ne veux plus utiliser ce terme car c'est une façon trop commode de dissocier l'islam de sa frange radicale", a expliqué Jean Messiha à Valeurs actuelles ce mardi 3 octobre, dans une interview expliquant pourquoi il a décidé de quitter le parti. 

"Elle considère que l'islam en tant que religion n'est pas un problème pour la France. A l’inverse, moi je pense que l’islam en tant que religion pose un problème à la France", continue-t-il. En creux, la critique autour des idées apparaît. En interne, ils sont nombreux à critiquer la position trop "soft" de la présidente du RN. 

Après les attaques terroristes qui ont touché la France, Marine Le Pen a donc veillé à ne pas mettre tous les musulmans dans le même sac, et a recyclé des propositions pour lutter contre l'islamisme ou l'immigration, parfois proches de celles formulées par des Républicains. Quand elle propose la "création de centres pénitentiaires adaptés", le député Eric Ciotti plaide pour un "Guantanamo à la française" ; quand elle souhaite la mise en place d'une "législation de guerre" et réformer le code de la nationalité, le maire de Nice Christian Estrosi veut modifier la Constitution pour "mener la guerre"

"Les gens aspirent à une solution d'ordre"

Marine Le Pen a également opté pour la prudence et la retenue en ce qui concerne la crise sanitaire. Elle ne fait pas partie de ceux qui appellent à désobéir et à ne pas respecter les mesures prises par le gouvernement pour essayer d'enrayer l'épidémie. Une stratégie assumée par l'entourage de l'ex-candidate à la présidentielle. "Dans l’incertitude ambiante, les gens aspirent à une solution d’ordre, pas à des solutions imbéciles", estime son conseiller spécial Philippe Olivier auprès du Parisien.

Pourtant, elle ne fait pas l'unanimité. Toujours auprès du quotidien, un responsable du parti glisse : "Marine Le Pen pense que sa présidentialisation passe par l’édulcoration de son discours. Elle reprend à son compte les craintes progressistes. C’était une bonne stratégie il y a quatre ans. Mais le réel dépasse désormais notre discours."

Alors que 2022 approche, nombreux sont également ceux qui commencent à douter que Marine Le Pen soit la meilleure candidate pour faire gagner leur camp, et à pousser pour une candidature transpartisane au-delà du seul RN. Les discussions entre les déçus de Le Pen et Robert Ménard, Eric Zemmour ou encore Marion Maréchal devraient s'intensifier ces prochains mois. Une stratégie à laquelle la députée du Pas-de-Calais n'a jamais souscrit. 


Justine FAURE

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